Une portion de la résidence Le Tournesol à Montréal, qui peut accueillir jusqu’à 209 résidants, fermera ses portes en septembre prochain, a appris La Presse. Les occupants d’une des deux tours de l’établissement ont été informés la semaine dernière qu’une centaine de logements seront convertis en appartements locatifs.

Ce qu’il faut savoir

La résidence Le Tournesol à Montréal fermera la moitié de ses 209 lits en septembre prochain.

Cette fermeture de RPA s’ajoute à 77 autres survenues en 2023 au Québec.

L’entreprise qui possède la résidence Le Tournesol estime que « le modèle [des RPA] est brisé ».

« C’est tout un choc. Je vis ici depuis 16 ans. Ma sœur de 96 ans habite sur le même étage que moi. On ne sait pas encore ce qu’on va faire », affirme Georgette Desjardins, rencontrée par La Presse à la résidence Le Tournesol, jeudi.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

La dame de 88 ans a commencé à regarder dans d’autres résidences pour aînés (RPA) du quartier Ahuntsic, où est située la résidence Le Tournesol, pour se reloger. Mais les coûts sont élevés. « On pourrait rester ici et occuper un simple logement locatif. Mais à nos âges, on peut avoir besoin de services… », dit Mme Desjardins. Malgré ce grand bouleversement, celle-ci n’est pas en colère contre le propriétaire de l’immeuble, l’entreprise Les Immeubles Howard Szalavetz.

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Georgette Desjardins, occupante de la résidence Le Tournesol

On s’est fait dire qu’environ la moitié des logements sont vides ici. On ne peut pas les blâmer de vouloir trouver une solution.

Georgette Desjardins, occupante de la résidence Le Tournesol

Joint par La Presse, l’avocat des Immeubles Howard Szalavetz MJames Miller confirme que plusieurs logements étaient vacants depuis la pandémie à la résidence Le Tournesol. « Et ces derniers temps, les coûts ont beaucoup augmenté, dit-il. Juste pour les préposés, on parle d’une hausse d’environ 33 %. Si on passait toutes les hausses de coûts aux locataires, ils ne seraient pas capables de payer ».

Pour pouvoir « continuer d’offrir des services de résidence pour aînés » à la résidence Le Tournesol, l’établissement regroupera ses activités dans une seule des deux tours de la RPA, explique MMiller. Mais pour lui, il est clair que « le modèle [des RPA] est brisé ».

Épidémie de fermetures

La fermeture de la résidence Le Tournesol s’ajoute à plusieurs autres survenues ces derniers mois aux quatre coins du Québec. Un récent décompte de La Presse montrait que 77 RPA avaient fermé leurs portes en 2023 au Québec, privant les aînés de 2700 places.

Lisez le dossier « Résidences pour aînés : la vague d’évictions se poursuit »

Seulement à Montréal, la RPA du Jardin botanique annonçait le mois dernier sa fermeture et l’obligation pour une centaine de résidants d’être relogés. Le Manoir King-David, une RPA de 100 unités de Côte-Saint-Luc, a aussi annoncé sa fermeture en début d’année, révélait récemment Radio-Canada.

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La RPA Le Tournesol

Fin janvier, la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, annonçait une allocation pour payer les services de santé dans certaines résidences pour aînés.

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Cette aide ne vise dans un premier temps que les petites RPA de 30 unités et moins accueillant une clientèle en lourde perte d’autonomie. « On a choisi le bon modèle. Mais il va falloir l’élargir », plaide le porte-parole du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), Hans Brouillette. Selon lui, cette annonce pour l’instant partielle « n’empêchera pas les fermetures » de toutes les RPA. M. Brouillette affirme qu’avec l’inflation et la pénurie de personnel dans le réseau de la santé, les coûts augmentent considérablement pour les RPA. Le RQRA plaide entre autres pour un « crédit d’impôt sur la masse salariale de soins ».

Suivi étroit

Les Immeubles Howard Szalavetz possède la résidence Le Tournesol depuis 1987, selon le Registre des résidences privées pour aînés du Québec.

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La RPA Le Tournesol est située sur l’avenue Bois-de-Boulogne, à Montréal.

L’établissement situé dans le quartier Ahuntsic compte 169 places de résidence pour aînés et 40 places de ressources intermédiaires. Les services sont répartis dans deux tours. Un seul des deux pavillons fermera ses portes. Les services de ressources intermédiaires seront maintenus.

En plus d’être propriétaire de plusieurs immeubles locatifs, industriels et commerciaux à Montréal, Les Immeubles Howard Szalavetz possède également trois autres RPA dans la métropole qui totalisent environ 800 appartements pour personnes âgées. L’objectif n’est pas de les fermer, assure MMiller.

On veut continuer dans le domaine. Mais ça va prendre de l’aide.

MJames Miller, avocat des Immeubles Howard Szalavetz

Certains résidants du Tournesol ont déjà signifié leur intention de déménager dans l’une des trois autres résidences du groupe.

Au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, on affirme « suivre la situation de près ». « Nous nous assurons que chacun des usagers le souhaitant reçoive de l’aide pour se relocaliser dans le même secteur et dans un milieu répondant à ses besoins », indique le CIUSSS, qui ajoute que « des visites hebdomadaires seront organisées via une équipe dédiée afin de s’assurer du maintien et de la qualité des services offerts par la RPA, et ce, jusqu’à sa fermeture ».

En attendant de trouver une solution pour se loger, Mme Desjardins se questionne : « Les baby-boomers sont rendus vieux. Il n’y a jamais eu autant de personnes âgées au Québec. Mais il y a plein de logements vides ici… Ils sont où, les vieux ? »

En savoir plus
  • 137 000
    Nombre de résidants en RPA au Québec
    Source : Regroupement québécois des résidences pour aînés