Après la chaîne Subway, au tour des restaurants Lafleur de miser sur la saine alimentation. Dans sa nouvelle campagne publicitaire, la chaîne québécoise de restauration rapide présente ses frites comme un choix santé.

La pancarte affichée dans la vitrine du restaurant Lafleur de la rue Saint-Denis, à Montréal, a de quoi méduser les tenants de la saine alimentation.

Sous le titre «Nos frites - un produit exceptionnel», l'affiche proclame que les frites sont «un aliment nutritif et énergisant, un légume exceptionnel, un choix santé». Puis on énumère les qualités nutritionnelles du produit: «Moins de calories qu'un bol de riz»; «Faible teneur en gras, en sel et forte concentration en vitamine C»; «Plus de fer qu'un bol d'épinards». L'affiche se retrouve dans les 12 restaurants Lafleur de l'île de Montréal depuis le printemps, indique Claude Pagé, adjoint au vice-président directeur de Lafleur.

M. Pagé explique qu'il tient ces données du site internet de la Fédération des producteurs de pommes de terre du Québec.

Vérification faite, il est vrai que la Fédération énumère ces avantages nutritifs sur son site. Mais elle les attribue à une pomme de terre moyenne cuite au four avec la pelure. Quant à l'apport calorifique, on fait référence à une pomme de terre moyenne, bouillie, sans la pelure.

Claude Pagé soutient qu'il ne s'agit pas de publicité trompeuse. «La pomme de terre, qu'elle soit bouillie ou frite, demeure une pomme de terre à la base, dit-il. C'est sûr qu'on la fait frire, mais avec de l'huile de canola, la meilleure huile possible.»

Les nutritionnistes interrogés par La Presse donnent toutefois un autre son de cloche: «C'est clair que l'affiche porte à confusion», croit Nathalie Jobin, directrice de la nutrition d'Extenso, une référence web de l'Université de Montréal. «Tout ce qui est écrit est vrai, mais pas pour une pomme de terre frite!»

Mme Jobin souligne qu'une pomme de terre moyenne de 173 grammes contient 161 calories. Or, lorsqu'elle est frite, elle contient environ 545 calories. «Une petite frite est donc beaucoup plus calorifique qu'un bol de riz», indique-t-elle.

De son côté, la nutritionniste Guylaine Guevremont, coauteure du livre Mangez! , croit également que Lafleur fait erreur quant à l'apport calorifique. «Mais en même temps, cette publicité a un côté intéressant: elle contribue à cesser de diaboliser les patates frites», dit-elle.

Selon Mme Guevremont, les nutriments que contient la pomme de terre ne sont pas altérés par la friture. «Consommée avec modération, la patate frite peut faire partie d'une alimentation équilibrée», conclut-elle.