CSS, Wordpress, HTML sont des mots étrangers pour vous? Vous comprenez le langage HTML aussi bien que les hiéroglyphes? Les ateliers Ladies Learning Code sont peut-être pour vous.

Depuis le mois de janvier, Ladies Learning Code (LLC) prend de l'expansion à Montréal. L'organisme à but non lucratif né à Toronto propose en effet de démocratiser l'art du code et de la programmation. Créé spécifiquement pour encourager les femmes à se lancer dans un univers masculin, l'organisme est ouvert aussi aux hommes et a même développé des classes pour les enfants.

On en a parlé avec les deux responsables de la section montréalaise, Cassie L. Rhéaume, 25 ans, intégratrice web, et Nancy Naluz, 24 ans, développeuse d'interfaces utilisateurs: deux jeunes femmes qui, contrairement à ce que leurs professions peuvent laisser penser, ne sont pas tombées dans l'informatique quand elles étaient petites.

Aucune de vous ne travaillait en informatique avant d'aller dans un atelier de LLC. Qu'est-ce qui vous a donné le déclic?

Nancy: J'ai assisté à un atelier à Toronto, et c'était la première fois que je faisais quelque chose en programmation. Je suis tombée amoureuse de l'atelier. Je n'étais ni développeuse ni programmatrice, mais maintenant je le suis devenue!

Mon bagage est en musique et en communication, je n'étais pas du tout technologique. Mais cet atelier m'a donné confiance.

Cassie: J'ai un parcours en communication, je m'intéresse au web depuis longtemps. Je voulais apprendre à programmer: j'ai maintenant appris les rudiments du métier.

Quand on pense «développeur» et informatique, on imagine souvent un langage inintelligible, maîtrisé par quelques élus, de préférence masculins et barbus. Ça fait peur, à tort ou à raison?

Cassie: Je peux comprendre la peur et la réticence. Mais il y a deux métiers: ceux qui font le front end, la structure d'une page. Et ceux qui font le back end: les programmateurs. Ça, c'est comme un autre step. C'est là où est la complexité.

Les métiers liés à la technologie sont très masculins. Pensez-vous que le milieu est fermé aux femmes?

Cassie: La porte d'entrée est là, il faut la prendre. Il y a un grand besoin de main-d'oeuvre. Et si la communauté informatique est masculine, on est très bien reçues.

Nancy: C'est vrai que dans les événements nouvelle technologie et dans les start-ups, il y a beaucoup d'hommes. Mais nous sommes très bien reçues et nous avons beaucoup d'hommes qui viennent à notre atelier.

Est-ce que la programmation et le langage HTML sont vraiment pour M. et Mme Tout le Monde?

Cassie : Oui, définitivement. Avec Ladies Learning Code, c'est facile de s'y mettre. On donne la base, et une fois qu'on est dedans, on ne peut plus arrêter! En plus, la communauté informatique est très supportive. Les gens veulent toujours repousser les limites de leurs connaissances. On donne les bases dans nos ateliers. On prend toujours les participants à zéro.

Cet été, un article paru dans Mother Jones estimait que la programmation est la nouvelle alphabétisation. Pensez-vous que ceux qui ne maîtrisent pas ces outils sont condamnés à une certaine forme d'illettrisme?

Cassie: C'est un complément à de nombreuses carrières et de nombreuses passions. On utilise l'internet tous les jours... Ça permet d'être à l'aise, d'en apprendre plus. Ça peut juste être positif. Mais je ne considère pas que les gens qui ne savent pas programmer sont des illettrés. Mais de plus en plus souvent, dans de nombreux milieux, comme la communication, ça devient un incontournable.

Vous donnez des ateliers auprès des enfants, et des petites filles. Pourquoi?

Nancy: Pour enlever l'idée que la technologie est une affaire d'hommes, il faut approcher les filles rapidement. On a fait un atelier chez Microsoft avec des filles entre 8 et 11 ans et à la fin, elles ont fait un site web. Tout le monde peut le faire (...) On a des objectifs à plus long terme pour approcher les jeunes de façon plus suivie, peut-être avec les écoles.

Comment ça marche?

Ladies Learning Code

Fondé en 2011 à Toronto, Ladies Learning Code est un OBNL, financé par des commanditaires comme Microsoft, Facebook, Autodesk, Canada Computers, etc. L'initiative est présente dans plus de 20 villes au Canada.

À Montréal depuis janvier, LLC offre des ateliers thématiques environ deux fois par mois. La rencontre a lieu chez un organisme ami, et une dizaine de mentors encadrent les séances. Les ateliers sont donnés en anglais et en français.

Les cours ne s'adressent ni aux initiés ni aux connaisseurs: tous les niveaux sont donc les bienvenus.

Chaque séance coûte 50$, mais les organisatrices invitent celles et ceux qui n'auraient pas cette somme en poche à les contacter.

Le prochain atelier a lieu samedi 8 novembre, à la Maison Notman, et sera consacré aux bases du CSS et du HTML.

Info: http://learninglabs.org/