Dans une rare sortie publique, le gardien du Canadien, dont la carrière est indéfiniment en suspens à cause d’une blessure, Carey Price a joint sa voix à celle d’un lobby proarmes plongé dans la controverse en critiquant le projet de loi remanié du gouvernement Trudeau sur le contrôle des armes à feu.

« J’aime ma famille, j’aime mon pays et je prends soin de mes voisins », a affirmé Carey Price dans une publication sur Instagram en fin de matinée samedi. « Je ne suis pas un criminel ou une menace pour la société, renchérit-il. Ce que [le premier ministre Justin Trudeau] tente de faire est injuste. »

Le joueur de hockey a joint à sa publication une photo de lui en tenue de camouflage, une arme de chasse en main. La publication a été « aimée » des milliers de fois, notamment par Cole Caufield, jeune étoile du Canadien de Montréal.

La vice-présidente aux communications hockey du Canadien, Chantal Machabée, a toutefois indiqué à La Presse que l’organisation ne souhaitait pas commenter le dossier « pour le moment ».

Dans la foulée, Carey Price a aussi affirmé soutenir la Coalition canadienne pour le droit des armes à feu. Cette organisation a semé la controverse ces derniers jours pour avoir offert jusqu’à récemment des rabais grâce au code promotionnel « Poly », faisant référence à la tuerie de la Polytechnique de Montréal qui avait fait 14 victimes – toutes des femmes – en 1989.

Une promotion qui a fait bondir Nathalie Provost, survivante de la tuerie. « C’est odieux. C’est comme si la tragédie de Poly était une farce », s’est-elle indignée en entrevue vendredi.

La Coalition a toutefois protesté qu’elle ne faisait pas référence au massacre. Selon La Presse Canadienne, la porte-parole de l’organisme Tracey Wilson a soutenu que le code promotionnel se voulait une réplique au compte Twitter de PolySeSouvient, qui aurait qualifié les partisans de la Coalition de trolls armés.

Un geste soutenu par le Parti conservateur

La publication de Carey Price a rapidement reçu l’appui de conservateurs, opposés au projet de loi. « Carey a tout à fait raison », a écrit sur Twitter Pierre Poilievre, le chef du Parti conservateur du Canada (PCC). « La chasse est une grande tradition canadienne. Les tentatives de Trudeau d’interdire les fusils de chasse sont une attaque contre les populations rurales et autochtones. »

Une vision partagée par Pierre Paul-Hus, lieutenant politique du PCC au Québec. « Carey Price fait une sortie remarquable contre les politiques insensées de Justin Trudeau, qui s’attaque aux chasseurs », a-t-il écrit sur Twitter.

En revanche, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s’est dit indigné sur le réseau social. « On a convaincu Carey Price et tant d’autres que le contrôle des armes à feu a pour but ou effet de nuire à la chasse sportive, a-t-il gazouillé. C’est faux. Le [Bloc québécois] encourage la chasse sportive et l’activité touristique/économique qu’elle génère dans nos régions. »

Rappelons que le gouvernement libéral tente ces jours-ci de faire approuver le projet de loi C-21, qui vise à restreindre l’accès aux armes à feu au Canada.

Une loi qui va trop loin, selon le lobby des armes à feu

La Coalition pour le droit des armes à feu a demandé cette semaine au gouvernement de Justin Trudeau de faire marche arrière, affirmant qu’il s’agit de la « plus grande interdiction d’armes à feu de l’histoire du Canada ».

Selon les dernières spécifications ajoutées à la définition d’armes à feu prohibées, les armes semi-automatiques, y compris les fusils de chasse, et dont le chargeur peut être modifié pour recevoir plus de cinq cartouches seront bannies, tout comme celles qui peuvent tirer des projectiles avec une énergie initiale de plus de 10 000 joules et celles dont la surface intérieure du canon est de 20 millimètres ou plus.

Les fusils de type SKS, une arme de style militaire populaire chez les chasseurs, pourraient ainsi être interdits, selon la Coalition canadienne pour les droits des armes à feu.

Pas une première pour Carey Price

Ce n’est pas la première fois que Carey Price fait une sortie publique controversée sur le thème de la chasse. En 2012, une photo publiée sur Twitter de lui et d’un autre chasseur avec la carcasse d’un coyote avait fait réagir, selon SportsNet.

Le Britanno-Colombien a par ailleurs déjà publié une photo sur Instagram où, en arrière-plan, on pouvait voir un drapeau de l’Association nationale des armes à feu, un important lobby proarmes du Canada qui s’oppose à la Loi sur les armes à feu adoptée en 1995.

Carey Price ne joue pas cette saison et la suite de sa carrière est compromise par une blessure à un genou. Il fait néanmoins des apparitions ponctuelles. Il était par exemple présent au Centre Bell pour le match inaugural de la saison et a participé à la collecte annuelle de sang du Canadien.

Avec Guillaume Lefrançois, La Presse