Gary Bettman avait probablement envie de discuter de n’importe quoi, sauf du scandale touchant les cinq joueurs de l’équipe canadienne junior accusés d’agression sexuelle en 2018, lors de son adresse à la nation, vendredi après-midi, en marge du match des Étoiles, à Toronto. Comme le commissaire de la LNH s’y savait contraint, l’annonce d’une entente pour ramener les joueurs aux Jeux olympiques, signée quelques heures plus tôt, tombait à point pour lui.

Or, non seulement les joueurs de la Ligue nationale de hockey feront un retour aux Jeux olympiques de 2026, en Italie, et en 2030, après avoir fait l’impasse sur Pékin en 2022, mais la LNH mettra aussi sur pied en février 2025 un tournoi mettant aux prises quatre nations dans quatre villes canadiennes et américaines : le Canada, les États-Unis, la Suède et la Finlande, a annoncé le commissaire, accompagné de Marty Walsh, patron de l’Association des joueurs, et de Luc Tardif, président de la Fédération internationale de hockey.

« Nous savions à quel point la participation aux Jeux olympiques était importante pour les joueurs, a affirmé Gary Bettman. Notre collaboration pendant la pandémie a été tellement bonne, nous voulions le faire pour eux. »

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Le président de la Fédération internationale de hockey sur glace, Luc Tardif, le directeur général de l’Association des joueurs, Marty Walsh, et le commissaire de la LNH, Gary Bettman

Le tournoi des quatre nations servira d’avant-goût pour d’éventuelles Coupes du monde présentées tous les deux ans, en alternance avec les Jeux olympiques, disputées sur des patinoires de dimensions nord-américaines, comme lors des Jeux précédents.

Le temps nous manquait pour organiser une Coupe du monde en février 2025. Certains joueurs importants [Pastrnak, Draisaitl] n’y seront pas [car leurs nations ne seront pas représentées], mais compte tenu du court laps de temps, nous aimions mieux mettre sur pied une forme de compétition que rien du tout.

Gary Bettman, commissaire de la LNH

Des représentants des quatre pays en question, Connor McDavid (Canada), Auston Matthews (États-Unis), Sebastian Aho (Finlande) et Elias Pettersson (Suède), ont été invités à participer à la deuxième portion de la conférence de presse. Ils ont été succincts, mais McDavid, vedette des Oilers, a bien représenté l’état d’esprit des joueurs en affirmant qu’il s’agissait d’un rêve devenu réalité et que le hockey devait continuer à grandir en Europe.

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Connor McDavid, durant le traditionnel concours d’habileté, vendredi

Le match des Étoiles reviendra en 2026 et servira de rampe de lancement pour les Jeux olympiques.

La question russe est évidemment au cœur de ces nouveaux évènements. Le pays est toujours exclu des compétitions internationales à ce jour. Le président de la Fédération internationale, Luc Tardif, a annoncé une réunion au sommet à ce sujet la semaine prochaine. « On réévalue la situation chaque année. On espérait évidemment une meilleure situation géopolitique. On doit prendre une décision pour le Championnat du monde, à savoir si la réintégration de la Russie est sécuritaire, puis nous trancherons plus tard pour les Jeux olympiques. »

Le bras droit de Gary Bettman, Bill Daly, a rappelé que la réintégration de la Russie au tournoi des quatre nations, entre autres, ne constituait pas une bonne idée. « Nous avons déclaré de façon claire depuis le début que nous étions opposés à l’agression sur l’Ukraine, mais nous appuyons nos joueurs russes. Mais il ne s’agit pas du bon moment pour inclure une équipe de la Russie [dans les évènements en question]. »

Le scandale de l’équipe junior

La deuxième portion de ce point de presse de plus d’une heure, ouverte aux questions des journalistes, a surtout porté sur le scandale de l’équipe junior canadienne en 2018 et sur l’élargissement des cadres. Le commissaire a paru parfois agacé par les questions de journalistes sur les agressions sexuelles dont sont accusés cinq joueurs juniors canadiens, dont quatre de la LNH, par les autorités policières de London, en Ontario.

« Avons-nous une conversation intime, ou laissons-nous les autres poser des questions ? », a-t-il lancé à Robyn Doolittle du Globe and Mail, un peu trop insistante à son goût.

Essentiellement, Gary Bettman a confirmé, après avoir parlé plusieurs fois d’évènements déplorables et inacceptables, qu’il y avait eu une enquête externe de 12 mois lancée par la LNH à laquelle la présumée victime n’avait pas voulu participer, et qu’on laissait désormais la justice prendre le relais.

Les joueurs ont été libérés par leurs équipes respectives, ils ne sont plus sous contrat [à la fin de la saison], donc joueurs autonomes, ils ne joueront clairement pas durant le processus judiciaire. Nous ferons des commentaires en temps et lieu.

Gary Bettman, commissaire de la LNH

Gary Bettman a rappelé que les cinq joueurs en question n’avaient pas atteint la LNH au moment des faits, en 2018. « Ils ne jouaient pas dans la Ligue nationale quand c’est arrivé. Nous avons des politiques en place et des programmes de sensibilisation pour nos jeunes joueurs. Nous voulons donner l’exemple et collaborer avec tous les niveaux de hockey. Plus de 99,9 % joueurs de notre ligue se comportent bien. Ces évènements ne reflètent pas notre réalité. »

Il a toutefois admis que les joueurs étaient toujours payés depuis qu’ils avaient quitté leurs équipes respectives.

Des documents juridiques indiquent que Dillon Dube, Cal Foote, Alex Formenton, Carter Hart et Michael McLeod seront tous accusés d’agression sexuelle. L’affaire devrait être portée devant le tribunal lundi. Les documents précisent également que McLeod fera l’objet d’un chef d’accusation supplémentaire « pour sa participation à un acte criminel ». Ces accusations seront déposées en lien avec des allégations d’agression sexuelle qui ont été formulées par une personne qui est identifiée par les initiales « E. M. » le 19 juin 2018.

Rien de nouveau pour Québec

L’intérêt pour obtenir une équipe de la LNH n’a jamais été aussi grand, estime Gary Bettman. On en a parlé récemment à Houston, Atlanta, Cincinnati, Kansas City.

De plus en plus de villes veulent des équipes de la LNH. Nous avons même reçu un courriel d’Omaha, au Nebraska. Mais nous n’avons pas de plan pour l’instant. On sonde l’intérêt. L’Utah est sans doute le plus insistant.

Gary Bettman, commissaire de la LNH

Pourquoi songer à Atlanta, dont le club a déménagé à Winnipeg en 2011, après seulement dix ans d’existence ? « Nous n’avons pas annoncé leur retour, nous les écoutons. Si vous leur parliez, ils vous diraient sans doute qu’ils construiraient leur amphithéâtre dans une autre portion de la ville, comme l’équipe de baseball, qui a beaucoup de succès depuis son changement de stade. Mais je répète seulement ce que j’ai entendu… »

Et Québec, dont Gary Bettman n’avait pas cité le nom dans son allocution quelques instants plus tôt ? « Si on procède à un élargissement des cadres et que Québec se manifeste, nous revisiterons leur dossier. Mais aucun club mentionné n’a d’équipe en ce moment, que je sache. »

En vrac

Bettman a expliqué que Corey Perry avait un grief en attente – mais toujours pas déposé – contre les Blackhawks. Le joueur, qui s’est entendu avec les Oilers après son départ des Hawks, soutient que l’équipe n’avait pas de motif raisonnable de résilier le contrat. Selon la convention collective, il a 60 jours pour déposer le grief.

PHOTO PERRY NELSON FOURNIE PAR USA TODAY SPORTS, ARCHIVES REUTERS.CON

Corey Perry, le 27 janvier dernier

Marty Walsh n’est pas tendre envers les Coyotes. Aux médias sur place, le président du syndicat des joueurs s’est dit inquiet et déçu de la situation de l’aréna des Coyotes. Rappelons que le club de la LNH joue dans un aréna universitaire d’environ 5000 places et qu’aucun plan concret de nouvel aréna n’est sur la table. « Combien de temps vont-ils attendre avant d’avoir un domicile ? Ils jouent actuellement dans un aréna universitaire et ils sont les deuxièmes locataires. Ce n’est pas de cette façon que tu gères une entreprise », a critiqué Walsh, selon ce qu’a rapporté Chris Johnston. L’équipe a répondu qu’elle espérait pouvoir transmettre de bonnes nouvelles bientôt. Le commissaire dit aussi croire sur parole le propriétaire des Coyotes, Alex Meruelo, certain de pouvoir livrer un amphithéâtre neuf et standard prochainement.