L’adaptation des villes aux changements climatiques devra être « constante » dans les prochaines années, a prévenu mercredi la mairesse de Montréal, lors d’un échange avec sa consœur de La Nouvelle-Orléans au Sommet Climat Montréal. La métropole a d’ailleurs profité de l’occasion pour dévoiler son plan de résilience aux inondations.

(Montréal) « Malheureusement ce n’est que le début, il va falloir qu’on soit en adaptation constante dans les prochaines années », a déclaré mercredi la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

« Les tempêtes arrivent plus vite, la pluie arrive plus fort », a renchéri celle de La Nouvelle-Orléans, LaToya Cantrell.

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La mairesse de la Nouvelle-Orléans LaToya Cantrell

Mais l’adaptation fonctionne, a-t-elle ajouté, soulignant que les mesures mises en place après le passage de l’ouragan Katrina, qui avait laissé 80 % de La Nouvelle-Orléans sous l’eau après son passage, il y a près de 20  ans, ont « gardé la ville en sécurité » lors du passage d’Ida, 16 ans plus tard.

Implanter ces mesures n’est toutefois pas facile, parce qu’elles bouleversent le quotidien de la population, ont souligné les mairesses, toutes deux première femme à diriger leur ville.

LaToya Cantrell a dû affronter « vents et marées, c’est le cas de le dire », dans son travail pour rendre La Nouvelle-Orléans plus résiliente, a lancé Valérie Plante.

Renvoyant les fleurs à sa « sœur mairesse », LaToya Cantrell a loué le leadership de l’administration Plante dans la mise en place du Réseau express vélo sur la rue Saint-Denis.

Ce n’est pas un travail sexy, ça énerve les gens, [mais il faut persévérer] sachant que ça rendra notre communauté meilleure. Je dis bravo à Montréal pour faire la bonne chose.

LaToya Cantrell, mairesse de la Nouvelle-Orléans

Résister aux inondations

Montréal veut se protéger et aider ses citoyens à protéger leurs résidences contre les épisodes de pluies intenses qui se multiplient avec les changements climatiques, avec un plan d’action sur la résilience face aux inondations dont les grandes lignes ont été présentées mercredi.

La Ville entend ainsi offrir de l’aide financière aux propriétaires résidentiels pour adapter leurs immeubles afin de mieux résister aux inondations, en remodelant le programme de subvention RénoPlex.

Les montants offerts seront majorés et les critères d’admissibilité seront élargis, a expliqué la responsable de l’eau et de la concertation avec les arrondissements au comité exécutif de la Ville, Maja Vodanović.

« Il y a plusieurs solutions qui existent », a-t-elle dit, citant par exemple le retrait des entrées de garage en contre-pente ou l’installation de portes de garage étanches, ainsi que la déconnexion des drains de toit rejoignant l’égout municipal à travers une résidence au profit d’installations éponges comme des jardins de pluie.

Le plan prévoit aussi de modifier la réglementation municipale pour que les nouvelles constructions soient résilientes aux inondations et ainsi éviter de générer de « nouvelles fragilités ».

L’aménagement d’appartements au sous-sol ou d’entrées de garage en contre-pente pourrait par exemple être interdit dans les « zones cuvettes », où l’eau s’accumule, a illustré Mme Vodanović.

Finalement, la Ville intégra systématiquement des infrastructures vertes dans ses travaux de réfection de rues, trottoirs et parcs, qu’elle s’engage à ne plus reconstruire à l’identique.

La construction annoncée en octobre de 30 parcs et 400 trottoirs « éponges » au cours des deux prochaines années, à l’image de ce qui sera fait à Verdun, s’inscrit dans cette volonté.

« Chaque fois qu’on va refaire une rue, on va changer la géométrie pour envoyer toute l’eau de surface dans des trottoirs éponges, des parcs éponges, a déclaré Mme Vodanović. Pas dans les égouts. »

La Banque de Montréal ciblée par Greenpeace

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Le responsable de la campagne climat-énergie de l’organisation, Patrick Bonin, a circulé dans la salle avec un chandail dénonçant les investissements dans les énergies fossiles de la Banque de Montréal.

Greenpeace a joué les trouble-fêtes lors de l’annonce de clôture du Sommet Climat Montréal, quand de grands employeurs ont annoncé la signature d’un pacte pour la mobilité durable. Le responsable de la campagne climat-énergie de l’organisation, Patrick Bonin, a circulé dans la salle avec un chandail dénonçant les investissements dans les énergies fossiles de la Banque de Montréal (BMO), dont un représentant avait été annoncé, mais qui était finalement absent. La démarche a irrité le président-directeur général de Fondation du Grand Montréal Karel Mayrand, parmi les organisateurs du sommet, qui juge que le geste a nui aux « alliés [de Greenpeace] qui essaient de faire bouger les choses à Montréal ». La BMO a sa place dans un tel évènement, juge M. Mayrand, car ce sont les grands acteurs économiques comme elle qui ont le pouvoir de « faire bouger l’aiguille ».