L'infirmière Marie-Marcelle Godbout, 69 ans, a fondé en 1980 le premier organisme d'aide aux transsexuels du Québec. Elle-même transsexuelle, elle voulait changer l'image négative associée à sa condition.

Sa première entrevue à la télé, avec Jean-Luc Mongrain, a suscité tout un émoi. «Je me prenais pour mère Teresa! Je voulais tellement aider que j'ai donné en ondes mon numéro personnel pour dire qu'une ligne d'écoute existait pour les transsexuels.»

Le téléphone a commencé à sonner chez elle jour et nuit. Trente ans plus tard, c'est toujours elle qui répond à la ligne d'aide*.

«Les premiers temps, j'étais la seule dans les médias qui parlait de ça. Après mon passage à la télé, j'avais des grands-parents, des gens de 70 ans, qui m'appelaient... Pour la première fois, ils mettaient le doigt sur une souffrance qu'ils avaient depuis l'enfance. Avec une émotion dans la gorge, ils disaient: Ce que vous avez dit à la télé, c'est ce que je suis.»

En 1980, les transsexuels commençaient à peine à être reconnus comme des êtres humains à part entière. Marie-Marcelle Godbout a connu l'époque où les personnes comme elle étaient si malmenées qu'elles devaient se cacher. L'époque où des psychiatres tentaient de «guérir» la transsexualité avec des électrochocs.

Elle a vu trop de gens se suicider. «Si vous saviez le nombre de personnes que j'ai enterrées en cours de route, c'est incroyable. Nous étions considérées comme des criminelles. Avant 1969, on nous emprisonnait. Je me suis ramassée à la prison de Bordeaux parce que j'étais habillée en femme. Quelqu'un de sexe masculin qui portait des vêtements féminins, c'était associé à l'homosexualité. Et l'homosexualité était considérée comme criminelle.»

*Aide aux transsexuels du Québec Tél.: 514-254-9038 Courriel: ecoute@atq1980.org www.atq1980.org