Comme Lance Armstrong a perdu ses sept titres au Tour de France, Anderson Silva devrait perdre celui de meilleur combattant de tous les temps s'il s'avère qu'il a consommé des stéroïdes. C'est du moins l'opinion de l'entraîneur de Georges St-Pierre, Firas Zahabi, qui pense qu'on n'a plus le choix de considérer son poulain comme le numéro un.

Selon la majorité des observateurs, Anderson Silva est le plus grand athlète de la courte histoire des arts martiaux mixtes (AMM), juste devant le Québécois. Mais l'UFC a révélé hier que Silva a subi le 9 janvier dernier un contrôle positif à deux substances bannies: le drostanolone et l'androstane, des stéroïdes.

«Georges est le meilleur combattant livre pour livre. Il faudra abaisser Silva. Si vraiment il a triché, on ne peut pas donner cet exemple aux jeunes. C'est ridicule, a expliqué l'entraîneur de longue date de St-Pierre, en entrevue avec La Presse. Est-ce que Lance Armstrong est considéré comme le meilleur cycliste de tous les temps? Non! Il y a quelques années, la réponse aurait été différente.»

Le titre de «meilleur combattant livre pour livre» n'a rien d'officiel. Il est toutefois porté en haute estime dans les sports de combat comme les AMM et la boxe, où il est attribué par des sites spécialisés et des journalistes.

«Georges a passé les tests de l'agence VADA, la meilleure. Tous ses tests ont été publiés. On est prêts à le refaire encore, avec des contrôles inopinés 24 heures par jour, lance Zahabi. Mes athlètes sont naturels, et oui, Georges est le meilleur combattant de tous les temps.»

Sous le choc

Dans les dernières années, Georges St-Pierre a souvent dénoncé le dopage dans son sport. N'empêche que le contrôle positif de Silva a pris bien des observateurs par surprise. Le Brésilien de 39 ans était une figure très respectée des AMM. «Je l'ai appris à Georges juste après que la nouvelle est sortie. Il était sous le choc, moi aussi!», explique Zahabi.

Au bout du fil, hier, l'entraîneur cachait mal sa frustration. Il s'est dit déçu pour son sport. Le contrôle positif de Silva s'inscrit dans une série de cas similaires dans l'UFC au cours des dernières semaines. Jon Jones qui, avec St-Pierre et Silva, est considéré comme l'un des meilleurs combattants livre pour livre, a subi un contrôle positif à la cocaïne. Le laboratoire a aussi trouvé des traces de cannabinoïdes dans le sang de Nick Diaz, l'adversaire malheureux de Silva le 31 janvier.

«C'est horrible pour le sport. Lance Armstrong n'a pas aidé le sport du cyclisme. Tellement de gens étaient inspirés par son histoire. Et après, on apprend que c'est un mensonge. Là, on vit quelque chose de similaire dans notre sport», croit Zahabi.

Par la voix de son médecin, Silva a plaidé son innocence, hier. Il jure que le contrôle sanguin positif est erroné, ou que ces substances se sont trouvées dans son sang par contamination. Le Brésilien a subi un autre contrôle antidopage le 19 janvier, mais les résultats de ce test ne sont pas encore connus.

«Une erreur avec deux types de stéroïdes différents? Je m'excuse, mais on n'est pas des imbéciles», lance Zahabi.

L'entraîneur de St-Pierre dénonce par ailleurs la manière dont toute l'affaire a été gérée par la commission athlétique du Nevada. Il est selon lui impensable que le contrôle positif aux stéroïdes ait été administré le 9 janvier et que le combat du 31 janvier ait eu lieu comme prévu à Las Vegas.

«C'est incroyable qu'ils les aient laissés se battre, dit-il. Moi, personnellement, j'aimerais que le sport soit nettoyé. Parce qu'un jour, un gars va mourir dans l'octogone, et celui qui l'aura tué va subir un contrôle positif après coup. Notre sport est déjà assez dangereux comme ça, si on rajoute le dopage par-dessus, ça devient une folie.»

Pas de retour prévu pour GSP

Georges St-Pierre ne s'est pas battu depuis sa victoire contre Johnny Hendricks, en novembre 2013, et rien n'indique que son retour est pour bientôt. Son entraîneur ne pense pas que St-Pierre remonte dans l'octogone en 2015. «On prend notre temps», dit-il. St-Pierre répète depuis des mois qu'il est en réflexion et qu'il ne sait pas s'il reviendra un jour à la compétition.