La Gendarmerie royale du Canada (GRC) délie les cordons de sa bourse pour contrer ses problèmes de recrutement, et compte désormais sur l'argent pour attirer de nouveaux candidats. Pour la première fois depuis plus d'une décennie, les apprentis agents de la GRC seront rémunérés pendant leur formation.

Cet été, les cadets de la GRC toucheront un chèque de 500$ pour chacune des 24 semaines de leur entraînement à Regina, pour un total de 12 000$. Les cadets seront de plus logés, nourris et habillés aux frais de l'État.

La GRC doit recruter plus de 8000 agents d'ici cinq ans, soit l'équivalent de près de la moitié de l'effectif actuel. «Cet objectif sera difficile à atteindre, a reconnu Stephen Harper lors d'un point de presse au début du mois. La compétition est féroce pour recruter des jeunes dans une économie où le taux d'emploi est élevé». Et en 2007, la GRC a été incapable d'atteindre les objectifs qu'elle s'était fixés.

Changer la donne

Le responsable du recrutement au Québec, Michel Gallant, espère que ces 500$ hebdomadaires permettront de changer la donne cette année, alors que la cible frise les 2000 nouveaux agents: «L'argent, c'était l'un de nos obstacles majeurs.» Convaincre un travailleur de se consacrer pendant six mois à un boulot qui ne paie pas, alors que les factures continuent à s'accumuler à la maison, n'est pas une mince affaire, résume M. Gallant.

Cette initiative est la dernière d'une longue série de mesures destinées à dynamiser le recrutement des agents de la GRC. Les besoins de nouvelles recrues sont énormes, d'abord parce que les départs à la retraite sont très nombreux, vieillissement de la population oblige. Mais aussi parce que, dans la foulée des événements de septembre 2001, l'organisme s'est vu confier de nouveaux mandats dans la lutte contre le terrorisme et mène de plus en plus d'enquêtes sur des crimes économiques, dont le processus judiciaire est long et laborieux.

Au cours des dernières semaines, la GRC a aussi annoncé qu'elle réduira les délais moyens pour le traitement des demandes, qui passeront de près d'un an à moins de trois mois. Pour la première fois de son histoire, elle a également lancé simultanément l'hiver dernier deux campagnes de recrutement à l'échelle nationale à la radio, dans les magazines et les grands quotidiens.

Candidats à Montréal

À l'instar de la GRC, le Service de police de la Ville de Montréal a aussi accru ses activités de recrutement récemment. L'École nationale de police de Nicolet, passage obligé de tous les nouveaux agents, a été chargée expressément par le Service de police de Montréal de former une cohorte supplémentaire de 72 étudiants au printemps dernier. Ces recrues, fraîchement diplômées, devraient entrer en fonction graduellement au cours des prochaines semaines. Elles remplaceront les policiers affectés aux nouveaux programmes de lutte contre les gangs de rue ou aux missions de maintien de la paix. Le SPVM ne prévoit toutefois pas répéter cette demande sous peu. Le nombre d'étudiants inscrits à Nicolet devrait revenir à la normale cet automne.