N'en déplaise à Ezequiel Maderna, la carrière d'Artur Beterbiev ne semble pas prêt de s'achever. C'est plutôt tout le contraire, en fait.

En conférence de presse cette semaine, l'Argentin de 29 ans y était allé d'une prédiction qui ne manquait pas d'audace en déclarant qu'il mettrait fin à la carrière du Russe en remportant leur combat d'hier soir, au Centre Bell. Malheureusement pour lui, Beterbiev (10-0, 10 K.-O.) ne voyait pas les choses du même oeil.

Ce dernier a durement fait ravaler ses paroles à Maderna (23-3, 15 K.-O) en demeurant fidèle à sa réputation de destructeur qui ne perd jamais de temps à disposer de ses rivaux. Résultat final de ce travail de démolition : une autre victoire de Beterbiev, une autre par knock-out, cette fois à 56 secondes du quatrième round.

«Je n'ai fait que mon travail», s'est contenté de dire Beterbiev après l'affrontement.

Maderna, qui s'était présenté à la pesée officielle de la veille avec un surplus de 2,2 lb avant de faire tout juste le poids à son deuxième essai, n'a tout simplement eu aucune chance devant les assauts incessants du Tchétchène de 31 ans, qui conserve ainsi ses titres WBO International et NABA des mi-lourds.

«Dix combats, dix victoires, dix K.-O. Artur Beterbiev est le boxeur parfait. Il faut rendre crédit à son adversaire. Il lui a donné des coups solides. Mais il n'était tout simplement pas de calibre», a résumé le promoteur Yvon Michel.

Domination totale

Beterbiev, rappelons-le, en était à son premier combat en un an, soit depuis qu'une blessure à l'épaule l'avait mis sur la touche. De toute évidence, son entourage ne mentait pas lorsqu'il disait que le boxeur de 31 ans était complètement rétabli.

Après un premier round plutôt tranquille de part et d'autre, Beterbiev s'est décidé à ouvrir la machine au second assaut avec plusieurs bonnes combinaisons. Maderna a cependant trouvé le moyen de résister, se permettant au passage de narguer son adversaire.

Mal lui en a pris, cependant. Beterbiev ne s'est pas gêné pour rappeler Maderna à l'ordre au troisième round en l'envoyant au plancher à deux reprises. Chaque fois, Maderna s'est relevé, non sans cracher son protecteur buccal volontairement afin de gagner quelques secondes supplémentaires pour récupérer. L'arbitre Marlon B. Wright l'a pénalisé d'un point à la deuxième occasion.

Beterbiev a continué dans la même veine au quatrième engagement, terrassant de nouveau Maderna peu de temps après la reprise des hostilités. L'Argentin est encore une fois tombé sous les coups de son opposant quelques instants plus tard. Mais cette fois, son coin en a eu assez, et a judicieusement choisi de lancer la serviette.

«J'ai senti qu'au premier round, il cherchait un peu ses repères. Après un an [d'inactivité], on peut lui pardonner. Il a vraiment livré une bonne performance. Je suis vraiment content», s'est réjoui l'entraîneur de Beterbiev, Marc Ramsay.

Et maintenant ?

On se doutait bien que ce n'était qu'une question de temps, mais cette nouvelle victoire de Beterbiev confirme son statut d'aspirant légitime aux plus grands honneurs dans la catégorie des mi-lourds. Reste à voir le chemin qu'il devra emprunter pour atteindre cet objectif.

Il était pratiquement acquis qu'il remonterait dans le ring en septembre et en décembre. Le Groupe Yvon Michel a indiqué dernièrement qu'il souhaitait garder son poulain le plus occupé possible, compte tenu de l'inactivité à laquelle il a été contraint par sa blessure.

Le pugiliste a cependant fait connaître son vif souhait de participer aux Jeux olympiques, maintenant que les professionnels y seront admis. Yvon Michel a indiqué que le clan Beterbiev allait analyser la situation au cours de la semaine prochaine.

Beterbiev et son promoteur ont aussi mentionné dans le passé que le but ultime du boxeur serait de croiser le fer avec son compatriote Sergey Kovalev, champion WBO, WBA et IBF chez les 175 lb. En supposant que cet affrontement ait bel et bien lieu un jour, on peut dès maintenant s'attendre à un duel des plus relevés.

Beterbiev aurait-il des chances réalistes de l'emporter et ainsi détrôner le roi Kovalev ? Difficile à dire. Mais s'il continue sur sa lancée actuelle, on peut dire sans trop se tromper que Beterbiev lui offrirait à tout le moins sa meilleure opposition depuis longtemps.