Rencontre avec Anna Todd, auteure de la série de livres After, qui connaît un immense succès chez les jeunes filles.

Oubliez Fifty Shades of Grey. Le livre qui fait courir les jeunes femmes (de 13 à 60 ans), c'est After. Une série à l'eau de rose, torride et surtout très graphique, laissant plein de place à l'imagination. Non, ce n'est pas de la grande littérature. Mais oui, vous seriez folles de vous en priver. Et surtout de lever ici le nez. Voici pourquoi.

Nous avons rencontré la jeune (26 ans) auteure américaine Anna Todd, à la fin septembre, dans un chic café du Vieux-Montréal. C'est qu'elle est une véritable star. Publiée d'abord sur l'internet (sur Wattpad, avec plus de 1 milliard de clics), puis par plusieurs éditeurs partout sur la planète, elle compte ses lecteurs par dizaines de millions. Sans surprise, le studio Paramount a déjà acheté les droits pour faire un film de sa fiction.

Et Anna Todd est une véritable machine: fin septembre, sa maison d'édition américaine annonçait le lancement de deux autres livres, en plus d'un dernier tome à la série, qui en compte déjà cinq (des briques, faut-il le préciser).

Pas mal pour un livre inspiré des membres de One Direction. Écrit à la va-vite, certes, mais visiblement avec plaisir. Sur le plaisir, justement, le plaisir des femmes, le désir des femmes, la passion des femmes. Sulfureuse, par-dessus le marché.

VOICI CINQ CHOSES QUE VOUS NE SAVIEZ PAS DE L'AUTEURE À SUCCÈS DE L'HEURE.

Anna Todd était maquilleuse avant de commencer à écrire sa série. Comme quoi tout est possible, dans la vie.

« Oui, c'est vrai que tout ce qui m'arrive est un peu fou, dit-elle. C'est un rêve qui se réalise. Et j'adore chaque minute [...] J'étais maquilleuse, mais je n'ai pas fait une école de maquillage. Je travaillais chez ULTA, une boutique du genre Sephora. C'est là que j'ai suivi une formation et que je vendais des produits. Et puis, je gardais des enfants aussi. Je suivais des cours par correspondance à l'université, mais comme je ne savais pas du tout ce que je voulais faire de ma vie, je détestais ça. Personne de ma famille n'est allé à l'université. Mes parents n'ont même pas fini leur secondaire... »

Elle a commencé à écrire... sur son téléphone intelligent!

« Je lisais beaucoup de fiction sur Wattpad, une application gratuite où l'on peut lire et publier toutes sortes de choses, notamment de la fan fiction [de la fiction inspirée de personnalités]. Et puis je m'ennuyais, alors je me suis mise à écrire. Pour moi. Et je n'arrivais plus à m'arrêter! J'écrivais sur mon téléphone, parce que c'est beaucoup plus pratique qu'on pense. Je pouvais écrire pendant que je faisais mon épicerie, en attendant chez le dentiste. C'est d'ailleurs pourquoi il y a des tonnes de fautes d'orthographe sur l'internet. Mon autocorrecteur changeait systématiquement le nom de Tessa [l'héroïne], par ''yes'' [oui]. [...] Je pouvais écrire un chapitre en deux ou trois heures. »

Elle a caché ses écrits à son mari.

« Je l'ai caché à mon mari et à tout le monde, en fait! Moi, je ne crois pas qu'il faille tout raconter à tout le monde. C'est peut-être à cause de mes insécurités. Mais j'avais l'impression que mon écriture, c'était mon truc à moi. J'ai habité dans une communauté de militaires plusieurs années, à cause du travail de mon mari, et plusieurs femmes ne se définissent que comme cela: par le métier de leur mari. Là, j'avais trouvé un truc à moi. Mon truc à moi [...] Bien sûr, maintenant, il me lit et il est très fier de moi. [...] Quant aux scènes de sexe, non, il n'est pas surpris [rires]. Il me connaît depuis très longtemps... »

Ses scènes de sexe valent mieux qu'un cours d'éducation sexuelle.

« Je ne veux pas être une professeure d'éducation sexuelle, mais comme Tessa n'a que 18 ans, pour moi, il était très important qu'elle se protège. Elle est jeune. Ce n'est pas que je croie que la fiction doive être éducative à tout prix, je trouvais simplement important, pour moi, qu'elle se protège. [...] J'ai une lectrice brésilienne de 19 ans qui est venue me voir pour me dire que mon livre lui avait permis de parler de sexualité avec sa mère. Il faut que les adolescentes soient informées. Vous savez, dans la plupart des écoles américaines, tout ce qu'on fait comme éducation sexuelle, c'est de prôner l'abstinence! »

Elle le dit et l'écrit: les jeunes filles aiment ça, le sexe, aussi.

« Très souvent, on dirait qu'on dit aux jeunes filles qu'elles ne devraient pas aimer ça, le sexe, qu'elles ne devraient pas s'y intéresser. C'est faux! Les filles ne devraient pas se lancer dans une relation si leur plaisir n'est pas au rendez-vous. Je lis beaucoup de fiction et on ne parle toujours que du plaisir des hommes. La fille fait 50 pipes à son copain, et n'a jamais rien en retour. On ne parle jamais du plaisir des filles. [...] C'était important pour moi que le plaisir et les émotions de la jeune fille passent en premier. [...] Non, je n'ai jamais lu quelque chose comme ça avant. Oui, c'est peut-être ça, ce qui explique mon succès. En tout cas, si c'est le cas, ce serait vraiment cool! »

After, la série

Elle compte pour l'instant cinq tomes: La rencontreLa collisionLa chuteLe manque et L'Éternité. L'histoire est archi classique: Tessa, une jeune fille de bonne famille (vierge et studieuse, il va sans dire) rencontre un ténébreux bad boy, Hardin, alias Harry Styles. Et c'est dans ses bras qu'elle découvre tout de sa sexualité. Sans filtre. Mais avec protection. Et surtout avec plaisir. À lire à partir de quel âge? À vous de juger.