Laurent Dubreuil est passé par toute la gamme des émotions depuis une semaine. Après avoir été obligé de se retirer des Championnats du monde de sprint la mort dans l’âme en raison d’un test positif à la COVID, le patineur de vitesse de 29 ans a dû attendre jusqu’à l’extrême limite, vendredi, avant d’obtenir le feu vert pour se rendre à Heerenveen, aux Pays-Bas, site de la dernière Coupe du monde de la saison ce week-end.

Après avoir passé des tests PCR tous les jours cette semaine en Norvège, le Lévisien a appris, en fin d’après-midi vendredi, qu’il avait finalement obtenu un résultat acceptable pour faire le déplacement aux Pays-Bas.

Meneur au classement de la Coupe du monde sur la distance de 500 mètres, Dubreuil redoutait de ne pas pouvoir disputer la compétition du week-end après avoir déjà fait son deuil de l’occasion d’être sacré champion du monde la semaine dernière. Il occupait en effet le premier rang à l’issue de la première des deux journées des Mondiaux.

D’avoir perdu un de mes grands objectifs en carrière, celui d’être champion du monde sprint a été "tough". Et là, je suis premier avec une avance quand même considérable au classement de la Coupe du monde, ça aussi c’est un objectif de carrière. Je suis en train de perdre pas un, mais deux grands objectifs que j’ai depuis que je suis jeune.

Laurent Dubreuil lors d’une visioconférence depuis Oslo, en Norvège

Même s’il tente de garder son optimisme habituel, il avoue qu’il a connu des émotions en dents de scie toute la semaine, au rythme des résultats de ses tests.

« Quand je me suis fait sortir des Mondiaux, honnêtement, je pense que c’est peut-être la plus grosse déception de ma carrière, a poursuivi Dubreuil. J’ai trouvé ça plus dur à encaisser que d’avoir fini 4au 500 m aux Olympiques (à Pékin, le mois dernier). J’ai trouvé ça plus dur que de rater les Jeux de Sotchi en 2014.

« Parce que dans les deux autres cas, je me suis fait battre. J’ai toujours dit que je suis capable de vivre avec des gars qui sont meilleurs que moi. C’est la beauté du sport. Là, c’était moi le meilleur et c’est littéralement une malchance qui m’a coûté un championnat du monde. C’est quand même incroyable, ça n’arrive quasiment jamais dans le sport. »

Dubreuil occupe actuellement le premier rang du classement de la Coupe du monde sur 500 mètres avec 420 points, 69 de plus que le Japonais Wataru Morishige. N’ayant pas chaussé les patins depuis jeudi dernier, il est conscient qu’il aura besoin d’un miracle pour bien se classer lors des deux courses de 500 mètres.

« Je n’ai jamais eu une aussi mauvaise préparation avant une course, a-t-il reconnu. Je l’accepte, mon but c’est d’être sur la ligne de départ. »

Ça ne l’empêche pas d’espérer un dénouement heureux pour finir sa saison sur une bonne note.

Je ne vous mentirai pas que mon rêve est de rester premier. Ce qui ne m’avantage pas, c’est que les courses valent le double des points. Oui, j’ai 69 points d’avance, mais au final, c’est comme si j’en avais seulement 34 points. Si Morishige gagne les deux 500 m, je n’y peux rien. Mon but est de faire les meilleures courses possibles et de devancer le plus de patineurs possible.

Laurent Dubreuil

Sa tâche s’annonce d’autant plus ardue que, compte tenu de l’heure tardive à laquelle il a obtenu le résultat de son dernier test PCR, il devra faire le déplacement d’Oslo à Heereveen, tôt samedi matin, avant sa première course en après-midi. Et même si ça fait 11 ans, il se souvient de la dernière fois où il a patiné la journée même où il a pris un vol.

« Ç’avait été un désastre, s’est-il souvenu de cette expérience où il s’était entraîné à Calgary après un vol depuis Québec. Cette fois ce sont des courses, l’adrénaline va sûrement être là.

« Mon pire résultat cette année au 500 mètres, c’est une quatrième position. Ce serait un miracle que je termine parmi les quatre premiers. Les autres gars ont une préparation idéale, ils s’entraînent tous les jours.

« Mon truc, c’est d’accepter que c’est une préparation pourrie. Je n’ai aucune attente. Peu importe ce qui arrive, je veux avoir le plaisir de patiner devant une foule de 10 000 personnes dans mon stade préféré et sur ma glace préférée. J’ai juste hâte d’aller partager ça avec la foule. »

Et il peut au moins se consoler à l’idée de retrouver bientôt sa conjointe Andréanne et sa fille Rose, qu’il n’a pas vues depuis son départ pour Pékin à la fin janvier.

« Je ne pourrais pas les voir avant la fin des compétitions dimanche puisque nous sommes dans une bulle. Elles sont chez des amis en ce moment là-bas. On part ensuite pour des vacances en Espagne. »