La tension était déjà élevée entre Jean Pascal et Silvio Branco, jeudi, à la veille de leur combat de championnat du monde WBC des mi-lourds qui aura lieu au Centre Bell.

Quand les deux boxeurs se sont approchés pour les photos d'usage après la pesée, Pascal a appuyé son nez sur celui de Branco et a tenté de repousser l'Italien comme un bouc.

Le Lavallois avait fait de même la veille de son combat précédent, contre Adrian Diaconu, mais ce dernier avait refusé d'entrer dans le jeu de l'aspirant. Ce qui n'avait pas empêché Pascal de lui arracher le titre lors du combat.

Sauf que Branco, déjà irrité par les déclarations spectaculaires de Pascal, plus tôt cette semaine, a choisi de répliquer, lui. Il s'est mis à parler au champion pendant que celui-ci le fixait puis, pour bien s'assurer qu'il l'avait entendu, il lui a répété en s'approchant agressivement d'une oreille, puis de l'autre. Chacun a attendu que des membres de leur entourage respectif interviennent, et c'en est resté là.

Yvon Michel, le grand patron de GYM et promoteur de Pascal, a de son côté eu une vive discussion avec un membre du clan Branco.

Mais tout le monde a vite retrouvé son calme, et les deux boxeurs ont pu aller manger et boire pour reprendre des forces.

«Je ne sais pas trop ce qui s'est dit, mais Jean m'a dit qu'il a tenté de baragouiner un peu de français, mais que ce n'était pas très réussi», a indiqué l'entraîneur de Pascal, Marc Ramsay.

«Silvio lui a dit qu'il allait gagner (vendredi). Il avait un peu les nerfs à vif à cause de ce que (Pascal) avait dit, plus tôt cette semaine, en conférence de presse, à l'effet qu'il cuisinerait des pâtes italiennes à la sauce sanglante», a expliqué Patrizio Oliva, l'entraîneur de Branco.

Pascal effectuera vendredi une première défense obligatoire depuis qu'il a décroché le titre aux dépens de Diaconu, le 19 juin dernier. Branco, l'aspirant, attend cette occasion depuis plusieurs mois, lui qui a vu au moins deux rendez-vous avec Diaconu être annulés.

Les autres boxeurs locaux à l'affiche lors du gala de vendredi seront Adonis Stevenson, Sébastien Demers, David Whittom, Kevin Bizier et Pier-Olivier Côté.

Un poids parfait

Pascal a fait osciller la balance à 175,0 livres, en plein la limite permise, lors de la pesée qui s'est déroulée jeudi en début d'après-midi dans un restaurant lavallois. Branco, lui, a présenté un poids de 174,2 livres.

«Silvio est en excellente forme, a dit Oliva de son protégé de 43 ans. Un jeune de 21 ans ne pourrait pas réaliser la même chose que lui au niveau athlétique. Il a vite récupéré du décalage horaire, il a eu amplement de sommeil au bon moment.»

Branco a la réputation d'être solide, mais pas d'être si fort physiquement. Cet aspect-là représente un avantage pour Pascal, a estimé Ramsay.

«Si Branco boxe bien et que les rounds avancent, ça va devenir un avantage marqué, oui, a dit l'entraîneur du boxeur lavallois. Comme je l'ai déjà mentionné, on a décelé certaines choses chez Branco, et s'il nous ouvre la porte en début de combat, c'est sûr qu'on ne veillera pas tard.

«Jean va être plus lourd et beaucoup plus fort physiquement, a ajouté Ramsay. Je pense que les coups d'impact vont venir de notre côté aussi.»

Ramsay s'est également dit convaincu que Pascal sera bien disposé à affronter un boxeur plus technique comme Branco après s'être frotté à deux bagarreurs, en Carl Froch et Diaconu, à ses combats précédents.

«Au niveau où Jean est rendu, c'est simplement une question d'ajustement. Il est prêt pour ce combat-là, je peux vous l'assurer.»

Le silence après les déclarations

Comme il l'avait fait après la pesée du combat contre Diaconu, Pascal a refusé de répondre aux questions des médias, jeudi, après avoir fait des déclarations spectaculaires tout au long de la semaine.

«C'est une question de concentration, a indiqué Ramsay. Jean aime faire ça de cette manière-là. Il a tendance à parler beaucoup, à donner un spectacle la semaine avant le combat, mais à un certain moment, il faut se concentrer sur ce qu'on a à faire et ça devient très sérieux, le spectacle est terminé.

«Jean comprend comment ça se joue à ce niveau-là, a ajouté l'entraîneur du boxeur lavallois. Il sait où tracer la ligne entre les deux.»

Selon Ramsay, Pascal va également s'atteler à la tâche dans le ring. Souvent enclin dans le passé à faire le spectacle dans le but de prouver sa valeur aux spectateurs, il ne le fera pas, vendredi, au Centre Bell, a estimé son entraîneur. Et ce, même si seulement un nombre relativement restreint de billets a été vendu et qu'il pourrait être tenté de vouloir prouver aux absents qu'ils auront eu tort.

«Jean est rendu à 27 ans, il a de plus en plus de maturité. C'est là quelque chose qu'il maîtrise de mieux en mieux, surtout après avoir connu des expériences comme celles contre Carl Froch et Adrian Diaconu», a affirmé Ramsay.