(Montréal) Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a annoncé lundi l’ouverture des inscriptions pour la deuxième cohorte d’un programme de 85 millions qui vise à soutenir les producteurs agricoles dans leur transition vers des pratiques plus durables.

« L’Initiative ministérielle de rétribution des pratiques agroenvironnementales » est une des mesures phares de Plan d’agriculture durable 2020-2030 du gouvernement du Québec.

Cette mesure récompense les agriculteurs qui adoptent des pratiques agroenvironnementales qui vont au-delà des exigences réglementaires, en misant sur la diversification des cultures, la protection des sols hors saison, la réduction de l’usage des herbicides, l’utilisation de semences non traitées aux insecticides et l’aménagement favorable à la biodiversité.

Selon les données du gouvernement, lors du déploiement de la première cohorte de l’Initiative en février 2022, près de 1850 entreprises s’y sont inscrites en moins de 24 heures.

Samuel Ostiguy, copropriétaire d’une ferme laitière familiale, fait partie de ceux qui se sont inscrits au programme l’an dernier.

Le financement du gouvernement a permis à l’agriculteur de réduire l’utilisation d’herbicides et de pesticides et de faire l’essai de différentes méthodes qui enrichissent la biodiversité sur la ferme qu’il possède avec sa sœur et ses parents.

« Le financement ne couvre peut-être pas toutes les dépenses », mais « ça nous sécurise » a indiqué Samuel Ostiguy en précisant que « l’Initiative apporte aussi l’incitatif financier souvent manquant pour justifier de mettre en place un projet agroenvironnemental ».

L’agriculteur était l’un des invités d’une conférence de presse du ministre Lamontagne lundi à Montréal.

Le ministre a annoncé que la deuxième période d’inscription à l’Initiative se déroulera du 6 au 31 mars 2023 ou jusqu’à l’épuisement d’une enveloppe budgétaire de 29 millions.

Près de 1000 entreprises pourront s’inscrire au programme et la rétribution totale versée pourra atteindre 50 000 $ par entreprise.

Le ministre de l’Agriculture a indiqué que le succès de cette mesure lors de la première période d’inscription « témoigne de sa pertinence et de sa force mobilisatrice ».

Une première cohorte convaincante selon le ministre

André Lamontagne a mentionné que 96 % des entreprises participantes à la première cohorte ont recouru à des pratiques plus durables.

Ainsi, parmi les participants, les pratiques de réduction de l’usage des herbicides ont été appliquées par 41 % des entreprises et sur des superficies de plus de 63 000 hectares.

L’utilisation de semences non traitées aux insecticides a été mise en place par 25 % des entreprises participantes et sur des superficies de près de 25 000 hectares, toujours selon le ministre.

Également, 58 % des entreprises participantes ont réalisé « des aménagements favorables à la biodiversité », et ce, sur des superficies de 16,8 millions de mètres carrés.

Selon la directrice générale d’Équiterre, qui était présente lors de la conférence de presse, l’enveloppe budgétaire de 29 millions et l’ouverture des inscriptions pour la deuxième cohorte sont des « pas dans la bonne direction ».

Colleen Thorpe souhaite que cette initiative, qui envoie un « message positif », ait un « effet d’entraînement sur l’ensemble des politiques agricoles » du gouvernement.

« Les défis actuels de dérèglement climatique et de perte du vivant, de hausse des prix de toutes parts ainsi que d’épuisement, pour ne nommer que ceux-là, nécessitent une intensification du soutien à l’agriculture afin d’opérer rapidement la transition écologique et solidaire. C’est notre avenir alimentaire qui en dépend », a indiqué la directrice générale d’Équiterre.

Dans un communiqué, les Producteurs de grains du Québec (PGQ) ont salué l’annonce du ministre Lamontagne.

« La rétribution par l’État, par le truchement de ce programme, est essentielle pour permettre aux producteurs de poursuivre la modernisation de leurs pratiques tout en restant compétitifs. Elle contribue également à maintenir la mobilisation du milieu, qui investit de ses propres ressources en complément. Il nous apparaît toutefois important que le gouvernement développe une approche visionnaire à long terme afin de consolider la confiance des producteurs et soutenir leur engagement », a écrit Christian Overbeek, président des PGQ.

« L’Initiative ministérielle de rétribution des pratiques agroenvironnementales » est administrée par La Financière agricole du Québec.