Parce qu’il y a lieu d’« expérimenter plus largement leur usage », le gouvernement Legault vient de rendre la circulation des trottinettes électriques officiellement légale dans les rues où la vitesse maximale est de 50 km/h ou moins.

Québec juge que les différents projets pilotes en cours ne permettent pas de prendre la « pleine mesure » de l’utilité de ce moyen de transport. La nouvelle a été confirmée par la publication d’un arrêté ministériel par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, mercredi soir. Le tout entrera en vigueur d’ici deux semaines, le 20 juillet. Rien n’indique toutefois que l’arrêté sera renouvelé. Il sera pour le moment effectif pendant au moins trois ans, jusqu’en juillet 2026.

Jusqu’ici, la plupart du temps, les trottinettes électriques étaient considérées comme « illégales » sur le territoire québécois, même s’il était fréquent d’en apercevoir dans la métropole, notamment. Au début du mois de juin, l’organisme Éducaloi rappelait d’ailleurs sur son site web que « vous ne pouvez pas circuler en trottinette électrique sur tout chemin public, comme les rues, les trottoirs et les pistes cyclables », sous peine d’une amende pouvant aller jusqu’à 200 $ pour une première infraction.

Plusieurs projets pilotes étaient toutefois en cours, sous la direction du ministère des Transports.

À Montréal, 200 trottinettes de Bird Canada sont déjà de retour depuis le début du mois de juillet au parc Jean-Drapeau. Laval tentera aussi l’expérience cet été avec une entreprise privée, tout comme plusieurs autres villes l’ont déjà fait.

Or, selon le document signé par la ministre Geneviève Guilbault, « ces projets pilotes ne permettent pas de prendre la pleine mesure de l’utilisation des trottinettes électriques et des appareils de transport personnel motorisés sur les chemins publics ». « Il y a lieu d’expérimenter plus largement leur usage dans le respect de la sécurité́ routière », écrit l’élue.

Une série de règles

Pour circuler légalement en trottinette électrique au Québec, il faudra toutefois respecter plusieurs règles, dont le fait d’être âgé de 14 ans ou plus. Le port du casque sera aussi obligatoire. Il devra être muni d’une « coquille rigide et rembourrée à l’intérieur », voire d’une jugulaire, précisent les autorités.

À court terme, la circulation sur des routes où la vitesse maximale permise est supérieure à 50 km/h sera interdite, hormis pour traverser une intersection ou emprunter un carrefour giratoire. Québec autorisera également les trottinettes à circuler sur une route de 50 km/h et plus si elles roulent dans une voie cyclable protégée de la chaussée par un aménagement physique.

Comme les cyclistes, l’usager devra « signaler son intention de tourner » aux autres usagers de la route en tout temps, soit par un geste du bras ou un clignotant lumineux, en plus de respecter le Code de la sécurité routière et les feux de circulation, notamment.

On ne pourra pas non plus transporter une autre personne sur une trottinette et l’utilisation du téléphone cellulaire sera proscrite, comme en voiture. Le port d’écouteurs et la consommation d’alcool ou de drogues pendant un trajet sont aussi interdits.

Fait à noter : Québec imposera aussi aux trottinettes une puissance maximale du moteur de 500 watts, avec un effet d’entraînement qui devra cesser lorsque l’engin atteint tout au plus 25 km/h. La masse de la trottinette ne pourra par ailleurs surpasser 36 kg, batterie comprise, et le diamètre des roues devra être d’au moins 19 cm.

Les trottinettes électriques ont laissé un mauvais souvenir à bien des résidants de Montréal. En 2019, la Ville avait abandonné l’idée d’accueillir des parcs en libre-service, alors qu’à peine 20 % des trottinettes étaient rangées dans les aires prévues à cette fin. Elles se retrouvaient souvent dans des endroits où elles nuisaient à la circulation. En outre, la cohabitation avec les piétons et les cyclistes était difficile.

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on indique encore vouloir évaluer les implications de l’arrêté ministériel pour Montréal. « Une chose est certaine, on est favorable à faire plus de place aux options de mobilité et les trottinettes sont, en réalité, déjà utilisées sur nos pistes et nos routes. On s’attend à ce que ce geste permette aux villes de mieux baliser leur utilisation », dit l’attachée de presse, Marikym Gaudreault.

Dans l’opposition à l’hôtel de ville de Montréal, la conseillère Alba Zuniga Ramos s’est réjouie jeudi que l’annonce du gouvernement « permett[e] de mettre fin au flou réglementaire [comme son] parti Ensemble Montréal le réclamait ». La formation avait lancé en juin une pétition réclamant au gouvernement d’autoriser la circulation des trottinettes électriques.