Bon, je l'avoue, j'avais quelques préjugés en arrivant là. Ils appellent ça le UFC Fan Expo, et il s'agit d'un énorme congrès sur tout, absolument tout, ce qui touche les arts martiaux mixtes. Je m'attendais donc à un genre de voyage sur une autre planète, avec un peu de langage ordurier, des groupes de death-métal scandinaves, et tout plein de filles en très petite tenue.

Eh bien, il y avait quelques filles en très petite tenue (ce qui n'est pas si pire, finalement), mais pour le reste? Du monde ordinaire. Normal. Des enfants, des parents, des grands-parents, des amis. Quelques bébés endormis dans des carrosses. Bref, du monde. Du monde comme on en trouve dans les arénas de la LNH ou les stades de la NFL.

Cette semaine, l'univers du UFC s'est transporté là, au Direct Energy Centre de Toronto. L'univers des arts martiaux mixtes, c'est les combattants et les t-shirts Affliction, mais c'est aussi ces fans fidèles, loyaux, qui viennent souvent de loin. De partout.

Dans le stationnement, on pouvait remarquer sur les voitures des plaques du Québec, de l'État de New York, du Michigan...

Tout ce beau monde est en ville pour le gros show, la grande finale, ce soir au Rogers Centre: le gala UFC 129, et la finale entre Georges St-Pierre et Jake Shields.

Je ne connais pas beaucoup les vedettes du UFC, mais j'ai tout de même reconnu dans les allées du Direct Energy Center un type que je connais assez bien: Tom Wright, l'ancien commissaire de la Ligue canadienne de football. Depuis bientôt un an, il est le directeur des opérations du UFC au pays.

Je lui ai demandé s'il était content de cette grosse semaine à Toronto. De tout ce monde qui est en ville juste pour ça (d'ailleurs, pas moyen de trouver un taxi par ici). Tom Wright a répondu avec un sourire gros comme ça: «C'est incroyable, avec tout ce monde, on dirait la semaine des festivités de la Coupe Grey...»

Car les fans du UFC sont intenses. Ils dépensent beaucoup de fric, et ils ne veulent rien rater. Même pas la pesée officielle, présentée hier après-midi au Colisée Ricoh. «Il y avait 8500 personnes!», de préciser Tom Wright tout en serrant des mains à gauche et à droite.

De quoi a l'air le fan typique du UFC? À vue de nez, il a l'air assez jeune et il aime voyager, mais laissons répondre Tom Wright.

«Le fan moyen, je dirais qu'il a entre 18 et 40 ans. Homme ou femme. Le fan moyen est éduqué. Souvent, le fan moyen a pratiqué les arts martiaux lui-même quand il était petit, et il le fait peut-être encore aujourd'hui. Vous savez, avec les arts martiaux vient aussi la notion de respect. C'est pour ça qu'on voit rarement des débordements chez nos fans ou nos combattants. Parce que la notion de respect est très importante dans ce milieu.»

La carte de ce soir sera présentée à guichets fermés, dans un stade de 55 000 places. Il y a une raison à ça: les fidèles viennent de partout en Amérique, et ils sont de plus en plus nombreux. Lors du plus récent arrêt du UFC au Centre Bell, en décembre, le grand patron Dana White avait pourtant affirmé qu'il ne songeait pas à présenter ses cartes dans des stades...

Le UFC serait-il donc devenu trop gros pour les arénas? «Je crois qu'on va présenter d'autres galas dans des stades, mais avant ça, il faut voir ce que celui-ci va donner», a répondu Tom Wright.

Jusqu'ici en tout cas, la semaine est un succès. Georges St-Pierre a d'ailleurs conclu la pesée d'hier sous les cris d'une foule en délire. Il a bien sûr prédit une victoire. «Ne clignez pas des yeux!», a-t-il lancé au micro, comme pour nous rappeler qu'il allait faire ça vite.

Et pour ceux qui se demandent pourquoi l'univers du UFC est si populaire au Canada, Tom Wright a une réponse finement préparée: «Notre sport favori est le hockey, et qu'est-ce qui se passe quand il y a une bagarre? Tout le monde se lève.»

Fallait y penser.