On peut profiter du long congé pour réécouter en boucle la discographie de Motorhead. Mais pour hiberner dans son salon, mieux vaut de la musique un peu plus tranquille, qui s'apprécie autant dans ses écouteurs qu'en fond sonore pendant qu'on fait autre chose. De la musique pour regarder pousser ses ongles et appeler cela une activité.

D'abord, le volume 6 de Supersilent (les autres sont beaucoup trop austères). Difficile de cataloguer ce quatuor norvégien, à cheval entre le free jazz, l'électroacoustique et la musique ambiante. Difficile à croire que toute cette musique est improvisée. Pendant une heure, Supersilent étend méticuleusement ses tentacules, riches en synthés. Puis toutes ces couches finissent par converger vers des pointes de pure émotion. Éthéré, presque céleste.

 

Deux suggestions de Montréalais d'adoption: Harmony in Ultraviolet ou Haunt Me, Haunt Me... de Tim Hecker, et Jackals in Envy of Man de Sixtoo. Hecker fait dans le noise. Il module et triture les sons, qui oscillent puis se cassent comme des vagues. Cela s'insinue lentement en nous jusqu'à serrer le coeur, sans qu'on comprenne trop pourquoi. Le disque de Sixtoo est plus musclé, avec son mélange d'électro et de beats noirs. Ses 13 pièces proviennent d'extraits de concerts rapiécés ensuite en studio. Le résultat est à la fois hypnotique, mélancolique et inquiétant.

Enfin, My Downfall, de Venetian Snares. On a l'impression, ici, qu'il s'est emmuré trop longtemps dans sa ville natale, Winnipeg. Sombre et lugubre, My Downfall reste quand même son oeuvre la plus accessible - heureusement, étant donné la cacophonie des autres. Elle respire, malgré le mélange de violons à la Arvo Pärt, de drill'n'bass orageux et de choeurs qui ressemblent à des lamentations angéliques. À déconseiller aux victimes de dépression saisonnière.

Envie plutôt de Prozac auditif? Pour des matins euphoriques, redécouvrez Safe As Milk, blues dément de Captain Beefheart avec un jeune Ry Cooder. Il réveille mes voisins depuis quelques semaines. Ma dernière «découverte», 42 ans en retard...