(Québec) Le concept de « corridor scolaire » sera inscrit pour la première fois dans le Code de la sécurité routière, une « avancée majeure » selon le gouvernement québécois, qui est toutefois loin de satisfaire les groupes de parents.

La ministre des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) a elle-même présenté mardi en commission parlementaire un amendement à sa refonte du Code de la sécurité routière, le projet de loi 48. L’article ajouté indique que les corridors scolaires – soit le chemin que les enfants empruntent à pied ou à vélo pour se rendre à l’école – feront leur entrée dans le Code de la sécurité routière.

« C’est une avancée plus que majeure, a indiqué Geneviève Guilbault. On inscrit dans le Code de la sécurité routière la notion de corridor scolaire, elle va devenir incontournable. »

Mais tant les oppositions que les groupes de parents ont souligné les limites de l’amendement. Les corridors scolaires ne seront pas mis en place de facto autour des écoles. Les municipalités auront elles-mêmes le loisir de les créer, mais n’auront aucune obligation de le faire.

Au départ, le projet de loi se concentrait uniquement sur les « zones scolaires », beaucoup plus restreintes en superficie que les corridors.

« Pour nous, c’est complètement insuffisant », a réagi Virginia Roberge-Dion, membre du collectif Pas une mort de plus, formé dans la foulée de la mort de la petite Mariia.

Celle-ci avait été tuée en décembre 2022 par un automobiliste alors qu’elle se rendait à l’école à Montréal. Mais l’intersection où elle a été happée, dans le « corridor scolaire », n’était pas assez proche de l’école pour entrer dans la « zone scolaire ».

Les parents qui demandaient d’inclure le concept de corridor dans le projet de loi ont souvent soulevé cet exemple pour témoigner du manque de dents de la pièce législative.

Mme Roberge-Dion concède qu’il s’agit d’un pas dans la bonne direction. « Mais pour nous, c’est insuffisant de ne pas obliger les municipalités. On le sait, certaines municipalités refusent d’appliquer les recommandations du coroner, comme c’est arrivé à Saint-Flavien », dit-elle. Elle fait référence à cette recommandation du coroner d’installer un trottoir devant l’école à la suite de la mort d’Anaïs Renaud, 11 ans, happée dans un accotement sur son chemin vers l’école. Saint-Flavien n’a jamais appliqué la recommandation.

Quelle limite de vitesse dans un corridor ?

Rappelons que le projet de loi 48, qui doit maintenant être adopté au Parlement, limite la vitesse des voitures à 30 km/h dans les zones scolaires, entre autres changements. Les zones scolaires sont définies comme les secteurs à 50 mètres d’une école en milieu urbain et à 100 mètres en milieu rural. Or, le corridor scolaire est une notion beaucoup plus vaste : elle inclut tout le chemin que peut parcourir à pied un enfant.

« C’est dans les corridors scolaires qu’on compte le plus d’accidents mortels et d’accidents graves. Le caractère non obligatoire d’aménager les corridors nous empêche d’agir partout au Québec », a déclaré en commission parlementaire le député solidaire de Taschereau, Étienne Grandmont.

La ministre a indiqué qu’elle devait jongler avec les intérêts de plusieurs acteurs de la société civile. « Le temps va faire son œuvre, les municipalités vont embarquer dans l’élan et on va définir les corridors ensemble d’une manière qui pour elles est applicable. »

L’amendement prévoit que les municipalités qui choisiront de mettre en place des corridors scolaires devront les aménager selon un guide du Ministère. Ce guide doit être modifié à l’issue de travaux qui s’amorcent mercredi. On ne sait donc pas encore si la limite de vitesse sera aussi de 30 km/h dans les futurs corridors.

Piétons Québec souligne un pas dans la bonne direction, même si l’organisme est déçu qu’on laisse aux municipalités le soin de désigner ou non des corridors. « On voyait que la ministre tentait de trouver une voie de passage », note la directrice, Sandrine Cabana-Degani.

Celle-ci souligne toutefois quelques bons coups de la ministre dans ce projet de loi. Elle cite par exemple cet article du Code de la sécurité routière à propos des passages pour piétons. Celui-ci précisait que l’automobiliste devait céder le passage au piéton qui « manifeste clairement son intention de s’engager dans un passage ». Le projet de loi retire le mot « clairement », qui « n’était pas clair », selon la directrice de Piétons Québec.