Manny Pacquiao et Floyd Mayweather n'ont plus que quelques heures à patienter avant la délivrance, le «combat du siècle» samedi, attendus aussi par 16 000 privilégiés à Las Vegas et des millions de téléspectateurs dans le monde.

Après cinq années de négociations longtemps infructueuses et de provocations incessantes, «Money» et «Pac-Man» vont enfin savoir qui des deux est le meilleur boxeur.

Un statut que l'un et l'autre ne revendiquent pas seulement pour leur catégorie, les mi-moyens, mais pour toutes les catégories, même celle des lourds.

L'enjeu du combat est l'unification des titres WBC, WBA et WBO et plus important encore pour Mayweather de préserver son incroyable invincibilité (47 victoires en autant de combats).

Mais l'intérêt de ce duel dépasse les frontières du sport: il est, avant même l'entrée de Pacquiao et de Mayweather sur le ring, le combat le plus rémunérateur de l'histoire avec 400 millions de dollars de recettes.

Déjà riches à coup de millions, Pacquiao et Mayweather vont doubler chacun leur fortune personnelle en une seule soirée, en touchant respectivement un minimum de 80 et 120 millions de dollars.

Les 16 800 personnes ayant déboursé des dizaines de milliers de dollars pour être au bord du ring en auront sans doute pour leur argent.

Dans l'assistance, un certain Robert de Niro, le fameux Jake LaMotta du film Raging Bull de Scorsese en 1980, mais aussi Clint Eastwood, réalisateur de Million Dollars Baby sur la boxe féminine, Ben Affleck, Matt Damon, Jamie Foxx qui chantera l'hymne américain, des vedettes du rap comme Jay-Z, 50 Cents ou encore des joueurs de football américain et de basketball et autres célébrités du sport.

Des billets sont encore disponibles à la revente, mais se négocie sur le site spécialisé StubHub entre 2690 et 37 442 dollars.

200 000 visiteurs à Sin City

De même, ils sont près de 200 000 à être venus à Las Vegas, Sin City, pour vivre au plus près cet événement historique. Devant les écrans de télévision, ils seront des dizaines de millions rien qu'aux États-Unis et au Canada, à avoir payé entre 90 et 100 dollars pour une heure de boxe.

Aux Philippines, c'est tout un peuple qui sera aux côtés de Pacquiao, le demi-dieu boxeur, député, chanteur et prédicateur. Parmi eux, dans la province de Maguindanao, ce sera momentanément la trêve entre les soldats du gouvernement de Manille et les rebelles du Front Moro islamique de libérations, même si chacun regardera le combat sur un écran géant différent.

Même s'il «se bat» à domicile, Mayweather ne sera peut-être pas le plus soutenu: lors de la pesée vendredi soir, dans une ambiance survoltée, devant 10 000 spectateurs ayant chacun déboursé 10 dollars, la foule était toute acquise à son adversaire.

«Pretty Boy» a les faveurs des observateurs. Mais les parieurs misent à 60 % sur un succès de Pacquiao, comme ces anciennes gloires, Mike Tyson ou George Foreman, qui aimeraient voir l'Américain mordre la poussière.

Entre les cordes, ce sont deux phénomènes du «noble art» au style et au caractère opposés qui vont s'affronter, même si tous deux, adolescents, ont connu la pauvreté avant de faire fortune à la force de leurs poings.

Dernier K.-O. en 2011

À droite, Emmanuel, dit «Manny», Pacquiao. À 36 ans, il est le seul dans l'histoire à avoir été champion du monde dans huit catégories de poids différentes.

Mais il a connu la défaite (cinq fois, avec deux nuls en prime), pour 57 victoires, et l'alcool, les starlettes de cinéma et les jeux d'argent ont failli lui coûter cher.

«Pac-Man» a cependant remis de l'ordre dans sa vie après sa conversion à l'évangélisme: «Je tire ma force de Dieu», répète celui qui aime citer des versets des évangiles sur son compte Twitter.

À gauche, Floyd Mayweather Jr, 38 ans, veut finir sa carrière fin 2015 sans jamais avoir connu la défaite. Et lui, ne fait rien pour se faire aimer: il aime afficher son incroyable richesse sur les réseaux sociaux. Le boxeur est même passé par la case prison pour avoir frappé la mère de trois de ses enfants, l'une de ses cinq condamnations pour violences.

Quant au combat, il pourrait bien aller jusqu'au bout des 12 reprises. La dernière victoire par K.-O. de l'un des deux hommes remonte à presque quatre ans, en septembre 2011.

«Pacquiao vs Mayweather, the Fight of the Century» est peut-être le «combat du siècle», du XXIe en tous cas. Mais il n'a pas la portée historique du duel entre l'Américain Joe Louis et l'Allemand Max Schmeling en 1938 en pleine montée de la menace nazie, le prestige de la trilogie Ali-Frazier dans les années 1970 ou encore le parfum sulfureux de la grande époque de Mike Tyson dans les années 1990.

Mayweather qui dispute l'avant-dernier combat de sa carrière, n'en a cure: «Cela fait 20 ans que je me consacre exclusivement à la boxe, j'ai déjà écrit l'histoire de mon sport», a-t-il insisté.