La silhouette féminine a connu samedi des métamorphoses spectaculaires, redessinée par d'épais feuilletages de tulle et des tutus géants sculptés au laser, dans la collection de prêt-à-porter féminin pour l'été prochain signée Viktor et Rolf, présentée samedi.

De son côté, Jean Paul Gaultier a opéré un retour aux sources avec une cohorte de filles en corset aux seins coniques, vêtement devenu emblématique de la griffe depuis son adoption par Madonna.

Les stylistes hollandais Viktor Horsting et Rolf Snoeren ont fait sensation avec une série de robes longues au buste menu mais à la jupe énorme, dense millefeuille de tulle décliné dans des nuances vert d'eau, jaune pâle, corail, dragée, parme.

Ils ont sculpté et coupé ces tutus géants, les trouant comme un fromage, ou découpant une bande horizontale dans toute l'épaisseur du feuilletage, ce qui donne l'illusion d'une jupe en deux morceaux.

Ailleurs, le feuilletage de tulle se dresse et s'élance vers l'épaule, déportant la silhouette d'un côté, ou crée un dos rond, dense et jaune comme une éponge.

Les visages émergent à peine de hautes et épaisses collerettes, de volumineux ruchés laissent juste échapper un bras, d'autres courent sur les épaules et les manches comme des crêtes.

Le public a chaleureusement applaudi la prouesse technique et la beauté de ce vestiaire pas facile à porter mais qui ne laisse pas indifférent.

Chez Jean Paul Gaultier, même les salopettes en denim ont des seins en obus et le trench se porte sur un simple corset et une culotte.

Casquette militaire sur l'oeil, ses amazones arborent des mini-jupes accompagnées d'une brassière-résille sur soutien-soutien-gorge pointu, des jeans lacérés, des vestes découpées sur les fesses ou à empiècement transparent, et arpentent la ville en rangers lacées jusqu'aux genoux.

Les pantalons kaki ont l'allure militaire, les vestes ont des trous d'où émergent des coques qui redessinent les épaules.

«Je suis retourné un peu aux sources, à ce que je sais le mieux faire, mes premiers défilés étaient quand même assez inspirés de la rue», explique le créateur.

Il affirme avoir voulu réagir à «une espèce de politiquement correct, une espèce d'embourgeoisement total de la mode». «A mes débuts il y avait quand même des envies des gens de s'habiller un peu différemment, de se singulariser, de dire des choses au travers de la mode», rappelle-t-il.

Chez Cacharel, le nouveau styliste, Cédric Charlier, chargé de donner un nouveau souffle à la griffe, a multiplié les jupes et robes asymétriques, plus longues derrière que devant, les longues chemises blanches sur short transparent beige, les robes sans manches, longueur sous le genou.

Des fleurs jaunes et ciel s'épanouissent sur une chemise et un short marine, un manteau écru semble maculé de taches de peinture.

Le styliste belge dit avoir songé aux images de la photographe Sarah Moon et avoir voulu créer une collection «légère comme du papier», avec notamment une gamme de dégradés de blancs.

La légèreté était aussi à l'ordre du jour chez la Japonaise Tsumori Chisato, avec une collection célébrant les hirondelles. Elles ornent des robes drapées, de confortables combinaisons-pantalons à grandes poches béantes, d'amples blouses blanches. Les ruchés, les hauts cols, les vagues de drapés contribuent à la douceur de cette collection que la styliste dit avoir conçue «pour apporter du bonheur aux gens».