(Québec) Le jeune couple qui a survécu la semaine dernière à un brutal accident à la même intersection où une famille a été décimée en 2021 demande à Québec de revoir entièrement ce secteur de l’autoroute Dufferin-Montmorency. Les ministres du gouvernement Legault répètent que ce coin n’est pas particulièrement accidentogène.

Ce dernier accident relance le débat sur la transformation de cette section d’autoroute en boulevard urbain, comme le réclame la Ville de Québec. Québec solidaire pense que le gouvernement traîne la patte pour favoriser son projet de troisième lien.

David Rioux et Coraline Toupin se sont retrouvés le 6 février dernier à l’intersection du boulevard François-de-Laval et de l’autoroute Dufferin-Montmorency, à Québec. Là se trouve une sortie singulière pour une autoroute : elle est régulée par un feu de circulation, mais ceux qui veulent sortir doivent se ranger à gauche et sont régulièrement frôlés par des voitures qui passent en trombe.

David et Coraline se sont rendus au parlement de Québec mercredi pour raconter comment s’était déroulé l’accident, pour que ça « serve à quelque chose ».

Le couple originaire de l’est du Québec ne connaissait rien de cette intersection réputée dangereuse. C’est là en septembre 2021 que deux enfants, leur mère et leur grand-père ont été tués quand un chauffard les a emboutis alors qu’ils attendaient justement pour tourner.

« Coraline a dit qu’elle ne se sentait pas en sécurité, que c’était dangereux, cette intersection-là », a raconté David, 24 ans. Puis il a entendu un bruit de moteur, a pensé que c’était une auto qui allait les dépasser par la droite, puis a eu le temps de voir dans son rétroviseur les phares pointés sur sa voiture…

Leur voiture a été emboutie. Le choc a été brutal. « Toute la carrosserie était avancée jusqu’à nos dossiers. Heureusement qu’il n’y avait personne avec nous en arrière », raconte Coraline Toupin, qui boitait toujours mercredi.

Selon elle, les premiers répondants n’en revenaient pas qu’ils s’en tirent à si bon compte. Ce n’est qu’après que David et Coraline ont appris l’historique peu reluisant de cette intersection.

Ils demandent aujourd’hui à Québec d’agir pour sécuriser l’endroit. L’installation d’un photo-radar le 3 février dernier ne changera pas grand-chose pour eux : à preuve, il était en fonction le jour de leur accident.

Ils étaient accompagnés à l’Assemblée nationale des deux députés solidaires de Québec. C’est David qui a choisi de contacter Québec solidaire (QS) après l’accident.

Pas accidentogène, selon Bonnardel

QS demande la fermeture immédiate de cette sortie et la transformation éventuelle de cette section d’autoroute en boulevard urbain, avec des vitesses réduites.

« Aujourd’hui, la Ville de Québec demande cette transformation-là. Je dirais que tout le monde pas mal dans la communauté, avec les conseils des quartiers, demandent cette transformation-là », a dit le député solidaire de Taschereau, Étienne Grandmont. « Et la ministre des Transports est de plus en plus isolée sur ce sujet-là. »

Le gouvernement estime que malgré les accidents médiatisés, l’intersection du boulevard François-de-Laval et de l’autoroute Dufferin-Montmorency n’est pas particulièrement dangereuse.

« C’est un secteur où il passe 37 000 véhicules [par jour] si je me souviens bien, c’est plus que sur le pont de Québec. Ce n’est pas un secteur accidentogène comme tel », a dit mercredi le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel.

« Malheureusement oui il y a eu un accident mortel il y a un an et demi qui a tué quatre membres d’une même famille, concède-t-il. Je sais que le ministère travaille étroitement pour être capable de mieux sécuriser le réseau. On a revu les feux de signalisation, le photo-radar a été installé alors on va laisser les équipes du MTQ travailler là-dessus. »

Québec solidaire pense que le gouvernement refuse de s’engager à transformer cette section de Dufferin-Montmorency en boulevard urbain pour accommoder son projet de troisième lien.

« Je constate que la ministre des Transports tient à l’autoroute, elle veut la garder là, est-ce que c’est pour évacuer les dizaines de milliers de voitures qui seront ajoutées là par un éventuel troisième lien ? », se demande le député de Jean-Lesage, Sol Zanetti.

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, note que « tous les scénarios sont à l’étude ». Elle pense toutefois que l’installation d’un photo-radar a amélioré la situation.

« On a réduit du tiers les excès de vitesse à cette intersection et plus le temps va passer plus les gens vont s’ajuster », dit-elle.

Avec Fanny Lévesque, La Presse