Yvon Michel a trouvé déchirant de voir deux boxeurs de son écurie s'affronter, vendredi, quand Eleider Alvarez a terrassé Lucian Bute de deux crochets de droite au cinquième round de leur combat éliminatoire au titre d'aspirant obligatoire des mi-lourds du World Boxing Council.

Le président de GYM se trouvait alors en territoire inconnu.

« C'était la première fois que ça nous arrivait, a rappelé Michel samedi matin. J'ai déjà eu des boxeurs qui participaient sporadiquement à nos événements s'affronter, mais jamais deux gars sous contrat, qu'on a déracinés en plus. 

« On savait que c'était inévitable », a-t-il toutefois ajouté.

Michel est responsable de la venue de Bute, alors qu'il était avec InterBox, et d'Alvarez au Québec. On sent que le promoteur n'a pas été entiché de l'expérience.

« Lucian et Eleider sont tellement deux bons gars, que tu ne veux pas en voir aucun des deux perdre. Et puis on est dans un sport tellement cruel... »

Il sait fort bien par contre qu'avec autant de mi-lourds de qualité au sein de son écurie, ce n'est pas la dernière fois que ça lui arrivera.

Alvarez affrontera maintenant Adonis Stevenson, un autre protégé de GYM, champion du monde du WBC depuis 2013. Et c'est sans compter sur Artur Beterbiev, possiblement le joyau de l'écurie, qui attend dans l'antichambre de tout ce beau monde.

Beterbiev livrera d'ailleurs un combat élimatoire au titre d'aspirant obligatoire de l'International Boxing Federation (IBF) face à Sullivan Barrera, le 21 avril, en Floride. Le vainqueur devrait affronter Andre Ward pour sa ceinture. Beterbiev et Stevenson ou Alvarez pourraient peut-être se livrer un combat d'unification en 2018 ?

« En tout cas, jamais deux de mes boxeurs s'affronteront », a indiqué Marc Ramsay, entraîneur d'Alvarez et Beterbiev. Michel n'est pas d'accord.

« Si une telle possibilité se présente, il va accepter ce combat, a dit le promoteur, catégorique. Une opportunité pareille, tu ne peux pas passer à côté. Imaginez qu'un combat d'unification soit possible entre ces deux boxeurs. Tous les réseaux le voudraient. Est-ce que tu dis non à NBC et l'argent qui vient avec ? Ça ne se refuse pas. »

En attendant, Michel voit bien que d'ici 18 mois, il pourrait contrôler la division des mi-lourds: après tout, Ward détient les trois autres titres qui manquent à GYM.

« Ça fait longtemps que je rêve à ce moment », a admis Michel, sourire aux lèvres.

Bute absent

Bute a choisi de ne pas se présenter à cette conférence de presse. Le Montréalais d'origine roumaine et son équipe ont plutôt décidé de rentrer tôt à Montréal, afin de retrouver leur famille. La blessure est encore vive et le clan Bute n'a pas toujours apprécié les tactiques utilisées cette semaine par le clan Alvarez, qui a livré une guerre psychologique.

« Je sens qu'il y a un froid, a déclaré Michel. Cette semaine, quand Marc attaquait Lucian, son équipe m'envoyait des textos pour me demander ce qu'il faisait là, qu'on était de la même équipe. Moi, je répondais que c'était à eux de régler ça. 

« Je me suis senti un peu à l'écart cette semaine, a ajouté le promoteur. Je suis impliqué émotivement avec mes boxeurs et j'ai trouvé difficile de n'avoir que des discussions insipides avec eux cette semaine, ne pas entrer dans les détails de l'entraînement. J'ai senti que les deux ne voulaient pas trop me parler de leur préparation. Je ne suis pas habitué à ça. »