La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal lance mardi une campagne pour exiger la mise en place de davantage de protections légales pour encadrer le bien-être des animaux de ferme.

La SPCA invite la population à signer un manifeste, qui déjà a reçu l’appui d’une trentaine de personnalités publiques, dont le réalisateur Xavier Dolan, l’autrice-compositrice-interprète Stéphanie Boulay, l’avocate Anne-France Goldwater, le chanteur Paul Piché, l’animatrice et comédienne Marina Orsini, l’humoriste Jean-François Mercier et le cardiologue Martin Juneau.

Le texte, lancé dans le cadre de la campagne provinciale « Ce n’est pas parce qu’ils vont mourir qu’ils ne méritent pas d’être protégés », est publié aujourd’hui dans la section Débats de La Presse.

« On a un lobby agricole qui est très puissant au Québec, c’est pour cela qu’on demande à la population de se manifester », explique MSophie Gaillard, directrice générale par intérim de la SPCA de Montréal et directrice de la défense des animaux et des affaires juridiques de l’organisme. « On sait que la population est derrière nous, mais on dirait que ça bloque au niveau du gouvernement », a-t-elle ajouté.

La SPCA a commandé, en mars dernier, un sondage à la firme Léger. Le coup de sonde, mené auprès de 1062 répondants, indique que 92 % d’entre eux sont d’accord pour qu’une loi ou un règlement encadre comment les animaux destinés à la consommation peuvent être traités dans les élevages au Québec.

On ne pointe pas du doigt les producteurs en tant qu’individus, mais bien le système dans lequel ils se retrouvent pris avec des méthodes de production qui ne respectent pas le bien-être animal et une absence complète de réglementation.

MSophie Gaillard, directrice générale par intérim de la SPCA de Montréal

Une loi « à deux vitesses »

Au Québec, la Loi sur le bien-être animal a été adoptée en 2015. Elle reconnaît que les animaux sont dotés d’une sensibilité. Auparavant, les animaux étaient considérés comme des « biens meubles ».

La SPCA de Montréal déplore que les animaux d’élevage destinés à être mangés soient exclus des « principales protections » qu’offre cette loi. MGaillard décrit la situation comme un « système à deux vitesses » pour les animaux de compagnie et les animaux d’élevage.

Elle cite en exemple le fait que les porcelets peuvent être castrés sans anesthésie alors que le même geste à l’égard d’un chat ou d’un chien serait passible d’une sanction pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement.

« La castration des veaux et des agneaux, ainsi que la coupe de la queue des agneaux et l’amputation partielle du bec des poules pondeuses : toutes ces pratiques-là sont faites sans analgésie, ni anesthésie, alors que l’Association canadienne des médecins vétérinaires considère ces pratiques-là douloureuses, qui devraient être sujettes à un contrôle adéquat de la douleur, notamment par l’anesthésie », souligne-t-elle.

Au Canada, les normes de bien-être animal sont régies par des codes de pratiques qui sont élaborés par le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage. Le fait que les acteurs de l’industrie agroalimentaire siègent aux côtés de représentants gouvernementaux pour les élaborer est problématique, aux yeux de la SPCA de Montréal.

« Elles n’ont pas force de loi au Québec, elles ne sont pas obligatoires », précise-t-elle.