Redoutant les effets de la croissance de la filière batterie sur le trafic motorisé, la municipalité de Nicolet demande à Québec de ne pas prolonger l’autoroute 30 sur son territoire.
L’essor de la filière batterie à Bécancour « va amener une pression importante dans les municipalités avoisinantes et chez nous, on ne souhaite pas que ce développement et cette augmentation de la population se traduisent par la construction d’une autoroute », résume la mairesse de Nicolet, Geneviève Dubois, en entrevue téléphonique.
Le conseil municipal de cette ville de 8500 habitants a adopté lundi une résolution unanime pour « demander au gouvernement du Québec d’abandonner tout projet d’agrandissement ou de prolongement de l’autoroute 30 » sur son territoire.
Ce « projet qui date de plusieurs décennies » a été appuyé par plusieurs maires jusqu’au début des années 2010, admet la mairesse. « C’était certainement un bon projet il y a plusieurs années », mais « faire une autoroute dans des champs agricoles, pour nous, ce n’est plus un projet qui tient la route en 2023 ».
PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE NICOLET
La mairesse de Nicolet, Geneviève Dubois
D’importants investissements dans le domaine des batteries pour véhicules électriques, dont ceux de GM et de Ford, ont été annoncés à Bécancour cette année.
« Ce n’est pas dans les cartons de prolonger l’autoroute 30 », assure-t-on toutefois au bureau de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.
Le député de Nicolet-Bécancour, le caquiste Donald Martel, se dit « surpris » par la sortie de Nicolet.
On regarde actuellement l’autoroute 30 à l’intérieur de la Ville de Bécancour, à cause de la filière batterie, mais personne n’a parlé d’amener ça à Nicolet.
Le député de Nicolet-Bécancour, Donald Martel
Une étude de sécurité couvrant une quinzaine de kilomètres de l’A30, entre l’autoroute 55 et la route 132, a recommandé la tenue d’une étude d’opportunité l’an dernier.
Cette nouvelle étude, qui pourrait examiner la possibilité d’élargir l’A30 à Bécancour, devrait être annoncée par Québec « très, très, très prochainement », nous a indiqué M. Martel.
À Nicolet, Transports Québec possède déjà les terrains sur lesquels le prolongement de l’A30 avait autrefois été évoqué, souligne la mairesse.
« Si le gouvernement veut nous octroyer les sous qu’il avait prévus pour l’autoroute 30, on va les prendre pour développer du transport collectif ! »
La Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec se dit aussi « en défaveur de ce prolongement », estimant qu’il pourrait faire disparaître environ 110 hectares de terres agricoles à Nicolet.
« C’est difficile de fermer la porte à tout jamais, note cependant le député Donald Martel. Si on s’aperçoit qu’à cause de la filière batterie, le trafic augmente, qu’il y a des accidents, il faut être responsable au niveau de la sécurité. »
Les élus de Nicolet n’en sont pas à leur première prise de position en faveur de l’environnement. En janvier dernier, ils ont publié un appel à la solidarité entre municipalités pour que le développement économique ne se fasse pas au détriment des milieux humides.