Georges St-Pierre a mis plus de sept minutes avant de prononcer le nom de Michael Bisping, lors d'une rencontre avec les médias, hier, au gymnase Tristar. Il lui a fallu trois minutes supplémentaires avant d'aborder les caractéristiques de son futur adversaire, le 4 novembre au Madison Square Garden.

À l'entendre, ce combat de championnat du monde des poids moyens n'est pas tant un duel contre le Britannique qu'un rendez-vous avec lui-même. Après quatre ans d'absence, depuis sa dernière victoire contre Johny Hendricks, «GSP» est prêt à retrouver une ceinture et à confondre les sceptiques.

Son mentor Kristof Midoux émet des doutes sur son camp d'entraînement lors du podcast Uppercut de Patrick Côté? «Je vois ça comme un défi pour lui prouver qu'il a tort. Je vois ça comme une motivation supplémentaire», réplique le combattant de 36 ans. 

Certains observateurs estiment que GSP, dont le dernier K.-O. remonte à 2009, aura du mal à afficher son niveau passé? «Il y a bien des choses qui peuvent changer en quatre ans, affirme le principal intéressé. Le monde dit qu'on ne peut pas se réinventer, mais je vais leur prouver qu'ils ont tort. Et, après le résultat, je vais leur dire comment j'ai fait.» 

Finalement, comment réagir par rapport aux ventes de billets qui n'atteindraient pas les niveaux escomptés? Dans les dernières années, le portrait a énormément changé dans les arts martiaux mixtes, avec les vedettes déchues et de nouvelles têtes d'affiche. «[Les nouveaux fans] vont me connaître après le 4 novembre, dit-il. J'aime ça me sentir comme un underdog. Quand on me dit que je ne vais pas réussir, ça me motive. J'ai beaucoup de choses à prouver dans ce combat-là. Des choses à prouver à moi-même et pas aux autres, parce que je m'en fous. Je veux être fier de moi.»



«J'aime ce que je fais»

Après un court entraînement médiatique avec son entraîneur Firas Zahabi et d'autres partenaires, St-Pierre a rencontré la presse pendant plus de 30 minutes. À quelques jours de son retour dans l'octogone, il ne semble pas manquer de confiance en ses moyens («Je ne veux pas seulement battre Bisping, je veux le finir avant la limite»).

Il donne aussi l'impression de savourer le moment, même si le tourbillon ne fait que commencer. «J'ai beaucoup plus de plaisir qu'avant. Avant, je voulais juste en finir; là, j'aime ce que je fais. Il n'y a aucune place au monde où j'aimerais plus être qu'ici et vivre ce moment présent», lance-t-il. 

«C'est sûr que je vais être stressé et que je suis nerveux parce qu'on a mis beaucoup de travail et qu'on a toujours peur de l'échec. Ce qui me donne confiance, c'est que je ne peux pas être mieux préparé.»

Épuisé mentalement après sa victoire controversée contre Hendricks, GSP a quelque peu modifié la structure de son camp d'entraînement. Désormais, il s'accorde un peu plus de temps pour se détendre et relaxer. Avec l'essor du gymnase Tristar, il a également tous les outils et les partenaires à portée de main - ou de gant.

«La seule chose négative [dans ma préparation] est que ça fait quatre ans que je ne me suis pas battu et que je pourrais être rouillé. On ne sait pas ce qui va se passer. Je vais peut-être me planter, mais moi, je sais que je vais réussir. Je n'ai pas de regrets, je vais là et je suis content. Ça fait quatre ans et ça ne s'est jamais fait. Ça veut dire que je serais le premier si je réussis. Ça m'excite.»

Tandis que son poulain répond aux journalistes, Zahabi tape dans quelques sacs dans le gymnase. Quelques minutes plus tôt, GSP avait rappelé que l'entraîneur avait «toujours été là pour lui». Personne n'est mieux placé pour comparer le St-Pierre de 2013 avec celui de 2017. «Il a plus de savoir et de sagesse. Puis, du temps a passé. Il a pris quatre ans pour récupérer, pour retrouver sa santé et son énergie. Ça donne un Georges plus motivé, je trouve.»



Bisping fait rire GSP


Champion des poids moyens depuis juin 2016, Bisping est un bon client pour les médias. Le combattant de 38 ans a toujours eu le sens de la formule et s'est érigé comme l'un des rois des piques verbales dans l'UFC. Récemment, il a déclaré que St-Pierre était un athlète «prévisible», «ennuyeux», et que son jeu au sol était une façon d'éviter de combattre.

Réponse du Québécois, qui en a vu d'autres: «Il me fait plus rire que les autres.» Mais encore? «Si tu comprends le message psychologique qu'il envoie, c'est qu'il me supplie de ne pas lutter pour que je fasse un combat coup pour coup. Il dit ça en me provoquant et en me disant que je ne suis pas un homme.

«Ce n'est pas une mauvaise personne, il veut juste faire un jeu mental avec moi. Après, on ira peut-être prendre un verre ensemble. Enfin, peut-être pas, c'est une façon de parler. Mais je lui ai déjà parlé et c'est quelqu'un qui aime créer de l'animosité. Il y en a qui ont besoin de ça pour se motiver.»

Pour ce combat, GSP, ancien champion du monde des mi-moyens, est monté d'une catégorie de poids. Ce processus, qui inclut une nouvelle diète et la supervision d'un nutritionniste, a démarré au mois d'avril. «Quand tu affrontes quelqu'un qui est plus lourd que toi, tu dois ajuster ta stratégie, précise Zahabi. Ça fait longtemps que Georges met les gants avec des athlètes qui sont plus grands et plus larges que lui. Il sait très bien quoi faire contre un adversaire plus gros.»

UFC 217: Georges St-Pierre c. Michael Bisping, le 4 novembre à New York