Dimanche midi, en mode lendemain de veille, Harry, énervé, mais zen, enchaîne cigarettes et tasses de thé. Devant son dépanneur, il apostrophe les passants et entame une discussion avec le premier venu, comme s'il connaissait tout le monde. Ce qui n'est pas tout à fait faux...

À ne pas tenir en place comme ça, comment avez-vous fait pour rester planté derrière un comptoir de dépanneur pendant 29 ans ?

J'ai toujours aimé ça, mais je commence à vouloir slaquer un peu. Je suis rendu à demander à ma blonde de me remplacer pour raccourcir mes journées ! Pis, le dépanneur, c'est pas toujours calme. Le soir, j'ai souvent des amis ici et ont veille tard après la fermeture.

Tout se passe autour du dépanneur alors ?

Totalement. Avec mon frère, on a eu deux dépanneurs. Un premier à Saint-Henri et celui-ci. Toute mon éducation, ce que j'ai appris sur la société d'icitte, c'est avec les gens du quartier que je l'ai fait. C'est tellement mouvementé, qu'on pense même écrire une sitcom sur des gars qui tiennent un dépanneur !

Est-ce qu'il y a des clients qui vous ont particulièrement marqués ?

Ah oui... Florence Landry. Elle habitait dans l'immeuble et elle passait ses journées assises devant le comptoir avec son chien. Je parlais tout le temps avec elle.

Votre coup de coeur québécois ?

J'ai accroché sur « dimanche au soir à Chateauguay » et sur l'autre chanson qui parle de générations là. Ça me parle vraiment, cette musique là.

Votre pire expérience au Québec ?

Nos trois premières années dans Saint-Henri. On parlait pas la langue. Notre dépanneur était dévalisé à presque tous les jours. Fenêtres brisées, vandalisme... On se faisait traiter de « Nègres anglais ». On se faisait cracher dessus. Tout a changé quand on a acheté la bâtisse ici.