(Ottawa) Une trentaine d’organisations féministes pressent le gouvernement fédéral d’interdire les armes d’assaut de façon permanente. La coalition doit rencontrer virtuellement le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, mercredi. Le gouvernement avait causé la surprise au début du mois de février en retirant les deux amendements pour interdire les armes d’assaut de style militaire du projet de loi C-21.

« Les armes à feu de type armes d’assaut qui sont conçues pour la guerre ne devraient pas être disponibles aux civils », tranche Suzanne Zaccour, responsable de la réforme féministe du droit pour l’Association nationale Femmes et Droit en entrevue. « Et ce qu’il faut ce n’est pas seulement une liste, mais une définition permanente pour qu’on n’ait pas à refaire ce débat tous les cinq ans parce qu’il y a de nouvelles armes sur le marché. »

Elle reprend ainsi les arguments mis de l’avant par PolySeSouvient qui milite pour que l’interdiction des armes d’assaut imposée par décret en 2020 soit pérennisée par l’entremise d’une législation beaucoup plus difficile à renverser. Quatorze femmes ont été tuées par une arme semi-automatique lors du drame de l’École Polytechnique de Montréal, le 6 décembre 1989.

La coalition compte 31 organismes un peu partout au pays, dont la Fédération des femmes du Québec, la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, SOS violence conjugale, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale et le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte aux agressions à caractère sexuel. Elle a lancé une campagne en ligne mardi, à la veille de la Journée des femmes, pour inciter les citoyens à réclamer une interdiction permanente des armes d’assaut.

Le projet de loi C-21 interdisait au départ les armes de poing. Le gouvernement a tenté d’élargir sa portée en novembre avec deux amendements déposés après les consultations en comité parlementaire, ce qui avait causé une levée de boucliers. Le premier ajoutait des spécifications à la définition d’arme à feu prohibée et l’autre dressait une liste d’environ 300 pages de modèles qui auraient été interdits, dont le SKS. Cette arme de style militaire développée par les Soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale est populaire auprès des chasseurs, incluant les membres des Premières Nations.

Le lobby des armes à feu avait également mené des campagnes controversées pour inciter le gouvernement à faire volte-face dont l’une mettant en vedette Carey Price avait fait grand bruit.

Le retrait surprise de ces deux amendements avait été bien accueilli par les partis d’opposition au début du mois de février. Le comité parlementaire chargé d’étudier le projet de loi C-21 a tout de même décidé de tenir des consultations sur une éventuelle interdiction des armes d’assaut. Le gouvernement revenir à la charge.

Deux groupes autochtones, dont le Conseil mohawk de Kahnawake, et la Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs doivent notamment témoigner mardi après-midi.