La psychothérapie pour traiter les abus de substances n’aurait que des effets modestes, a conclu une équipe de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM).

« La psychothérapie pour l’abus de substances ne sert pas à rien, mais les études que l’on a retrouvées montrent au mieux un effet modéré », a déclaré le DAlexandre Dumais, professeur de psychiatrie à l’Université de Montréal, chercheur à l’IUSMM et l’un des auteurs de l’étude.

Pour arriver à ce résultat, l’équipe a réalisé une méta-revue en analysant les résultats de 23 revues scientifiques. Le but était d’évaluer l’efficacité de différentes approches psychothérapeutiques pour traiter les abus répétés d’alcool, de cannabis, de stimulants, d’opioïdes ou d’anxiolytiques.

« Les thérapies cognitivo-comportementales, les entrevues motivationnelles ou les thérapies comportementalistes, comme donner des récompenses à quelqu’un qui n’a pas consommé, ont souvent un effet à court terme. Pendant la thérapie, les gens font des avancées, mais à un certain moment, on voit que l’effet se perd », explique le DDumais. L’étude a été publiée en août dans la revue Psychiatry Research.

Des résultats variés

« Il y a des gens qui vont répondre de manière extraordinaire aux thérapies actuelles, mais quand on fait une moyenne de groupe, c’est plus mitigé », nuance toutefois le DDumais. Les individus présentant des troubles moins graves et une meilleure intégration sociale sont susceptibles de réagir plus favorablement aux psychothérapies, note le chercheur.

Par exemple, quelqu’un qui perd son emploi de manière inattendue et qui se met à consommer excessivement de l’alcool ou du cannabis a plus de chances de bénéficier positivement de la psychothérapie que quelqu’un ayant plusieurs troubles simultanés, comme un trouble bipolaire, une dépression grave et une dépendance aux substances depuis plusieurs années, explique le DDumais.

Les personnes motivées à l’idée d’entamer une psychothérapie ont d’ailleurs plus de chances d’observer des effets bénéfiques que celles qui ont été encouragées par des proches à aller consulter, ajoute le chercheur. Malgré ces résultats, il recommande tout de même aux personnes dans le besoin d’aller consulter un professionnel. « Il faut toutefois avoir une gestion des attentes et savoir que ça ne va peut-être pas tout changer », dit-il.

En savoir plus
  • 21,6 %
    Proportion des Canadiens qui satisfaisaient aux critères associés à un trouble lié à l’utilisation de substances à un moment ou à un autre au cours de leur vie.
    source : Statistique Canada, 2012