Finie, la guerre des mots entre Jean Pascal et Bernard Hopkins.

Les deux boxeurs, qui s'affronteront samedi au Centre Bell à l'occasion d'une revanche fort attendue, se sont contentés du minimum syndical, mercredi, lors de la conférence de presse d'avant-combat.

Après s'être lancés des insultes et des bravades à qui mieux mieux au cours des dernieres semaines, le champion du monde WBC des mi-lourds et le légendaire boxeur de 46 ans ont observé un quasi voeu de silence.

À son tour au micro, Hopkins, les mains dans les poches et sa casquette rabaissée au-dessus des yeux, a pris une respiration avant de souhaiter un bon combat à tout le monde - «Enjoy the fight», a-t-il lancé d'un ton monocorde - et d'aller se rasseoir aussitôt.

Après avoir laissé son psychologue Rob Schinke parler à sa place, Pascal s'est avancé vers le podium en levant trois doigts dans les airs.

«Plus que trois jours», a-t-il dit en faisant allusion au temps qu'il reste avant le duel fatidique, pour ensuite passer à l'anglais et lancer le même souhait que son aîné.

La période de questions a été courte. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il désirait laisser un héritage marquant - Hopkins pourrait devenir le plus boxeur le plus âgé de l'histoire à rafler un titre mondial important - l'Américain de Philadelphie a robotiquement répété «Enjoy the fight», en n'ajoutant absolument rien de plus.

Les deux boxeurs ont ensuite prestement quitté la salle, le premier côté cour et le deuxième côté jardin, sans accorder d'entrevues individuelles.

Marc Ramsay, l'entraîneur de Pascal, a été le seul à rajouter une pelure d'oignon à la rivalité en remerciant - sarcastiquement - Hopkins.

«Je veux remercier Bernard pour ce discours stupide qu'il a livré à New York, quand il a affirmé qu'il allait tuer Jean, alors qu'il n'est pas du tout reconnu comme un boxeur de puissance», a lancé Ramsay, qui a précédé Pascal au podium. «Tu as fait un meilleur travail de motivation qu'un entraîneur n'aurait jamais pu imaginer. Merci, mon ami!»

Avantage Hopkins?

Même s'il était cette fois axé sur le non-dit, ce chapitre vient s'ajouter à une longue saga entre Pascal et Hopkins, où le premier a invité le vétéran à subir un test antidopage et où le deuxième a subtilisé la ceinture du champion sans jamais lui redonner, en plus de menacer le Lavallois d'une poursuite en justice... entre autres choses.

Selon Richard Schaefer, le chef de direction de Golden Boy Promotions, le promoteur de Hopkins, ce dernier a encore remporté la bataille psychologique, mercredi.

«Ce que je trouve intéressant, c'est que lors de la première conférence de presse ici, au Québec, Bernard avait vraiment réussi, selon moi, à irriter Jean Pascal, a affirmé Schaefer. Et je crois qu'il a réussi le coup encore aujourd'hui! Le fait que Pascal se lève et répète la même chose qu'a dit Bernard, ça montre qu'il veut être comme lui. Il le suit pas à pas.

«Et comme Bernard le dit toujours, c'est le jeu psychologique en dehors du ring qui établit la fondation en vue de ce qui va se passer dans le ring. On l'a vu encore aujourd'hui.

«Je crois vraiment, et je le dis avec beaucoup de respect, que Jean Pascal est intimidé par Bernard Hopkins, a ajouté Schaefer. Je ne sais pas pourquoi, mais peut-être que c'est parce que lors du premier combat, Bernard lui a montré de quel bois il se chauffe. Ç'a affecté Jean Pascal d'une quelconque manière. Comment, je ne peux mettre le doigt dessus. Mais il est clair selon moi que, pour la deuxième fois, Bernard Hopkins a eu le dessus au plan de la bataille que les deux se livrent en dehors du ring. Aucun doute.»

Ramsay doutait sérieusement de la validité de cette théorie, toutefois.

«On n'est vraiment pas concentré sur ce que l'autre équipe a à dire, a assuré l'entraîneur de Pascal. L'approche de ce combat-là est axée sur Jean et ce qu'il peut amener. Je peux vous assurer que tant et aussi longtemps qu'on va se concentrer sur Jean, il n'y a rien que Bernard Hopkins pourra faire.

«Ç'a peut-être été une erreur, la première fois, de trop se concentrer sur ce que Bernard pouvait faire ou dire, a ajouté Ramsay. Mais maintenant il peut dire ce qu'il veut, on a une stratégie à appliquer et quand ça va être appliqué, il n'y aura plus rien qu'il sera en mesure de contrôler.»

Ramsay a par ailleurs dit qu'il n'avait jamais vu son poulain aussi motivé qu'il ne l'est maintenant.

«Jamais, même pas proche, a-t-il lancé. Tout comme je n'ai jamais vu Jean, jour après jour, être aussi constant à l'entraînement au chapitre de l'intensité.»