Cinq à deux. Mikaël Zewski se souviendra toujours de la marque finale de sa victoire contre le Cubain vice-champion olympique Carlos Banteux. C'était en 2009 aux Championnats du monde de boxe qui avaient lieu à Milan. Sa vie n'a plus jamais été la même.

Le dernier Canadien à battre un Cubain l'avait fait une décennie plus tôt. «Les Cubains étant les meilleurs boxeurs du monde, les plus réputés, ma victoire avait fait tourner bien des têtes», raconte aujourd'hui Zewski.

Le gérant américain Cameron Dunkin - qui s'occupe entre autres des carrières de Nonito Donaire et Timothy Bradley - était à Milan ce jour-là. «Il s'est présenté et m'a dit qu'il pourrait m'obtenir un contrat aux États-Unis pour passer chez les professionnels, se rappelle Zewski. Ça s'est passé très vite.»

Le jeune athlète a tout de suite accepté. Il a fait une croix sur le chemin traditionnel qu'empruntent les boxeurs d'ici, qui se joignent à InterBox ou GYM et font leurs premières armes au Centre Bell ou au Colisée Pepsi. Son baptême professionnel a eu lieu en Géorgie, puis ont suivi la Californie, l'Iowa, le New Jersey, New York, le Nevada, Porto Rico...

Il espère ajouter, jeudi, une 16e victoire à sa fiche (15-0, 11 K.-O.) contre l'Américain Xavier Toliver (23-8, 15 K.-O.). Le duel, qui aura lieu à Las Vegas, est présenté dans la série Friday Night Fights du réseau ESPN.

Pourquoi pas le Québec?

«Mikaël est un boxeur cérébral, rapide, puissant. On va le voir monter dans le haut des classements dans les prochaines années, c'est certain», analyse l'entraîneur de Québec François Duguay, qui s'est occupé de la préparation de Zewski en 2009 avant les Championnats du monde.

Alors pourquoi les promoteurs d'ici ont-ils laissé passer un tel talent? Zewski dit n'avoir reçu aucune offre de promoteurs locaux en 2009. «Je n'étais pas pour aller cogner à la porte des promoteurs québécois en leur disant "Allo, faites-moi une offre". S'ils en avaient fait une, on l'aurait considérée, c'est sûr.»

Le droitier évolue dans l'écurie américaine Top Rank. Les bonnes relations entre organisations et InterBox devraient lui permettre de boxer au Québec très bientôt. Zewski pourrait d'ailleurs se produire en sous-carte du prochain combat de Lucian Bute, le 3 novembre au Centre Bell.

«Mais rien n'est sûr. On ne sait jamais, je pourrais subir une coupure dans mon combat de jeudi et je ne pourrais plus me battre dans six semaines. Si ce n'est pas à Montréal, ça pourrait être sur une carte d'InterBox à Trois-Rivières ou à Montréal.»

À 23 ans et avec 15 combats, Zewski n'est pas pressé. Pour l'année prochaine, il se donne l'objectif de remporter un titre mineur et de faire son entrée dans le top 20 de quelques organisations.

«Je ne veux pas bousculer les choses et aller trop vite. Je suis jeune. J'ai beaucoup de temps devant moi et je veux y aller une étape à la fois. Mais j'ai hâte d'affronter les meilleurs au monde!»