On s'en doutait, c'est désormais prouvé. Demi Moore et Ashton Kutcher, Madonna et Jesus Luz, Courteney Cox et David Arquette: si les magazines à potins voient dans la femme couguar et son toy boy «LA tendance couple people» du moment, c'est que cela se résume exactement à cela. Une tendance limitée au petit monde des célébrités. Sur la planète Terre, cette couguar n'existe pas.

C'est ce soir que reprend Cougar Town pour une très attendue deuxième saison, sur les ondes d'ABC. Mais s'il faut croire son producteur, il s'agit probablement là du «pire nom d'émission de tous les temps».

Bill Lawrence (à qui l'on doit aussi Scrubs, Spin City et plusieurs savoureux dialogues de la défunte série Friends) a avoué au cours de l'été que la série, mettant en vedette Courteney Cox Arquette, portait malheureusement bien mal son nom. Car si les premiers épisodes mettaient certes la très sexy quadragénaire en scène sous la couette avec plusieurs jeunes à peine pubères, l'émission a vite évolué. On ne parle plus beaucoup de la femme couguar, mais plutôt des tribulations d'une bonne bande d'amis divorcés. À vrai dire, le terme «couguar» n'a même jamais été soufflé sur le plateau. C'est tout dire.

Toujours est-il qu'une récente enquête psychologique semble abonder dans le même sens que Bill Lawrence, quoi que pour une raison tout autre. Tenez vous bien, mesdames (et messieurs), la couguar, en fait, n'existe pas. Dans la vraie de vraie vie, à 40 ou 50 ans, on ne fantasme pas vraiment sur un jeune de 20 ans. Du moins pas sérieusement. Et inversement (c'est le triste revers de cette découverte), ces jeunes étalons de 20 ans ne rêvent pas davantage de faire leur vie avec une femme, disons, mûre.

C'est ce qui ressort d'une vaste enquête portant sur les préférences amoureuses de milliers d'hommes et de femmes, recueillies aux quatre coins du monde, dont les résultats ont été publiés récemment dans la revue scientifique Evolution and Human Behavior. Les chercheurs, de l'University of Wales Institute, à Cardiff au Royaume-Uni, ont fouillé les sites de rencontres de 14 pays. De l'Angleterre au Japon, en passant par la Grèce, la Chine, l'Australie, le Brésil et le Canada, ils ont épluché les pages de pas moins de 22 000 individus, de 20 à 50 ans, analysant leurs préférences en matière d'âge minimum et maximum de la personne idéale recherchée.

Leurs conclusions, prévisibles et largement acceptées dans le monde de l'anthropologie, sont sans équivoque. Quel que soit leur âge, les femmes cherchent systématiquement un homme d'âge égal, ou légèrement supérieur au leur. De leur côté, les hommes cherchent des femmes de leur âge, ou légèrement plus jeunes. Et sans surprise, plus ils vieillissent, plus ces messieurs recherchent des femmes plus jeunes. Nulle trace ici de femmes mûres cherchant des jeunots.

«Pour affirmer qu'un comportement humain évolue, il faut qu'il évolue dans toutes les cultures, explique le psychologue et directeur de la recherche Michael Dunn, joint à ses bureaux en Angleterre. Or, nos conclusions déboulonnent le mythe de la femme couguar. C'est un mode de vie de star, qui ne se reproduit pas dans la vraie vie.»

Ainsi, alors qu'un Brésilien ou un Ukrainien de 40 ans dira chercher une femme âgée de 22 à 41 ans, la Brésilienne ou l'Ukrainienne, elle, ciblera typiquement un homme de 38 à 52 ans.

«Bien sûr, il y a des différences culturelles, dit Michael Dunn, mais dans tous les cas, le schéma reste le même. Il n'y a pas un seul pays où les femmes, quel que soit leur âge, vont rechercher un partenaire encore plus jeune que ce que les hommes, eux, vont rechercher.»

Ainsi, si les Canadiennes de 30 ans recherchent des hommes un peu plus jeunes que la moyenne mondiale (dont l'âge va de 24 à 42 ans, pour une moyenne de 33 ans), encore là, les hommes cherchent des femmes encore plus jeunes: de 20 à 34 ans.

Le phénomène de la couguar est donc purement «anecdotique», conclut le chercheur.

Pour la survie de l'espèce?

Le psychologue et sexologue Yvon Dallaire n'est pas du tout surpris par les résultats de l'étude publiée dans Evolution and Human Behavior sur les préférences sexuelles, qui confirment une fois de plus la théorie de l'évolution et de la survie de l'espèce. «Nous ne sommes que des bactéries évoluées, des moyens de transport pour la reproduction de nos gènes», dit-il. Mais encore? «Consciemment ou inconsciemment, l'homme recherche la fertilité. Consciemment ou inconsciemment, la femme recherche la sécurité. Même aujourd'hui.»

«Cet éternel cliché sociobiologique est une insulte à l'intelligence», rétorque la sexologue Jocelyne Robert. Selon elle, si les hommes mûrs s'affichent avec des plus jeunes, c'est au contraire pour exprimer leur «pouvoir»: «Regardez comme je suis encore un étalon», ironise-t-elle.

Et si les femmes se limitent à des hommes de leur âge, ou plus vieux, c'est qu'elles sont soumises à des «stéréotypes culturels». «Les femmes se permettent peu de transgresser des interdits socioculturels. Et cela joue énormément. On a une peur infinie de passer pour la vieille nympho», ajoute la sexologue.

C'est d'autant plus «dommage», conclut l'auteure des Femmes vintage, que physiologiquement, «au point de vue de nos pulsions sexuelles brutes, la femme de 40 ans et le jeune homme de 20 ans devraient être ce qu'il y a de mieux sur le plan libidinal».

À méditer...