Le rideau de fin est tombé jeudi sur les défilés pour la prochaine belle saison. Une conclusion qui a prouvé que la mode parisienne abolissait les frontières, avec notamment la collection poétique puisant dans l'art de la calligraphie chez Shiatzy Chen et dans certains codes de la tradition roumaine chez Ingrid Vlasov.

Fidèle à ses racines et à sa volonté de tisser des ponts entre Orient et Occident, la créatrice chinoise Shiatzy Chen a fait appel aux pinceaux et brosses d'un maître en la matière, Tong Yang-Tze, qui a peint sur les robes en différents tons d'encre en s'inspirant d'une tradition millénaire et des paysages saisissants de la Chine. Ses traits évoquent chutes de pierres des montagnes, nuages ou richesse de la flore.Le règne minéral est rappelé par des incrustations en gouttes de pluie ou en rocailles de cristaux Swarovski, quand le règne animal est symbolisé par de larges noeuds asymétriques rappelant des ailes de papillon. Des noeuds posés sur une taille, sur une hanche, ou cintrant une robe dans un effet de plissé. Une grande partie des robes ont l'aspect «cloche» ou s'inspirent de l'indémodable silhouette européenne en «A», mais aussi de celle en «H», plus asiatique et sur lesquelles se mêlent en harmonie jacquards et broderies. La créatrice fait une fois encore appel aux tissus nobles: satin, double satin duchesse, taffetas de soie et mélanges de soies et de velours.

Les couleurs sont aussi plus brutes et plus franches. En plus du noir et de l'écru, la collection s'illumine de bleus, cobalt ou nuit, mais aussi de mauve, de vieux rose ou de fuchsia.

Pour son tout premier défilé à Paris, la créatrice roumaine Ingrid Vlasov s'est inspirée de certaines traditions de son pays natal, sans tomber dans le cliché. «J'ai choisi de défiler à Paris, car les liens qui unissent la France et la Roumanie sont bien plus que culturels. Paris, c'est la mode», a tranché la styliste en coulisse.

L'on retiendra de son vestiaire un hommage appuyé au sculpteur et compatriote Brancusi, à travers une silhouette filiforme et aussi une volonté farouche d'en découdre avec les idées reçues sur la Roumanie et ses peuples. En effet, si de larges broderies géométriques directement inspirées de l'art populaire local fleurissent sur bon nombre de modèles, les belles de Vlasov déambulent en déshabillés fluides et transparents, voire en bodies à baleine, mais les cheveux sagement recouverts d'un foulard à bords de guipure.

Les longues tuniques vaporeuses de mousseline de soie, les leggings de cuir et mousseline, les robes du soir à dos bénitier vertigineux: toutes les pièces militent pour une femme qui assume ses racines, mais s'affiche sans tabou et s'approprie son corps.