Le propriétaire du bar Vision, dans l'arrondissement de LaSalle, Mark Anthony Bentley, dit être victime de discrimination raciale après que la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) eut suspendu son permis pour une période de 30 jours.

Dans son jugement, la RACJ reproche au propriétaire d'avoir refusé d'imposer un code vestimentaire et de bannir la musique rap et hip-hop, qui attirerait les gangs de rue, selon les policiers.

«Contrairement à ce qui a été écrit dans plusieurs journaux, on n'a pas suspendu le permis à cause de la musique. Les tenanciers ont commis plein de fautes par rapport aux lois et aux règlements», précise toutefois un représentant de la RACJ, qui préfère parler sous le couvert de l'anonymat.

Mark Anthony Bentley a commis une série d'infractions. Le 22 avril 2006, trois mineurs ont notamment été arrêtés à la sortie de son établissement. Lors de son audience, l'homme d'affaires d'origine guyanaise a admis avoir transgressé la loi en incitant la consommation non responsable de boissons alcoolisées.

Selon l'agent Ian Lafrenière, du Service de police de la Ville de Montréal, l'endroit est «problématique». «On y va souvent, il y a énormément de plaintes de la part des citoyens. Il y a eu des coups de feu, 14 événements se sont produits à cet endroit-là en trois ans», affirme le policier.

Étant donné que tous ces reproches constituent une atteinte à la tranquillité publique, la RACJ a décidé de suspendre son permis. «Si les clients d'un bar font beaucoup de bruit, si l'endroit est mal tenu et cause des problèmes au voisinage, le permis peut être retiré», confirme M. Lafrenière.

Dan Philip, président de la Ligue des Noirs, déplore toutefois que «les policiers mettent tous les incidents dans les environs sur le dos du bar. Ils lui imputent toujours la responsabilité». La clientèle du bar Vision est composée majoritairement d'hommes de couleur.

De fréquentes visites

Plus d'une dizaine de fois, la police aurait reçu des appels anonymes de citoyens qui disaient avoir entendu des coups de feu. Mark Anthony Bentley affirme que les policiers n'ont rien trouvé d'anormal lorsqu'ils sont venus sur les lieux. «La police vient toujours. Ça affecte notre business.»

«On effectue souvent des visites de courtoisie et on a identifié à l'intérieur du bar plusieurs membres des gangs de rue», réplique l'agent Lafrenière. Cependant, le policier tient à ajouter une précision: «On ne dit pas que le propriétaire est de connivence, on dit simplement qu'il n'a pas le contrôle de son bar et on essaie de l'aider.»

La RACJ reconnaît que Mark Anthony Bentley a toujours offert une bonne collaboration aux autorités policières. Cependant, elle lui reproche de ne pas avoir fait suffisamment d'efforts pour éloigner les gangs de rue de son établissement.

Lors de son audience, Alejandro Zaldevar, copropriétaire de l'agence de sécurité Pro-Sec-Conseil, qui travaille au bar Vision, a affirmé que «les gangs de rue sont présents dans tous les bars à Montréal».