Personne ne pensait que ce serait facile. Pendant un an, ils ont essayé de se préparer au grand départ. Il aura fallu les pousser, les traîner et les tirer jusqu'à la toute dernière seconde.

AUTOMNE



Octobre: bureau de la directrice, école Monseigneur-Richard

Réunion au sommet en ce début d'année scolaire. Ariane L'Heureux-Letendre et Jean-Pierre Deschênes passent en revue une douzaine de noms avec la directrice adjointe Geneviève Troli. «On veut s'assurer qu'il peut y avoir cohésion au sein du groupe. Il ne faut pas que ce soit trop explosif», soulève Ariane.

Trois jeunes se joignent au projet pour la deuxième année. Vicky, Jayson et Léa*. «Vicky a des amis cette année. On va se concentrer à la valoriser verbalement», dit Ariane.

Et Jayson? «Le problème, c'est que son père croit tout. Dès que Jay a des ennuis, il appelle papa pour lui donner sa version des faits, alors on arrive toujours deuxièmes. Ça devient difficile de collaborer avec lui», note Mme Troli en soupirant.

Léa suscite plus d'inquiétude. Elle n'a pas de limites. Dernièrement, elle s'est réveillée dans l'appartement d'un total inconnu avec qui elle avait couché.

À sa première année au secondaire, Cédric sera aussi pris en charge. «Il a besoin d'un cadre», croit Jean-Pierre. Sa mère a peur qu'il soit dans un gang de rue. Il traîne, tard le soir. «C'est souvent la police qui le ramasse.» Le policier communautaire l'a inscrit de son propre chef dans une équipe de hockey. «On va voir si ça dure. Il a l'air d'aimer ça», dit Ariane.

Fred est un autre nouveau à l'école. Il arrive de Saint-Jérôme, où il vivait avec sa mère avant qu'elle ne le mette à la porte. Il habite maintenant avec son père. «On ne le connaît pas beaucoup», dit Jean-Pierre. Ce qu'ils savent: il consomme de la drogue tous les jours, il a déjà été arrêté pour des délits mineurs, son père a eu un passé très difficile et craint que Fred emprunte la même voie. «Fred en a peur», note Ariane.

Début novembre: local du groupe, école Monseigneur-Richard

Vicky joue nerveusement avec le bracelet de billes qu'elle porte au poignet droit. Juste en dessous, sur son avant-bras, elle a gravé le mot «FUCK» et un coeur dans sa chair avec un stylo.

À côté d'elle, Cédric regarde fixement le sol, son éternelle casquette vissée sur le crâne.

La rencontre de groupe est commencée depuis quelques minutes, déjà, mais la majorité des jeunes n'ont pas encore donné signe de vie.

«Vas-tu les chercher dans leurs cours, Jean-Pierre?», demande Ariane. C'est comme ça chaque semaine.

Aujourd'hui, au programme : une petite improvisation qui s'avèrera extrêmement révélatrice. Un élève doit raconter une histoire, vraie ou inventée, que tout le groupe mettra ensuite en scène.

Cédric se porte volontaire. Il se lance dans le récit rocambolesque d'un groupe d'ados qui vole dans un magasin, se fait prendre et menotter par les agents de sécurité et réussit à s'évader.

Chacun reçoit son rôle. Vicky refuse de jouer. Elle boude dans un coin.

L'improvisation commence. Les jeunes commettent leur vol imaginaire, se font maîtriser par Jean-Pierre, l'agent de sécurité, et réussissent à défaire leurs liens. Au moment où ils se sauvent, Ariane entre en scène dans le rôle de la mère de Cédric.

«Qu'est-ce que tu as fait, mon fils ? La police m'a appelée.»

Cédric sort un pistolet invisible de sa poche, vise la tête et tire à bout portant.

Vicky grave le mot «FUCK» et un coeur dans sa chair avec un stylo.

Fin novembre: devant l'école

C'est jour de sortie. Le groupe part en Estrie pour faire de l'équitation. La plupart des élèves ne sont jamais allés aussi loin.

Fred est le premier arrivé, accompagné de son père. Il a l'air maussade de quelqu'un qu'on oblige à faire quelque chose.

«As-tu hâte?»

Il hausse les épaules. «Non. J'aurais été ben mieux chez nous.»

Son père serre les mâchoires, furieux.

Une des filles, Léa, est en retard. «Elle m'a confirmé hier qu'elle venait», soupire Ariane, qui se met aussitôt au téléphone. Pas de réponse à la maison. «On va aller la chercher.»

La fourgonnette de 15 places se gare devant le petit immeuble à logements en brique. Ariane frappe à la porte. Léa sort quelques minutes plus tard, l'air endormi.

Dans la camionnette, les jeunes s'impatientent. «Coudonc, c'est ben long aller là.» Ils veulent arrêter pour fumer en chemin. «Non. Vous fumerez en arrivant», répond Jean-Pierre, ce qu'ils font dès que le véhicule s'immobilise dans le stationnement de gravier du centre équestre.

Dans l'écurie, la propriétaire parle des chevaux. Jayson l'interrompt sans cesse, pendant que les autres garçons complotent, un peu en retrait.

«Cédric, aimerais-tu m'aider à sortir ce cheval de son box?», demande la femme en montrant une jument baie aux yeux doux.

L'attention du garçon monte d'un cran alors qu'il s'approche de la bête, deux fois plus haute que lui. C'est avec un calme inhabituel qu'il prend la corde que lui tend la propriétaire et tire le cheval vers l'avant.

«C'est fou comme ça les apaise», souffle Ariane en regardant son groupe se mettre au travail avec les autres chevaux. Cédric ne se fâche même pas lorsque sa jument lâche une montagne de crottin sur le plancher. Il éclate de rire et se met à pelleter.

*Nom fictif

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Cédric sort une jument de son box.

HIVER

Début février: chez Cédric, Verdun

«L'autorité, Cédric, il n'accepte pas ça.»

Brigitte, la maman de l'adolescent, nous accueille dans son petit appartement de Verdun pour parler de son fils. Il n'est pas encore rentré de l'école. Elle ne sait pas s'il vient dormir où s'il s'en va chez son oncle, où il passe beaucoup de temps.

«Quand il était petit, il débordait d'énergie. Il fallait tout le temps le surveiller», raconte la femme de 41 ans en jouant nerveusement avec une mèche de ses longs cheveux teints en noir. «Il grimpait partout. Je me retournais une seconde et il était debout sur le comptoir de cuisine.»

Au début, elle y arrivait toute seule, mais lorsque Cédric a commencé à être violent, elle a craqué. «J'ai demandé de l'aide. Je l'ai fait placer.»

Le garçon a vécu en famille d'accueil durant plus d'un an. «Il m'en veut, mais je n'étais plus capable. Il fallait que je pense à ce qui m'attendait moi. J'ai profité de ce temps-là pour me reprendre en main.»

Elle a fait des études d'auxiliaire familiale et depuis, elle travaille à temps plein. Elle a repris son fils chez elle.

«Depuis sa sortie du foyer, les choses s'étaient replacées, mais là, j'entends des histoires de gang de rue et de fumage de pot. Je m'inquiète parce qu'il est attiré par les mauvaises influences. Il veut des amis à tout prix.»

Mi-février: Base de plein air Le P'tit Bonheur, Laurentides

Vicky serre si fort sa fourchette que ses jointures sont complètement blanches. Elle fixe son assiette de spaghettis avec le regard vide de quelqu'un qui n'est pas dans son état normal.

«T'as pas faim?», lui demande Ariane. Elle hoche mollement la tête pour faire non.

Nous sommes vendredi soir à la base de plein air Le P'tit Bonheur, à Lac-Supérieur dans les Laurentides, où le groupe passe le week-end.

«On veut que tout le monde apprenne à se connaître pour former un noyau avant le Mexique», explique Jean-Pierre. Les intervenants souhaitent aussi aborder certaines questions, comme celle de la consommation de drogue, qui sera strictement interdite en voyage. «On doit savoir s'ils sont capables de se plier à cette règle parce qu'au Mexique, ils ne rigolent pas avec ça.»

Rapidement, le sujet s'impose. Vicky est clairement intoxiquée. Quelqu'un a apporté de la drogue à l'auberge.

«On sait qu'il y a de la drogue dans la place. On demande à ceux qui en ont de mettre le stock sur la table maintenant. Il n'y aura pas de conséquences, mais on va le confisquer», dit Ariane. 

Personne ne bouge.

«Ça prendra le temps qu'il faut, on ne fera aucune activité avant que ce soit réglé», tranche Jean-Pierre.

«On essaie de les faire prendre eux-mêmes les décisions. Comme ça, le groupe se gère seul et paye de ses erreurs. S'il y en a qui niaisent, ils en payent tous les conséquences», nous confiera plus tard Ariane.

Enragé, Cédric se lève d'un bond, frappe dans le mur et s'enferme dans une chambre. Léa* accuse Vicky d'être responsable, ce que cette dernière nie catégoriquement. Soudainement, Nickolas, nouveau dans le groupe, lance dans un geste théâtral un petit contenant rempli de pot sur la table.

«Merci de ta franchise Nick, mais ce n'est pas ce qu'on cherche», dit Ariane, qui s'empare tout de même de la drogue.

Fred explose. «Vous nous demandez de la drogue, on vous en donne et vous n'êtes pas contents. Je m'en vais chez nous.» Il met son manteau et sort dans la nuit froide. Tout le groupe le suit, sauf Cédric et Vicky, les deux plus jeunes, qui restent assis, l'air repentant.

Les autres reviennent une heure plus tard. Vicky a entre-temps avoué que les filles lui ont donné de l'ecstasy. La nuit suivante, elles lui écriront «kick me» dans le visage avec un crayon à maquillage noir.

Début mars: bureau de la directrice, école Monseigneur-Richard

«On ne peut pas l'amener au Mexique. Elle va se mettre en danger.»

Ariane parle de Léa avec la directrice, Geneviève Troli. Les deux femmes sont inquiètes. «Il va arriver un accident d'ici juin. Elle va faire une connerie, s'inquiète Mme Troli. Il faudrait un placement préventif par la DPJ.»

Des membres de gang de rue tourneraient autour de la jeune fille. Elle a le profil idéal pour être recrutée. On craint qu'elle n'ait été victime dans un «gang bang».

«Il faut qu'on ait un minimum de confiance envers les jeunes. Elle, on ne sait pas comment l'arrêter. Elle est trop dans le plaisir immédiat. Imaginez si elle croise des gars sur la plage. Elle va partir avec eux sans poser de question.» Il faudra lui annoncer la décision: elle ne va pas au Mexique.

Dans le reste du groupe, plusieurs jeunes commencent à hésiter à partir. C'est le cas de Fred. «Moi j'y vais pas. C'est sûr qu'on va se faire pogner avec du pot.»

Vicky, elle, change constamment d'idée. Le rejet qu'elle a subi au camp l'a refroidie. Elle a peur. «Elle se laisse intimider. C'est sa façon d'entrer en contact avec les autres. Elle se fâche quand on la défend», souligne Ariane. Même Jayson, pourtant le plus assidu du groupe, menace d'abandonner. «Je veux pas être pogné pendant deux semaines avec ces caves-là.»

Fin mars: local du groupe, école Monseigneur-Richard

«Nickolas revient de l'école frustré. Il fume pour se calmer.»

Assise sur une chaise en plastique orange, Elizabeth rencontre pour la première fois les deux intervenants qui encadreront son fils durant les prochains mois. Même si c'est à cause des problèmes de comportement de Nickolas qu'elle est là, et que la direction de l'école considère qu'elle ne collabore pas, la femme parle d'un ton calme et posé.

Elizabeth considère avoir la situation bien en main. «Mon fils et moi, on se dit tout. Il n'y a pas de tabous. Il a des condoms à sa disposition à la maison et je sais qu'il fume du pot. J'aime mieux qu'il fasse ça chez nous qu'ailleurs», nous confiera-t-elle plus tard.

L'adolescent, nouveau dans l'établissement, a été suspendu deux fois récemment ; la deuxième fois justement parce qu'il avait consommé de la drogue.

«Il voulait se faire prendre, croit sa mère. Il dit qu'il n'est plus capable de l'école.»

Les problèmes ont commencé, dit-elle, lorsqu'elle a divorcé. «Nicko était en 4e année. Il a changé d'école et j'ai quitté mon mari durant la même période. Ça a été pas mal rough. Depuis ce temps-là, il va moins bien.»

*Nom fictif

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Le groupe à la base de plein-air Le P'tit Bonheur.

PRINTEMPS

Mai: local du groupe, école Monseigneur-Richard

Jayson a été suspendu. «Sa belle-mère s'est chicanée avec la secrétaire de l'école et Jay a envoyé chier la secrétaire pour la défendre», raconte Jean-Pierre.

Fred, lui, fait un retour dans le groupe. Il a manqué les dernières rencontres après avoir été arrêté pour vandalisme.

«J'ai fait des graffitis sur un char de police», admet-il. «VTB», pour Verdun Town Bloods. Fred refuse d'ailleurs catégoriquement de porter le chandail du projet, qui est bleu. «Je sais qui respecter», dit-il.

Nickolas et Cédric sont tout aussi intraitables.

Aujourd'hui, ça parle de filles à la table. Fred répète inlassablement «Take it, bitch» en mimant le geste de pousser une tête sur sa fourche, ce qui provoque l'hilarité des autres garçons.

«Avez-vous des blondes?», demande Jean-Pierre. «Moi, j'aime une fille depuis sept mois, répond Cédric. Mais elle me manipule. Les filles, c'est manipulateur», tranche-t-il.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Fred chante au souper spectacle.

Il baisse les yeux pendant que les autres racontent comment ils ont «trompé leurs blondes», ou qu'ils ont «cruisé plein de filles en même temps».

«Moi, dit timidement Cédric, je pense que quand t'es avec quelqu'un, il faut que tu la respectes.»

Fin mai: auditorium, école Monseigneur-Richard

«Tu dis que tu peux faire confiance à tes proches. Tu ris un peu moins quand ils t'ont vidé les poches.» Fred s'arrête en pleine lancée, baisse le micro et lâche une longue expiration.

Chu stressé!»

C'est soir de spectacle à l'école. Le rappeur québécois Manu Militari vient chanter pour aider les jeunes à amasser de l'argent pour leur voyage.

Fred, passionné de musique, s'est porté volontaire pour faire deux chansons. Ses propres compositions. À quelques heures du lever de rideau, il est nerveux.

La salle se remplit peu à peu. Fred fait les cent pas. Son père, Daniel, arrive et lui fait un signe de tête avant de s'asseoir au premier rang, caméra vidéo à la main. L'animateur de la soirée souhaite la bienvenue aux quelques centaines de spectateurs et présente Fred.

L'adolescent attend la musique et se met à rapper d'une voix faible. Il parcourt la foule des yeux, croise le regard de son père et chante un peu plus fort.

Dès la pièce terminée, il saute en bas de la scène et frappe dans les mains de ses amis. Son père essaie de se frayer un chemin et lui donne une timide tape sur l'épaule en lui murmurant des félicitations, visiblement mal à l'aise. Son fils regarde ailleurs.

Ariane s'approche. «C'est quelque chose», souffle Daniel.

«Tu as aimé ça?», demande la psychoéducatrice.

«Je suis très fier. J'ai le motton, admet l'homme du bout des lèvres. J'espère juste qu'il va se concentrer là-dessus au lieu de faire des conneries.»

Mi-juin: chez Fred, Verdun

«Frédérick! Viens icitte.» Fred se dandine nerveusement dans l'escalier qui mène au sous-sol de l'appartement. Dans la cuisine, son père, Daniel, fulmine.

«Viens icitte!» Fred se faufile entre le mur et son père et s'enferme dans la salle de bains.

«Frédérick. Qu'est-ce que t'as dans ta main?»

«Rien», répond la voix derrière la porte.

«Je sais que t'as du pot. Tu me prends pour un cave? C'est qui qui fait ton lavage? J'en trouve tout le temps dans tes poches, hurle Daniel. Sors.»

Fred avance dans la cuisine, les poings serrés, les lèvres tremblantes. Il tend un petit sac à son père. «Je veux pas que tu fumes à la maison. C'est clair?» Puis, à la stupéfaction de l'adolescent, Daniel lui redonne la drogue.

«Pourquoi tu lui redonnes?» La question de Jean-Pierre, qui a assisté à l'altercation en silence, fait sursauter père et fils.

Le psychoéducateur est de passage chez eux pour s'assurer que le garçon aura son passeport à temps pour le départ. À quelques semaines du voyage, ils sont plusieurs à ne pas avoir reçu leurs papiers.

«Sérieusement, je suis curieux. Pourquoi tu lui redonnes? redemande Jean-Pierre. Tu ne trouves pas que c'est paradoxal?»

«Je veux juste pas qu'il me mente. C'est tout.»

«C'est sûr que c'est difficile de lui dire de ne pas fumer si toi aussi tu fumes», dit Jean-Pierre.

«Moi, c'est moi et lui, c'est lui. C'est pas une raison pour qu'il finisse comme moi», grogne Daniel.

Fin juin: local du groupe, école Monseigneur-Richard

« Verdun, c'est mon hood. C'est chez nous ici. J'veux pas m'en aller. »

La fébrilité est palpable dans la salle de classe qui sert depuis le début de l'année de base au groupe de Jean-Pierre et Ariane. Le grand départ est dans quelques jours ; on donne les dernières instructions aux jeunes et à leurs parents.

«Je sais pu si ça me tente. Je suis bien à Verdun», dit Cédric.

«Ben voyons! Tu pars juste deux semaines. Tu vois pas la chance que t'as, mon gars. Je donnerais beaucoup pour être à ta place», lui répond sa mère d'un ton sans appel. Le garçon hausse les épaules.

«C'est normal d'être nerveux. C'est nouveau pour vous, dit Ariane. Mais on va avoir du fun.»

Les consignes tournent autour de la drogue. «Les autorités mexicaines ne niaisent pas avec ça. Donnez-vous une chance. N'en amenez pas. Vous allez saboter le voyage de tout le monde.»

Nickolas s'agite. «As-tu peur de ne pas être capable?», lui demande Jean-Pierre.

«Non. J'suis pas accro.»

Sa réponse ne rassure personne. Pour ne prendre aucun risque, les bagages seront d'ailleurs fouillés le matin du départ. Un policier viendra même superviser les opérations.

«Les parents, lavez les valises avant de les remplir, juste au cas... On veut que ça sente le Bounce», prévient Ariane.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Fred écoute de la musique sur l'ordinateur de Jean-Pierre avant la dernière réunion du groupe.