(Montréal) Un programme d’activité physique peut améliorer la qualité de vie des patients atteints de la COVID longue, indique une méta-analyse publiée récemment par un chercheur de l’université ontarienne Western.

Le programme peut notamment aider ces patients à marcher plus rapidement et à parcourir une plus grande distance.

« Ce n’est pas une surprise parce qu’on a des professionnels de la physiothérapie et de l’ergothérapie qui travaillent avec ces patients-là au Québec depuis trois ans », a rappelé le physiothérapeute Simon Décary, qui est professeur à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.

« On sait très bien que chez certains patients, lorsqu’ils font une forme d’activité physique, on peut avoir certains bénéfices. »

Il faut toutefois avoir des attentes réalistes, a ajouté M. Décary, qui se spécialise dans la prise en charge des patients atteints de ce que l’Organisation mondiale de la santé appelle désormais le syndrome post-COVID-19 : il s’agit toujours d’une thérapie de soutien, et non pas d’une intervention qui viendra renverser les symptômes.

L’équipe ontarienne a regroupé les résultats de quatorze études randomisées effectuées sur les bienfaits de l’activité physique pour ces patients qui ressentent des symptômes depuis au moins deux mois.

Les chercheurs en viennent à la conclusion que « l’entraînement respiratoire et les interventions de réadaptation basées sur l’exercice (peuvent) être associés à une amélioration de la capacité d’exercice fonctionnel chez les patients souffrant d’un syndrome post-COVID-19 ».

Il y a toutefois un bémol important : « il est recommandé aux professionnels de la santé de surveiller étroitement ces patients pendant la mise en œuvre de ces interventions afin de garantir la sécurité des patients jusqu’à ce que des preuves plus définitives soient disponibles », écrivent les auteurs de la méta-analyse.

En effet, certains patients qui présentent un syndrome post-COVID-19 peuvent aussi présenter un « malaise post-effort », à savoir qu’ils constateront un retour ou une aggravation de leurs symptômes dans les heures qui suivent l’activité physique.

Il est donc de la plus grande importance, comme le recommande déjà l’OMS, de bien évaluer le patient avant d’entreprendre quoi que ce soit, a souligné M. Décary.

« La première chose à faire, c’est le dépistage du malaise, et puis après ça, ça détermine la trajectoire (du traitement), a-t-il indiqué. Donc ce que ça nous dit ici, c’est que chez certains patients qui n’ont vraisemblablement pas le symptôme de malaise post-effort, si je leur fais un programme d’exercices, j’ai une forte probabilité que ce soit sécuritaire et j’ai une forte probabilité que je puisse aider au moins un peu. »

Les chercheurs tenteront maintenant de déterminer s’il est possible de venir en aide sécuritairement aux patients qui ressentent le malaise post-effort. Éventuellement, prédit M. Décary, la prise en charge de ces patients pourra ressembler à ce qui se fait en rhumatologie ou en douleur chronique, où l’utilisation de la médication contrôle suffisamment les symptômes pour ouvrir une fenêtre qui permet d’espérer les meilleurs résultats possibles lors d’une intervention.

D’ailleurs, une étude publiée récemment dans la prestigieuse revue Science révélait que le SRAS-CoV-2 exploite le système énergétique de l’humain, la mitochondrie, pour se répliquer, a rappelé M. Décary.

« La mitochondrie, c’est ça qui produit l’énergie quand on fait de l’exercice, a-t-il dit. Mais s’il y a quelque chose d’anormal dans le fonctionnement de la mitochondrie, c’est sûr et certain qu’on va avoir une réponse inefficace à l’exercice. »

Le simple fait de mieux comprendre pourquoi l’exercice physique est inefficace chez les patients qui souffrent d’un malaise post-effort est incroyablement utile, considère M. Décary, et pourrait un jour être « la source d’une pharmacologie qui pourrait amener (ces patients) vers une guérison si on trouvait un agent pharmacologique qui peut réparer la mitochondrie ».

« Maintenant que l’on comprend bien, chez les personnes qui répondent bien, comment ça fonctionne, a-t-il dit, notre attention est beaucoup sur les personnes qui sont prises avec ce handicap-là depuis deux ou trois ans et qui vont avoir clairement besoin de plus qu’un programme d’exercices pour s’améliorer.

« La réponse est probablement sous nos yeux. »

Les conclusions de cette méta-analyse ont été publiées par le journal médical JAMA Network Open.