Avis aux globe-trotters : vous êtes-vous déjà demandé s'il est possible de trouver la pilule du lendemain à Hanoi, des capotes à Karachi ou des tampons à Lagos ? Vous n'êtes pas seules. C'est justement avant de faire un périple en Asie que Lani Fried, une jeune enseignante américaine, a réalisé qu'il existait très peu d'information sur un sujet féminin pourtant existentiel : la santé sexuelle. Ainsi naissait Gynopedia, que le Teen Vogue qualifie de « Wikipédia de ton vagin », une ressource inusitée dont les voyageuses ne pourront plus se passer. Cinq questions pour comprendre.

Qu'est-ce que c'est, Gynopedia, exactement ?

« Disons que vous avez besoin d'une clinique pas chère à New York, d'un gynéco lesbophile à Bangkok ou de la pilule du lendemain à Lima, eh bien, Gynopedia est pour vous », répond Lani Fried, par courriel. C'est elle qui, l'été dernier, devant le manque flagrant d'information du genre, a eu l'idée de lancer ce gigaprojet, une sorte de base de données sur la santé reproductive des femmes, de type Wikipédia. Des dizaines de pays et villes sont répertoriés par ordre alphabétique, avec une foule de renseignements pertinents, et surtout inusités : sur la régulation des naissances, la pilule du lendemain, les ITS (dépistage, vaccins et ressources), les produits menstruels, les grossesses et avortements. De l'Argentine au Viêtnam, en passant par la Chine, l'Inde et le Maroc, tout y est. Ou presque.

Combien de pays sont listés et d'où provient l'information ? Est-ce fiable ?

Aux dernières nouvelles, Gynopedia couvrait 80 villes et 60 pays, affirme la voyageuse de 31 ans. Évidemment, l'information n'est jamais exhaustive, souligne-t-elle. C'est la beauté de la chose : en tout temps, les lecteurs peuvent corriger ou ajouter des données, comme ils peuvent le faire avec Wikipédia.

Avis aux intéressés : elle invite tous les lecteurs (lectrices), qu'ils viennent d'un petit village ou d'une mégapole, à faire partager leurs connaissances en termes de santé sexuelle des femmes ici. Les sources doivent toujours être citées. De son côté, Lani Fried a personnellement contacté une foule d'ONG, pharmacies et autres organisations locales pour en savoir plus sur les ressources offertes pour les femmes, du Ghana au Qatar, en passant par l'Ouganda.

Une grande surprise à noter dans vos recherches ?

« Les femmes, et tout le monde en fait, quel que soit le genre, nous faisons face à d'énormes barrières quand vient le temps de trouver des ressources en santé à travers le globe. Si Gynopedia peut réduire ne serait-ce qu'un peu ces barrières, alors nous allons dans la bonne direction ! », répond la jeune femme.

En quoi voyez-vous ce site comme une forme d'émancipation des femmes ?

« L'information, c'est l'émancipation, dit-elle. J'ai lancé Gynopedia avec la ferme conviction que les femmes, et que tout le monde, en fait, devraient avoir le droit de prendre des décisions éclairées par rapport à leur corps. » Qu'il s'agisse d'avoir un enfant ou de se faire avorter, de prendre la pilule ou pas, « c'est à eux que le choix revient, point ».

Et après ? Où s'en va Gynopedia ?

Lani Fried voit grandir son site chaque jour. Une nouvelle page sur Tunis devrait apparaître sous peu. Elle est aussi en contact avec plusieurs traducteurs, en vue d'offrir une version en français et en arabe, et rêve de traduire son site en espagnol et, pourquoi pas, en hindi. Avis aux intéressés.