À l'inverse de celle qui a précédé son affrontement contre Chad Dawson, il y a un an, la conférence de presse, hier, en vue du combat opposant Adonis Stevenson à Andrzej Fonfara s'est déroulée dans le plus grand calme. Pas d'esclandres, pas d'insultes, pas de déclarations à l'emporte-pièce.

On a plutôt senti un certain respect entre les deux hommes, qui se croiseront dans l'arène samedi soir au Centre Bell. Stevenson (23-1, 20 K.-O.) tentera alors de conserver son titre WBC chez les mi-moyens (175 livres) dans un combat qui sera diffusé dans une quarantaine de pays.

«Adonis respecte son adversaire, car c'est quelqu'un de calme, réfléchi et qui ne parle pas à travers son chapeau, confirme le promoteur Yvon Michel. Adonis n'a rien à prouver en conférence de presse. Il veut prouver ça sur le ring. Il s'attend à une opposition ardue et très farouche de la part de Fonfara.»

Stevenson en a tout de même profité pour chuchoter quelques mots à son rival lors de la prise de photo officielle.

«Je voulais m'assurer qu'il est prêt avant que je ne me batte avec lui, parce qu'il y a toujours des excuses après [le combat]. Il me dit qu'il est vraiment prêt», a expliqué le Québécois de 36 ans.

À l'aise comme négligé

Le moins qu'on puisse dire, c'est que Fonfara (25-2, 15 K.-O.) joue le rôle du négligé dans ce combat. Après tout, il se mesurera à celui que le prestigieux magazine The Ring a sacré boxeur de l'année en 2013 - c'est le premier Canadien à mériter cet honneur.

N'allez cependant pas croire que l'Américain d'origine polonaise, qui a réussi 12 K.-O. à ses 15 derniers combats, s'en inquiète pour autant.

«Avant chaque combat, tout le monde dit que j'ai peu de chances, a-t-il indiqué. C'est normal pour moi. [...] Il peut frapper et je peux frapper aussi. Je crois que nous allons donner un bon spectacle samedi. Nous serons deux guerriers dans le ring qui essaieront de passer le K.-O. à l'autre.»

«Il est moins négligé qu'Adonis l'était lorsqu'il s'est battu contre Chad Dawson, ajoute Yvon Michel. Peut-être qu'il est moins connu et que les gens n'ont pas eu l'occasion de voir ce qu'il est capable de faire, mais il mérite d'être là. [...] Ce n'est pas tellement que Fonfara n'a pas les qualités requises pour gagner un combat de championnat du monde. C'est simplement qu'Adonis est dans une classe à part.»

Comme Mike Tyson

Bien qu'affable, Fonfara est un homme de peu de mots. Et selon Stevenson, c'est précisément de ce genre de boxeur qu'il faut se méfier le plus.

«Les gars qui ne parlent pas, ce sont toujours ceux qui sont les plus dangereux, juge-t-il. Fonfara ne parle pas beaucoup, il est à ses affaires. Ce sont toujours ceux qui ont du nerf. Ceux qui parlent beaucoup, je les aime parce que c'est de la bullshit, ce qu'ils racontent. Ils ont peur.»

Lorsqu'on affronte un combattant à ce point négligé selon les différents pronostics, y a-t-il un risque d'amorcer le duel sans être à son mieux, tant sur le plan physique que mental? Adonis Stevenson rejette cette idée sans hésiter.

«Moi, je suis comme Mike Tyson dans un ring. Dès que la cloche sonne, on lâche les chiens et ils attaquent. C'est comme ça. Je ne dors pas, moi», a-t-il lancé avec le sourire aux lèvres.

«C'est sûr qu'il est affamé, poursuit Stevenson. Il va venir pour se battre. Il va foncer, il va s'essayer. Je sais qu'il va être très dangereux.»

On saura donc samedi soir si Stevenson parviendra à endiguer les assauts de Fonfara. Ou s'il aurait dû s'en méfier davantage.