Coup de théâtre : après plusieurs journées de négociations intensives, au moment où une entente semblait imminente entre le gouvernement et le Front commun, les parties annoncent finalement qu’ils reprendront les discussions après Noël. L’ajournement vaut également pour les autres syndicats toujours en discussion avec Québec en plein réveillon.

« Les négociations se poursuivront le 26 décembre 2023 », a déclaré la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel. Pour sa part, le Front commun n’a pas souhaité commenter.

Une entente semblait pourtant proche entre les deux parties après un déblocage, ces derniers jours, aux tables dites « sectorielles », où se négociaient les conditions de travail propres à chaque corps de métier.

Le gouvernement et le Front commun avaient tous deux réitéré ces derniers jours leur objectif d’en arriver à une entente pour le 25 décembre. Le Front commun négocie à la table dite « centrale » les questions liées aux salaires pour les quatre centrales syndicales qu’il représente (CSN, CSQ, FTQ et APTS).

Les avancées depuis samedi matin étaient telles que plus de 90 % des quelque 420 000 travailleurs du Front commun avaient en main une « hypothèse de règlement » que leurs négociateurs présenteront à leurs délégués prochainement, une fois une entente intervenue à la table centrale. Cela devra donc attendre.

Le Front commun rappelait ces derniers jours sa menace de lancer une grève générale illimitée en janvier à défaut de règlement d’ici la fin de l’année.

Les demandes

Aux dernières nouvelles, le regroupement se disait prêt à signer des conventions collectives de cinq ans, mais ne chiffrait plus ses demandes. Elles étaient au départ d’environ 23 % d’augmentations en trois ans.

« Nous n’avons pas chiffré ces demandes, nous avons plutôt indiqué au gouvernement que notre ouverture était liée à deux conditions, soit : qu’elle garantisse la protection du pouvoir d’achat et qu’elle amène un enrichissement. Celui-ci n’a pas été chiffré afin de laisser un espace de négociation à la table », déclarait-il la semaine dernière.

Québec, de son côté, avait envoyé le signal qu’il était prêt à bonifier sa dernière offre d’augmentations de salaire de 12,7 % en cinq ans. Pour la même période, le Front commun avait réclamé récemment une clause d’indexation de 18,1 % pour couvrir la hausse du coût de la vie et une augmentation de 7 % – au lieu de 9 % – à titre d’« enrichissement ». Il a remis en question la hausse de 7 % depuis.

Le Front commun répétait également que « pour conclure une entente à la table centrale, il devra y avoir des avancées » au sujet des assurances et des ouvriers spécialisés, « de même qu’en ce qui concerne les conditions de travail aux différentes tables sectorielles ».

Lisez « Le grand déblocage »

Un accord en vue

Les parties étaient d’autant plus sûres d’en arriver à une entente à la table centrale avant Noël en raison de l’annonce d’un accord intervenu entre un syndicat affilié à la FTQ dimanche. Cette centrale syndicale membre du Front commun était la seule qui n’en était pas arrivée à un compromis avec le gouvernement jusqu’ici.

Le comité de négociation du Conseil des collèges (CPC, SCFP) affiliés à la FTQ, représentant le personnel de soutien des collèges, avait en effet annoncé en avant-midi avoir conclu une « hypothèse de règlement » sur les conditions de travail propres à ses membres.

Il s’agissait d’un des derniers dominos à tomber, après qu’une série de syndicats de l’enseignement en soient venus à des ententes samedi soir, quelques heures après l’annonce d’un compromis entre le gouvernement et le plus gros rassemblement de travailleurs de la santé, la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN (FSSS-CSN) et ses 120 000 membres.

La veille, c’était au tour du plus important syndicat d’enseignants, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), qui représente 60 % des enseignants, d’ouvrir le bal en annonçant que ses délégués avaient adopté une entente de principe au terme obtenu au terme d’un blitz de négociations.

Ceux qui n’ont pas réglé

Ayant aussi entrepris un blitz avec le gouvernement quelques heures plus tard, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), dont les 22 jours de débrayage ont marqué les esprits, n’avait toujours rien annoncé dimanche. Elle voit également ses discussions avec Québec être suspendues jusqu’à mardi prochain.

Le syndicat, dont la présidente, Mélanie Hubert, avait assuré qu’il ne signerait pas « une convention à rabais », n’a pas répondu à des questions envoyées à la veille de Noël.

De son côté, la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), qui représente 80 000 employées du réseau de la santé, a fait savoir dimanche que des « nœuds importants » persistaient à sa table de négociation pour laquelle un conciliateur a été nommé le 19 décembre dernier.

Qui s’est entendu jusqu’ici ?

Les syndicats suivants en sont tous venus à des « hypothèses de règlement » avec le gouvernement. Celles-ci seront présentées à leurs délégués une fois qu’une entente sera intervenue à la table centrale où les questions salariales font toujours l’objet de négociations. Une fois entérinées par les délégués, on pourra alors parler « d’ententes de principe » qui, elles, seront ensuite présentées aux membres pour adoption finale.

Éducation 

  • FSE-CSQ (Fédération des syndicats de l’enseignement) : 95 000 enseignants provenant des régions hors du Grand Montréal et de la Capitale-Nationale.
  • FNEEQ-CSN (Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec) : 35 000 membres, dont la vaste majorité des enseignants des cégeps publics, mais aussi certains œuvrant dans des établissements privés et universitaires.
  • FPPE-CSQ (Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation) : 10 000 membres répartis dans la majorité des centres de services scolaires et commissions scolaires du Québec.
  • CPC – SCFP, FTQ (Conseil des collègues) : employés du secteur collégial représentés par le SCFP qui compte 13 600 membres en éducation.
  • FPSS-CSQ (Fédération du personnel de soutien scolaire) : 40 000 membres, exclusivement du personnel de soutien.
  • FEC-CSQ (Fédération de l’enseignement collégial) : 3000 professeurs des cégeps publics.
  • FPPC-CSQ (Fédération du personnel professionnel des collèges) : 1600 membres faisant partie du personnel professionnel des cégeps.
  • FPSES-CSQ (Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur) : 4301 membres œuvrant dans des collèges, des universités et des organismes.
  • FEESP-CSN (Fédération des employées et employés de services publics) : 65 000 membres de corps de métier variés, mais comptant 35 000 employés de soutien au primaire et au secondaire et 600 au collégial.
  • CPSS-SCFP (Conseil provincial du soutien scolaire), SEPB (Syndicat canadien des employées et employés professionnels et de bureau) et UES 800 (Union des employés et employées de service) affiliés à la FTQ : personnel de soutien scolaire

Santé et services sociaux

  • FSSS-CSN (Fédération de la santé et des services sociaux) : 120 000 infirmières, membres du personnel paratechnique et de bureau et des techniciens, entre autres.
  • APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux) : 65 000 professionnels et techniciens du réseau de la santé et des services sociaux.
  • FSQ-CSQ (Fédération de la santé du Québec) : 5 000 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes.
  • FP-CSN (Fédération des professionnèles) : 10 000 membres, dont 6000 techniciens œuvrant dans le réseau de la santé et des services sociaux, mais aussi 200 professionnels du secteur collégial en éducation.
  • CPAS-SCFP (Conseil provincial des affaires sociales) : plus de 35 000 travailleurs du secteur de la santé et des services sociaux.
  • SQEES (Syndicat québécois des employées et employés de service) : environ 25 000 membres travaillant dans les centres d’hébergement privés, les entreprises communautaires, les centres de la petite enfance, et dans le transport scolaire et adapté.