Les clans de Jean Pascal et de Chad Dawson se sont prêtés, mercredi, au jeu de la promotion et ont moussé leur combat de championnat du monde des mi-lourds de la WBC de samedi, au Centre Bell, dans une conférence de presse plutôt proprette pour un combat de boxe.

Pascal (25-1-0, 16 K.-O.), actuel champion de la catégorie, est demeuré très poli et peu loquace - ce qui est contraire à ses habitudes -, pendant que le clan Dawson (29-0-0, 17 K.-O.) lançait la majeure partie des attaques à l'endroit du camp adverse. Plutôt que du calme, les propos de Pascal, parfois livrés d'une façon un peu hésitante, ont laissé transpirer un brin d'inquiétude.

«Chad Dawson, c'est un très bon boxeur. Il est agile, rapide, intense et intelligent, a louangé Pascal. C'est un boxeur que je respecte énormément. C'est un homme que je respecte énormément.»

Pascal a même jugé bon de parler des cotes attribuées par les preneurs aux livres pour ce combat, qui sont loin de le favoriser.

«Les gens me parlent beaucoup des odds, a-t-il dit. Je suis (négligé) à 4 contre 1, 5 contre 1, 3 contre 1. Sincèrement, ça me dit peu de choses. Ce que ça veut dire, c'est que j'affronterai samedi un adversaire une coche au-dessus. Ça va être un adversaire coriace, mais je pense que c'est le temps, pour mon équipe et pour moi, d'élever notre jeu d'un cran et de relever ce défi.»

Même en entrevue, ce n'est pas le Jean Pascal auquel les médias montréalais sont habitués qu'il nous a été donné de voir et d'entendre.

«Leur hostilité me fait ni chaud, ni froid. Moi, je suis notre plan de match, s'est-il expliqué sans laisser paraître la moindre émotion. Je suis prêt pour ce combat. Je conserve mes énergies. Je ferai parler mes poings samedi soir.»

Questionné sur sa performance lors de ce point de presse, l'athlète de 27 ans l'a jugée parfaite... selon son psychologue sportif.

Quand on lui a fait remarquer qu'habituellement, c'est lui qui lance les attaques, Pascal répond qu'il est toujours le même homme, mais qu'il a plusieurs facettes à sa personnalité.

En fait, la seule flèche qu'a lancée Pascal à l'endroit de Dawson - et celle qu'il répète en boucle depuis le début de la semaine -, c'est qu'il souhaite que l'Américain soit venu pour se battre.

«J'espère qu'il est venu pour me livrer bataille. S'il croit pouvoir venir chez moi, courir comme un poulet toute la soirée et repartir avec ma ceinture, il se trompe», a-t-il de nouveau déclaré.

«Ce sera une bien longue soirée pour toi», lui a lancé Dawson, tout de même agacé que Pascal laisse entendre qu'il pourrait l'esquiver toute la soirée. «Chad Dawson n'est pas un poulet.»

«La seule chose qui pourrait nous empêcher de repartir avec cette ceinture, a quant à lui lancé le copromoteur de la soirée Gary Shaw, c'est Immigration Canada.»

Si, de toute évidence, le clan Pascal a clairement opté pour la stratégie du respect, celui de Dawson a décidé d'utiliser l'arrogance en marge de ce combat.

«J'ai le meilleur boxeur, point, a lancé son entraîneur, Eddie Mustafa Muhammad, un ex-champion de la division. Sans vouloir manquer de respect à Jean Pascal, qui est le meilleur mi-lourd que le Canada a à offrir, nous allons lui faire voir un tout autre niveau, samedi soir, un niveau de boxe qu'il n'a jamais connu auparavant. Je le répète: ce n'est pas un manque de respect de notre part. Mais je sais ce que j'ai en Chad Dawson.

«Pascal est un bon boxeur. Chad Dawson est un grand boxeur, a-t-il ajouté plus tard en entrevue. C'est ce qui sépare les deux hommes. Nous allons prouver que Dawson est le meilleur boxeur du monde à 175 livres.»

Pour le reste, bien peu d'étincelles dans ce point de presse, pas même lors du traditionnel face-à-face, où Pascal ne semblait pas respirer la confiance. Il faut dire que du haut de ses six pieds un pouce, c'est l'Américain qui regarde Pascal (5'11) de haut. Nonobstant cette différence de grandeur, il manquait quelque chose dans le regard du Québécois. Peut-être, comme il l'a fait remarquer, garde-t-il effectivement toutes ses énergies pour le combat...