Plusieurs dizaines de manifestants en soutien à la cause palestinienne se sont rassemblés lundi soir devant le musée de l’Holocauste à Montréal pour s’opposer à la tenue d’une conférence par des soldats israéliens. Le rassemblement a indigné le Centre consultatif des relations juives et israéliennes et la Fédération CJA qui représente les juifs de la région de Montréal.

Au passage de La Presse en fin de soirée, les manifestants propalestiniens constituaient une foule d’environ 200 personnes devant le bâtiment emblématique du chemin de la Côte-Sainte-Catherine. Ils scandaient des slogans et criaient à la suite de meneurs munis de mégaphones.

Une plus petite foule de contre-manifestants pro-israéliens, estimée à une centaine de personnes, était gardée à distance par un cordon policier.

Selon une publication sur le réseau X par Voix juives indépendantes Canada, la manifestation était organisée pour s’opposer à une conférence tenue par des soldats de l’armée israélienne.

« En ce moment, des soldats des Forces de la défense israélienne prennent la parole au Musée de l’Holocauste de Montréal », a écrit sur X Voix juives indépendantes. « Ça promeut l’agenda d’Israël pendant qu’il continue de commettre un génocide contre les Palestiniens. C’est honteux d’accueillir des auteurs d’un nettoyage ethnique dans un lieu destiné à honorer les victimes d’un génocide. »

Cette sortie publique suivait la dénonciation sur le même réseau social de la manifestation par le centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA). « Une foule agressive et physiquement intimidante entoure l’un des bâtiments centraux de la communauté juive à Côte-des-Neiges », a indiqué sur X le CIJA peu avant 20 h lundi.

« Les démonstrateurs bloquent l’accès au bâtiment et harcèlent ceux qui tentent d’y entrer. Ceci n’est pas une question de vue politique ou de conflit étranger, c’est de l’intimidation intentionnelle des juifs montréalais », a dénoncé l’organisation. La publication a été relayée par la Fédération CJA.

Un groupe d’étudiants israéliens de l’Université Concordia, Startup Nation, a confirmé sur Instagram la tenue de l’évènement et a publié des vidéos des soldats conférenciers. Et ils disent ne pas avoir été capables de sortir de l’immeuble pendant des heures en raison de la manifestation.

La conférence annulée à Concordia

En fin de soirée, l’évènement était toujours en cours et aucun bilan des autorités n’avait été fait, a indiqué Caroline Chèvrefils, relationniste média pour le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Un large périmètre de sécurité a été établi par le SPVM, qui a maintenu la circulation à l’écart du secteur délimité par les avenues de Westbury et Mountain Sights, à l’est et à l’ouest du musée. Ce dernier se trouve aussi à côté du Centre Cummings, un important centre culturel et sportif de la communauté juive de Montréal.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Une plus petite foule de contre-manifestants pro-israéliens, estimée à une centaine de personnes, était gardée à distance par un cordon policier.

Des manifestants avec des drapeaux palestiniens ont été aperçus dès 18 h dans le secteur du métro Villa-Maria, non loin du périmètre de la manifestation.

La conférence devait d’abord avoir lieu sur le campus de l’Université Concordia. Trois soldats de la défense israélienne étaient attendus pour parler de la « lutte contre la délégitimation d’Israël », selon le journal étudiant The Link.

L’un des soldats invités, Aby Volcovich, avait déjà affirmé dans une vidéo publiée sur Instagram que les enfants palestiniens visés par l’armée israélienne étaient des « terroristes ».

La rencontre a finalement été annulée en raison de pressions au sein de l’université.

Avec la collaboration de Yann Pineau, La Presse

Précision : Dans les jours qui ont suivi la manifestation, la direction du Musée de l’Holocauste a tenu à préciser qu’elle n’a ni organisé ni promu la conférence dénoncée par les manifestants, et déploré avoir été nommément visée par ceux-ci. La conférence a bien eu lieu dans l’immeuble dont le musée est un des locataires, mais dans les locaux d’un autre organisme qui y loge. Un des groupes de manifestants contre l’évènement, Voix juives indépendantes, a d’ailleurs reconnu que le musée n’était pas lié à la conférence au surlendemain de la manifestation.