Qu’est-ce qu’une carte de hockey ? On pourrait définir cet objet comme étant un morceau de carton sur lequel est imprimée l’image d’un joueur de hockey, faisant partie d’une collection et dont la valeur est variable et définie par un marché.

Pour les collectionneurs, cependant, cela représente d’abord et avant tout un investissement.

Ils savent à quel point, vue de l’extérieur, leur passion peut paraître complètement absurde. Mais ils sont capables de se payer des voyages transatlantiques seulement grâce aux profits générés par leur collection.

« Justement, c’est du concret, maintient Greg Lanctôt. C’est un athlète que tu vois évoluer. Ce n’est pas de la cryptomonnaie, des NFT ou des actions. Je ne suis pas excité quand je vois mes actions, mais quand j’ai la carte en main, c’est du réel. Mais c’est géré comme un portefeuille d’investissements. »

Antoine Carrier fait le même parallèle. Dans le monde des cartes, il y a du risque, des investissements et des cycles. Il suffit d’être aux aguets pour limiter les dégâts.

« Parfois tu paies plus cher, mais tu t’assures d’un bon rendement », explique Antoine Carrier en regardant ses camarades hocher la tête d’approbation.

Son aventure a commencé avec de « petites cartes » comme celles de Connor McDavid autographiées. Son premier budget était de 1000 $.

« Ça ne valait pas la tonne, mais tranquillement, mon investissement est monté à 10 000 $. Je me suis acheté une Future Watch d’[Alexander] Ovechkin et je l’ai échangée pour 15 000 $ de valeur. Le profit, je l’ai mis ailleurs et j’ai commencé à cibler mes [Carey] Price. Tu ne peux pas te lancer partout. Et il faut connaître ses finances aussi. Comme des investissements. »

Alex Ruest compare les cartes de hockey au poker. Dans les deux cas, le risque fait partie du jeu et une bonne partie de l’investissement repose sur le hasard. « Si tu arrives à ta soirée avec 300 $, il y a une possibilité que tu le perdes au complet ou que tu fasses du profit. Si j’achète une boîte à 250 $, ça va arriver que je n’aie aucun joueur. Mais j’ai eu du fun, j’ai pris un risque. »

De l’adrénaline

D’ailleurs, au-delà des profits, de leurs connaissances et de leur passion pour le sport, les trois collectionneurs se procurent des cartes surtout parce qu’ils sont à la recherche de l’extase et de l’adrénaline procurées par le fait de tomber sur une carte ayant le potentiel d’embellir leur collection.

Ce sentiment, quelque part entre la commotion et l’hystérie, est incompréhensible pour ceux et celles qui boudent leur plaisir.

« Quand ça arrive, tu es excité, c’est comme si tu avais gagné le jackpot ! C’est une chance exceptionnelle. Selon le marché, tu as une bonne idée que c’est une grosse carte, selon le joueur, la boîte, l’année de la boîte… », explique Alex Ruest, presque en état de grâce seulement en y pensant.

Ultimement, le plaisir prend sa source également dans la communauté.

Le petit monde des cartes sportives dans la Belle Province est en pleine ébullition. Ça passe par des groupes Facebook, des congrès, des rendez-vous en direct sur TikTok ou dans la cuisine entre amis à ouvrir des paquets de cartes un vendredi soir avec une pizza et des boissons froides.

C’est également pourquoi nos trois collectionneurs sont aussi impliqués. Car ils ont trouvé, d’une certaine manière, une nouvelle famille dont la majorité des membres sont aussi intenses, impliqués et enthousiastes qu’eux.

« Tout le monde trippe, s’exclame Alex Ruest. Tu rencontres du monde, tu crées des relations, ce sont des gens qui ne sont même pas dans le même domaine. C’est comme dans une chambre de hockey. Tu joues avec un policier, moi je suis représentant des ventes, l’autre est médecin, mais on a tous la même passion : pousser la puck dans le but et prendre une bière après la game. C’est la même affaire. »

Carte de rêve

Actuellement, l’athlète le plus recherché sur le marché mondial est le joueur de baseball Shohei Ohtani.

« Othani n’est pas achetable, souligne Lanctôt. Surtout avec sa nouvelle signature avec les Dodgers de Los Angeles, il s’en va dans un tétramarché ! »

Comme l’homme aux 700 millions de dollars fait l’unanimité, sa valeur est gigantesque. « Pour jouer dans les grosses ligues, il faut quasiment que tu sois millionnaire », explique Carrier.

PHOTO ORLANDO RAMIREZ, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Shohei Ohtani

Comme n’importe quel passionné, nos trois collectionneurs sont aussi des rêveurs.

« Ma carte de rêve est Lewis Hamilton autographiée », lance Greg Lanctôt sans réfléchir, lorsqu’on demande aux trois hommes pour quelle carte ils seraient prêts à faire des pieds et des mains pour l’obtenir. « La Topps Chrome Auto sur 65. Si tu me dis que je peux l’acquérir, je vends 80 % de ma collection pour aller la chercher, ça ne me dérange pas. »

Antoine Carrier, le chanceux, est déjà propriétaire de sa carte de rêve : « C’est la carte recrue Shield de Carey Price un sur un. Je pense que c’est la carte de Price qui vaut le plus cher. »

« L’as-tu ? Est-ce qu’on peut la voir ? », lui demande Alex Ruest, curieux et impressionné.

Pendant qu’Antoine Carrier la sort de sa mallette, Alex Ruest montre une carte recrue de Cale Makar. « J’ai échangé pour l’avoir. J’ai fait un million d’affaires et je l’ai finalement eue et je ne m’en débarrasse pas. Je la garde. »

Mais sa carte de rêve ? « Une The Cup de Makar. » Sa valeur sur le marché ? Près de 10 000 $.

Bienvenue dans le monde des cartes de collection.