Il en faut beaucoup pour faire perdre le sourire à Hermann Ngoudjo. Mais hier, la bonne humeur du boxeur a été mise à rude épreuve. Il faut dire qu'il avait le ventre presque vide depuis 24h, histoire de faire le poids pour la pesée officielle. Il n'a pas jeûné en vain: la balance a grimpé à 139,1 livres. Contre 139 livres pour son adversaire, Juan Urango.

Non, le problème est arrivé quand est venu le temps de choisir les gants. Urango a fait sa sélection le premier, en prenant deux gants Reyes. Des gants de cogneur, évidemment. Sauf qu'il a choisi deux gants de sortes légèrement différentes... On vous passe les détails: sachez seulement que les deux clans ont mis un bon gros 20 minutes à se renvoyer la balle. À un moment, quelqu'un a même évoqué la possibilité que la tenue du combat soit compromise. Pendant ce temps, Ngoudjo se digérait lentement... Et son sourire fondait à mesure.

Après la suspension de son entraîneur, Howard Grant, et l'interdiction d'avoir Yvon Michel dans son coin, Ngougjo n'avait pas besoin de se retrouver au milieu d'une querelle sur le choix des gants! C'est beaucoup de distractions, à 24h d'un combat de championnat du monde, non?

«Être champion, c'est savoir courir parmi les obstacles, dit Ngoudjo. Pour moi, ce ne sont pas des distractions. Ça ne m'empêchera pas de gagner ce championnat tant attendu. J'ai appris à me concentrer sur ce que j'ai à faire. À ne pas regarder les à-côtés. Maintenant, la seule chose dont j'ai besoin, c'est un bon repas.»

Finalement, les promoteurs ont fini par s'entendre. «On est satisfaits, explique Yvon Michel, promoteur de l'événement. Les deux boxeurs ont choisi des Reyes.»

Bonne nouvelle

Autre bonne nouvelle pour le Groupe GYM: la Régie des alcools, des courses et des jeux a décidé que Howard Grant pouvait accompagner Ngoudjo dans le vestiaire avant le combat. Ensuite, Grant se dirigera vers la table du réseau d'ESPN, pour qui il agira à titre d'analyste.

Les tracas semblent donc terminés pour Ngoudjo. Il ne lui reste que l'essentiel: venir à bout du Colombien. Russ Amber, promu homme de coin il y a 48 heures à peine, explique: «Urango possède un style de taureau dans le ring. Il va vouloir s'imposer physiquement très tôt. Le défi pour Hermann ne sera pas d'éviter les coups d'Urango. Ça, c'est la partie facile. Le plus dur, c'est quand il va se faire toucher. C'est à ce moment qu'il va montrer à quel point il est fort mentalement.»

Pour la petite histoire, sachez que c'est Marlon Wright qui arbitrera le combat. Celui-là même qui avait rendu la décision controversée dans le combat opposant Librado Andrade à Lucian Bute. Et qui s'est fait bousculer par Grant. «C'est un arbitre qualifié et très compétent, dit Yvon Michel. Il a fait du bon travail lors du dernier combat et on espère qu'il fasse le même travail cette fois.»