Un père de famille de Morin-Heights, dans les Laurentides, a converti le cockpit d’un avion démantelé en module de jeu pour ses enfants, faisant tourner des têtes au village. La municipalité n’a pas apprécié.

« Ils veulent que je l’enlève, tout simplement », soupire Michel Pépin, qui est lui-même pilote. Il a proposé de le déplacer, pour qu’il soit moins visible, mais « il n’y a rien à faire, il faut que ça parte ». Un inspecteur de la Ville lui a dit qu’il recevrait un courriel « qui va confirmer officiellement le tout » et qu’il aura ensuite « sept jours pour en disposer ».

M. Pépin dit pourtant avoir l’accord du propriétaire du 71, chemin du Village, où il est actuellement locataire avec ses deux fils de 5 et 7 ans. Le cockpit s’y trouve depuis septembre ou octobre, selon lui, mais la Ville n’est intervenue qu’à la fin du mois d’avril.

La pièce d’aéronef aurait aussi passé une décennie sur ce même terrain auparavant, et se trouverait à Morin-Heights depuis plus de 20 ans sans autre problème, affirmation que la municipalité conteste.

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Michel Pépin, qui a converti le cockpit d’un avion démantelé en module de jeu pour ses enfants.

« C’est en contravention au règlement sur le zonage », a d’abord affirmé Hugo Lépine, directeur général de Morin-Heights, en entrevue téléphonique mercredi.

On le considère comme un bâtiment accessoire ou entreposage extérieur. Le propriétaire, lui, prétend que c’est une aire de jeu pour ses enfants, mais on n’est pas du même avis.

Hugo Lépine, directeur général de Morin-Heights

M. Lépine n’a pas été en mesure de pointer vers une disposition précise, mais « il y en a une série d’articles pour lequel le propriétaire est en contravention », avait-il assuré ce jour-là au sujet du cockpit.

Le règlement de zonage de Morin-Heights prévoit que l’« entreposage extérieur est prohibé », sauf en ce qui concerne les véhicules récréatifs, les remorques domestiques et le bois de chauffage. De multiples dispositions réglementent les « constructions accessoires ».

Changement d’avis

Mais jeudi, le discours du directeur général de la Ville a changé complètement, de sorte qu’il n’y « a pas d’avis d’infraction en vue ». Mais va-t-il y en avoir un ? « Pour l’instant, il n’y en a pas. Nous, on a d’autres éléments sur lesquels on doit travailler avec le propriétaire, ce n’est pas nécessairement ce qu’il y a de plus prioritaire pour l’instant », conclut M. Lépine sans plus de précision.

La situation est d’autant plus étrange que le cockpit se trouve à Morin-Heights depuis plus de 20 ans, d’après M. Pépin et Gilles Beauregard, son ancien propriétaire. Ce dernier possédait auparavant le 71, chemin du Village, où le cockpit a passé une décennie avant que M. Beauregard ne déménage en 2009, raconte-t-il. Il s’est alors établi ailleurs à Morin-Heights, en bordure du parc des Bouleaux, où le morceau d’avion de type Dash 8 est resté jusqu’à ce que M. Pépin l’achète, il y a environ deux ans.

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Le cockpit sur le terrain du 71, chemin du Village, à Morin-Heights

M. Beauregard, qui travaillait dans le recyclage des pièces d’avion et en a gardé quelques-unes pour lui au fil des années, dit n’avoir jamais eu de problème avec la Ville à ce sujet.

Mais le directeur général de Morin-Heights est catégorique : selon lui, il est impossible que le cockpit ait traîné là aussi longtemps. « Écoutez, on garde quand même des données, et la propriété en question est quand même située sur l’axe principal de la municipalité, qui est le chemin du Village, explique-t-il. S’il y avait eu quoi que ce soit d’antécédents qui remontent à avant 2009, je peux vous dire une chose : on le saurait, mais je doute beaucoup de ça. »

Quoi qu’il en soit, M. Pépin n’a toujours pas reçu d’avis écrit de la Ville. Ses garçons peuvent encore rêver de s’envoler aux commandes du Dash 8 désaffecté, pour l’instant.