Le créateur américain Marc Jacobs s'est moqué lundi soir de la crise avec extravagance et ironie, présentant à New York une collection automne-hiver 2009-2010 où le «rétro» a rencontré le futurisme, en mode acidulé.

Pendant que le «tout New York» se pressait aux défilés de l'ex-Spice Girl Victoria Beckham, épouse du joueur de football David Beckham, ou du chanteur Justin Timberlake, qui s'est lancé lui aussi dans le prêt-à-porter sous la marque «William Rast», le directeur artistique de Louis Vuitton a rassemblé dans une ancienne armurerie du sud de Manhattan un public réduit à 700 personnes (contre 2000 habituellement) et trié sur le volet, où les professionnels étaient beaucoup plus nombreux que les célébrités.

Au diable l'avarice, le créateur culte de la dernière décennie a montré soixante modèles, contre 25 en moyenne dans cette «Fashion Week» réduite à la portion congrue: dans un somptueux volume loin de l'exiguité des tentes brinquebalantes de Bryant Park où se tiennent la plupart des défilés, Marc Jacobs n'a pas voulu de podium mais a fait suivre les mannequins par des faisceaux lumineux.

Résultat, de délicieuses créatures aux yeux charbonneux et chignons vaporeux de 30 centimètres de haut, juchées sur des bottines cloutées à peine moins hautes et signées Marc Jacobs, ont illustré l'imagination débridée du quadragénaire new-yorkais. En portant des mini-jupes boule en panne de velours dorée, des pantalons ornés d'un bout de kilt plissé sur les fesses, puis des robes moulantes rose fuchsia assorties de collants vert et rose et d'un foulard en soie également vert et rose.

L'asymétrie est là, tout est court, le zip est utilisé comme une ceinture amovible sur des robes en gros satin acidulé, vert, rose, bleu ou jaune.

Puis le manteau rose fuchsia à capuche cède la place aux vestes lamées et aux brocarts, mais on continue à mélanger le violet et le bleu, le vert et le rose, et le jaune citron clôture le tout. Très féminin, très sexy, tantôt Barbarella tantôt rétro revisité, avec des clins d'oeil revigorants.

Alors que beaucoup d'exposants semblent curieusement avoir renoncé en cette saison de crise à l'accessoire, qui fait la fortune des marques, Marc Jacobs a toujours une petite panoplie de sacs à montrer, et ne s'en est pas privé lundi soir avec des pochettes matelassées violettes, vertes ou mauves.

Si certains commentateurs dans le public ont critiqué les carrures trop imposantes de certaines robes --mais les épaules larges «à la» Thierry Mugler des années 80 sont de retour--, l'enfant terrible mais chéri de la mode new-yorkaise a tout de même été applaudi à tout rompre lors de sa brève apparition, en jupe plissée noire et chemisier blanc.

Ouverte vendredi dernier, la «Fashion Week», un des quatre grands rendez-vous mondiaux bi-annuels de la mode, montre une dizaine de défilés par jour. Beaucoup d'acheteurs des grands circuits de distribution du luxe semblent absents, notamment les Russes, à qui des places habituellement réservées aux premiers rangs sont vides.

Enfin, beaucoup de créateurs ont préféré en cette année de crise des rencontres dans leurs ateliers, mais avouent souffrir du manque de visibilité de cette formule.