La toute dernière collection de haute couture créée pour le printemps/été 1987 par Christian Lacroix pour la maison Jean Patou, dont il était à l'époque directeur artistique, sera dispersée dimanche après-midi aux enchères à l'Hôtel Drouot.

Cette garde-robe d'une cinquantaine de modèles «vintage» et de nombreux accessoires devrait autant ravir les collectionneurs de raretés que les «fashionistas» puisqu'elle n'avait pas été commercialisée après sa présentation, lors des défilés de janvier 1987.

Ce vestiaire unique est mis à l'encan par le petit-neveu collectionneur et légataire du grand couturier Jean Patou, dans le cadre du programme «Un week-end au marteau», vaste opération de ventes aux enchères se déroulant samedi et dimanche dans plusieurs villes de France et destinée à familiariser le grand public au monde des enchères.

«Présentée à la presse lors des défilés de janvier 1987 à Paris, cette collection n'a jamais été commercialisée: elle est restée dans les ateliers», a expliqué samedi à l'Associated Press Jean de Mo

Juy, petit-neveu de Jean Patou.

Peu après les présentations des collections, Christian Lacroix quittait en effet Jean Patou pour fonder avec l'aide du financier Bernard Arnault (groupe LVMH) sa propre maison de couture.

L'Histoire retiendra que la griffe naissante Christian Lacroix devait alors connaître dix années flamboyantes, tant en haute couture qu'en prêt-à-porter féminin de luxe avant que son étoile ne pâlisse, avec en toile de fond la crise structurelle que connaît le secteur.

En 2005, suite à de mauvais résultats financiers répétés et en dépit d'une image de marque quasi intacte, Bernard Arnault se séparait brutalement de Christian Lacroix, maison reprise dans la foulée par le groupe de duty-free américain Falic Fashion Group.

Mais, frappée de plein fouet par la crise financière en 2008, la maison de couture a été placée en redressement judiciaire en juin 2009 et abandonnait la haute couture et le prêt-à-porter féminin.

Christian Lacroix mise sur un nouveau développement à travers des contrats de licences, habituellement générateurs de chiffre d'affaires (lunettes, papiers peints, papeterie haut de gamme...) grâce aux royalties.

À la cinquantaine de silhouettes mises aux enchères par la maison de vente Chayette et Cheval dimanche, s'ajoutent une kyrielle d'accessoires griffés (chapeaux, sacs, bijoux...), soit au total près de 330 lots. Les robes étant par essence des créations inestimables compte tenu de leur exclusivité, un prix de réserve (somme en deçà de laquelle aucune enchère ne peut être enregistrée,) «raisonnable», situé entre 500 et 1000 euros (688 et 1376 dollars), sera généralement pratiqué.

Cette collection du couturier arlésien, comporte tous les codes qui ont balisé son succès, comme les couleurs chaudes, les pois, les lignes «parisiennes» à la taille marquée, les larges noeuds ou les orchidées, en imprimé sur des robes «boule», ou encore juchés sur un bibi.