L'entraîneur de Glen Johnson le dit à qui veut l'entendre: le fait que deux des trois juges retenus pour le combat de samedi soir soient canadiens lui fait peur. Il craint que son poulain ne soit victime d'une mauvaise décision en faveur de Lucian Bute. Pour lui, la seule manière de gagner l'affrontement sera de l'arrêter avant la limite.

Orlando Cuellar affirme qu'il n'a appris que tout récemment que deux des juges étaient canadiens. «Nous essayons de changer la situation, de remplacer un juge local par un juge de quelque part d'autre. Nous ne savons pas si c'est possible à ce point», a dit l'entraîneur américain mercredi.

Le duel entre Lucian Bute et Glen Johnson aura lieu samedi soir au Colisée de Québec sous la supervision de l'arbitre américain Mark Nelson. Deux des trois juges sont québécois, Benoît Roussel et Pasquale Procopio. Le troisième, Jerry Roth, vient du Nevada.

L'arbitre doit superviser le combat, mais il revient aux juges de désigner un gagnant si le duel s'étire au-delà des 12 rounds réglementaires. «Le fait qu'il y ait deux juges canadiens n'est pas bon. Comment aimeraient-ils qu'il y ait deux juges jamaïcains», a lancé Cuellar, faisant référence à l'origine de son boxeur.

L'entraîneur note que cette situation pèse lourd sur la stratégie de Glen Johnson. S'il ne fait pas confiance aux juges, il doit absolument finir le combat avant le 12e round. «Nous pensons qu'on doit arrêter Bute soit par une coupure, soit le mettre K.-O., soit lui faire si mal que son coin jette l'éponge, énumère Orlando Cuellar, ou soit faire en sorte que l'arbitre arrête le combat parce que Bute n'est plus compétitif.»

«Nous avons quelques scénarios, mais nous avons l'impression d'être forcés de finir le combat avant la limite», a expliqué l'entraîneur.

Le gérant de Glen Johnson est moins cinglant que son entraîneur. Henry Foster assure qu'il ne réclame pas de changement parmi les juges. Il soutient par ailleurs avoir une entière confiance dans la neutralité de Michel Hamelin, responsable des sports de combats à la Régie des alcools, des courses et des jeux.

«La seule question qui nous chicote, ce n'est pas le fait qu'il y ait deux juges canadiens, mais bien deux juges du Québec, explique-t-il. Aurions-nous préféré qu'il y ait deux juges d'Ottawa, par exemple, plutôt que deux Québécois? Oui, je l'admets.»

Mais Henry Foster ne veut pas en faire tout un plat. «Glen a déjà été «volé» par des juges américains aux États-Unis!», relativise son gérant.

La neutralité des officiels locaux a quelquefois été remise en question par des Américains dans le passé. Le travail de l'arbitre québécois Marlon B. Wright avait été critiqué par certains après le premier combat opposant Lucian Bute à Librado Andrade, qui estimaient que le boxeur d'origine roumaine avait bel et bien été mis K.-O. au dernier round. Le verdict nul du premier duel entre Jean Pascal et Bernard Hopkins avait aussi suscité l'ire dans le clan du boxeur américain.

Pour la Régie des alcools, des courses et des jeux, chargée de nommer les officiels, il n'y a aucun doute que les juges québécois sont neutres et compétents. Ils ont d'ailleurs été certifiés par l'International Boxing Federation (IBF), l'organisme qui sanctionne le combat, fait valoir Michel Hamelin.

«Depuis la nuit des temps, on utilise toujours une formule 50-50, explique le responsable des sports de combat à la Régie. La moitié des officiels vient de l'extérieur, l'autre moitié, du Canada ou du Québec. Ce n'est rien de nouveau et l'IBF est au courant du nom des officiels depuis un mois et demi.»

«Si le combat avait lieu à Las Vegas, au Nevada, il y aurait uniquement des juges locaux, car le Nevada n'accepte aucun officiel de l'extérieur», note M. Hamelin.

Bute favori à sept contre un

Si son entraîneur dit vrai, il faut donc s'attendre à voir Glen Johnson chercher le K.-O. samedi soir. En conférence de presse mercredi à Québec, le boxeur de 42 ans a promis de livrer une guerre à Lucian Bute, qui vise à défendre pour une neuvième fois de suite son titre de champion du monde IBF des super moyens (168 livres).

Glen Johnson (51-15-2, 35 K.-O.) était en date de mercredi donné perdant à sept contre un par les preneurs de paris. Mais le favori ne se réjouit pas trop vite. «Roy Jones était favori aussi contre Glen Johnson et on a vu ce qui est arrivé», a lancé Bute (29-0, 24 K.-O.).

Roy Jones Jr. a été mis K.-O. en septembre 2004 par la droite légendaire de Johnson. «C'est un boxeur agressif, qui avance tout le temps, dit Bute. Il prépare avec son jab et il lance sa droite. Si je reste devant lui, je vais avoir une longue soirée.»