Un recensement numérique visant à mieux documenter la situation de l’itinérance s’est tenu dans la nuit de mardi à mercredi, un peu partout dans la province. L’exercice est toutefois « un coup d’épée dans l’eau », estime un regroupement communautaire.

Les ressources d’hébergement de la province ont été appelées à répondre à un court sondage mardi soir. L’objectif était de faire la lumière sur l’offre de services d’hébergement qui s’adresse aux personnes en situation d’itinérance.

« Pour nous, c’est un coup d’épée dans l’eau. Peut-être que dans d’autres régions du Québec, ça va permettre d’apprendre des choses, mais pour Montréal, c’est clairement un exercice inutile pour le milieu », dit la directrice du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Annie Savage.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux souhaitait notamment dresser l’inventaire des points de service des ressources d’hébergement, recueillir des données administratives sur les ressources et estimer le nombre de personnes en situation d’itinérance hébergées dans ces ressources.

« On est très déçu du fait que l’exercice se concentre sur la question de l’itinérance hébergée. C’est la forme d’itinérance qui est le mieux documentée, du moins pour Montréal. Nous, on n’apprendra rien de nouveau », dit Mme Savage.

L’exercice ne permettra pas de dénombrer les personnes qui vivent en situation d’itinérance cachée, par exemple les personnes hébergées temporairement chez d’autres sans avoir leur propre domicile ni les personnes qui vivent dans les lieux extérieurs.

« Ce qu’on aurait aimé, c’est mieux documenter l’itinérance non hébergée. Toutes ces personnes que l’on refuse soir après soir par manque de places. Ces jeunes qui ne vont pas dans les ressources traditionnelles », détaille Mme Savage. Elle se désole qu’il n’y ait pas de questions dans le sondage sur le nombre de refus dans les hébergements qui affichent complet.

La Presse rapportait la semaine dernière que l’été s’annonce de nouveau difficile en matière d’itinérance à Montréal. Les ressources d’hébergement sont déjà pleines à craquer, et la détresse des usagers vulnérables est plus que jamais perceptible dans la rue et dans le métro.

« Le gros problème, c’est le manque de place pour ouvrir des ressources. Ça nous empêche de déployer des projets qui viendraient répondre à des besoins », avait alors déclaré Mme Savage.

Avec Henri Ouellette-Vézina, La Presse