La tempête hivernale qui a frappé le Québec à la fin de décembre, privant des milliers de Québécois d’électricité et entraînant de forts vents, aura coûté environ 55 millions à Hydro-Québec. Pas moins de 640 000 foyers ont été dans le noir, situation qui a conduit au déploiement de 1200 employés pendant 8 jours.

C’est ce qu’a révélé la société d’État dans un bilan préliminaire jeudi matin, près d’un mois après cette tempête d’une rare intensité, avec des rafales allant jusqu’à 110 km/h, qui s’était échelonnée du matin du 23 décembre jusqu’au 25 décembre.

Environ 7530 pannes ont été recensées au total. Au plus fort de la crise, plus de 380 000 foyers québécois étaient simultanément plongés dans le noir, surtout dans les régions de l’Outaouais, des Laurentides et de la Capitale-Nationale. Plus de 500 poteaux d’alimentation et des centaines de transformateurs ont dû être remplacés, en plus d’une soixantaine de kilomètres de câbles électriques qui ont dû être installés.

L’opération a nécessité des effectifs colossaux : 160 000 heures de travail ont été réalisées par 1200 monteurs de ligne pendant 8 jours. Hydro-Québec affirme que le 26 décembre, soit environ 63 heures après le début de la tempête, « l’électricité était rétablie dans 85 % des foyers ». Le 27 décembre, 93 heures après les faits, la quasi-totalité des ménages – 95 % d’entre eux – avait retrouvé le courant.

D’ailleurs, la société d’État reconnaît que ces dizaines de milliers d’heures de travail supplémentaires « ont entraîné des reports de travaux prévus au calendrier et en entraîneront d’autres au cours des prochaines semaines ». « Notre personnel fera tout son possible pour minimiser les délais », affirme-t-on.

Éric Filion, vice-président exécutif d’Hydro-Québec, a rappelé jeudi que son organisation a déjà « doublé » ses investissements pour réduire la possibilité de pannes lors d’évènements d’envergure, en coupant les branches susceptibles de tomber sur les câbles. « Bien que ces milliers de pannes soient imputables à des conditions météorologiques hors du commun, nous poursuivrons nos efforts dans l’avenir afin de maîtriser la végétation », a-t-il assuré.

15 millions de moins qu’en mai

En mai dernier, un front orageux de plus de 300 km de long, qui avait frappé le Québec et causé 11 254 pannes dans la province, avait coûté environ 70 millions à Hydro-Québec. Cet évènement représentait les travaux les plus importants sur le réseau électrique de la province depuis la crise du verglas, il y a plus de 20 ans, en 1998.

La tempête du mois de décembre « n’en était pas si loin non plus », affirme la porte-parole d’Hydro-Québec, Caroline Des Rosiers. Ce qui explique l’écart de 15 millions, dit-elle, c’est qu’en mai dernier, le front orageux était principalement localisé dans trois régions, ce qui a permis de faire appel à des entrepreneurs externes.

« Là, en décembre, on n’a pas pu faire un appel à l’externe, parce que c’était à la grandeur du Québec, donc on a dû composer avec nos équipes, ce qui a fait en sorte que ça a peut-être coûté moins cher. Cela dit, quand on peut, on fait appel à des équipes externes même si on sait que ça peut coûter cher », illustre-t-elle.

Dans une déclaration, la PDG sortante d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, qui doit quitter son poste le 11 avril, a fait valoir jeudi que « la période des Fêtes est sans aucun doute un des pires moments de l’année pour être privé d’électricité ». « Nous en avons conscience et c’est pourquoi nous avons retroussé nos manches et travaillé sans relâche jusqu’à ce que tous les foyers soient rebranchés. Nos monteurs et monteuses de ligne ont répondu présent et présente encore une fois », a-t-elle affirmé.