Même si plusieurs de ses proches l'ont exhorté à quitter l'octogone pour de bon, Georges St-Pierre maintient le cap. Il ne s'est fixé aucune date pour décider de son avenir et s'est déclaré heureux de pouvoir vivre et s'entraîner sans la pression habituelle. Finalement, lui seul jugera de la suite des choses.

«Chaque personne met son grain de sel, mais c'est moi qui ai le dernier mot. Souvent, les gens me demandent ce que je peux encore accomplir dans le sport. Maintenant, je ne le fais pas pour l'argent, mais par amour et pour le challenge personnel», a-t-il expliqué, mardi, lors d'une rencontre avec les médias québécois.

St-Pierre réagissait notamment aux propos de Stéphan Larouche, rapportés en début de semaine dans La Presse. L'entraîneur de boxe, qui côtoie GSP depuis 2012, lui avait conseillé de prendre sa retraite pour ne pas mettre sa santé en péril. Larouche faisait ainsi écho au discours de Kristof Midoux, le mentor de St-Pierre.

«Dans un sens, Stéphan a raison, a ajouté le combattant de 32 ans. Mais dans la boxe, les athlètes prennent leur retraite toujours plus tard. On voit Mohamed Ali, le plus grand, qui a le Parkinson. Même dans mon sport, j'ai vu des athlètes qui n'étaient plus les mêmes et qui avaient des séquelles cérébrales. Mon but était de me retirer au top, mais pour l'instant, je ne sais pas si je vais revenir ou pas.»

Peu importe si cette parenthèse inactive se transforme en retraite, St-Pierre continue à fréquenter les gymnases et à apprendre de nouvelles techniques. Celui qui a avoué avoir passé un temps des Fêtes en famille «unique» a même pris de la masse musculaire depuis l'annonce de sa pause, le 13 décembre. Si tout fonctionne sur le plan physique, c'est du point de vue mental qu'il avait besoin de vivre autre chose et de revenir à la base de son art.

«On commence à s'entraîner parce qu'on aime le sport, puis le plaisir devient un travail, et avec cela viennent les critiques et la pression. J'avais oublié la raison pour laquelle je faisais ça au début.

«Vu que je m'entraîne pour le plaisir, je sens que je deviens meilleur, a-t-il ajouté. J'essaie des choses que je ne faisais pas avant quand je visais la performance. Là, je me moque de perdre ou de gagner. Cela me permet de développer de nouvelles habiletés.»

«Déçu» par l'UFC

La relation n'a pas été au beau fixe entre le clan St-Pierre et Dana White, président de l'Ultimate Fighting Championship (UFC), en 2013. Avant de mettre en doute la victoire du Québécois contre Johny Hendricks, White avait émis quelques réserves sur son approche par rapport au dopage. L'homme fort des arts martiaux mixtes avait qualifié «d'un peu bizarre» (a little weird) la volonté de St-Pierre de se soumettre à plusieurs contrôles avant son dernier combat.

«C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai arrêté, a lancé l'ancien champion des mi-moyens. Je voulais faire quelque chose pour le sport. Je vois la direction que cela prend, et cela n'a aucun sens, c'est débile. J'ai des informations à l'interne, et cela m'a déçu.»

Pour St-Pierre, ce n'est qu'une question de temps avant que l'UFC ne décide d'adopter une politique antidopage plus stricte. N'en déplaise aux différents intervenants dont les intérêts ne sont pas forcément que sportifs.

«Si on annule un combat après un test positif, ce sont des millions de dollars qui sont perdus, a-t-il rappelé. Il y a aussi l'image du sport qui est en jeu. Si on teste tout le monde, combien d'athlètes vont se faire prendre? Je ne veux pas en parler en public et je n'accuse personne.»