Les retours de joueurs devant leurs anciens partisans génèrent toujours beaucoup d’émotions. On n’a qu’à se rappeler que le très stoïque Shea Weber a eu du mal à retenir ses larmes lors de son retour à Nashville, dans l’uniforme du Canadien.

Ça ne devrait pas être différent avec le retour de Jonathan Drouin à Montréal lundi soir, dans l’uniforme de l’Avalanche du Colorado.

Ce furent six années mouvementées, de son arrivée avec fracas dans une transaction majeure, à son implication auprès de la Fondation du CHUM, en passant par des blessures physiques et psychologiques qui l’ont forcé à s’éloigner de l’équipe plus souvent qu’il ne l’aurait souhaité.

On s’attend à ce que ces six ans soient encapsulés dans une vidéo qui sera présentée à l’écran géant pendant une pause publicitaire, ce qui est généralement le moment où le joueur en question passe par toute une gamme d’émotions.

« Je ne peux pas dire comment je vais vivre ça, a commenté Drouin, entouré de micros à son casier après l’entraînement matinal de l’Avalanche. Ça arrive sur le moment, tu ne le contrôles pas. Je ne sais pas si je serai émotif. J’ai adoré mes six ans ici, le soutien, j’ai beaucoup de partisans qui m’ont soutenu. Je les remercie pour ça. Il y a des moments, comme la première étoile [en 2019], qui étaient beaux. »

Car oui, malgré les moments plus difficiles, mais des partisans polarisés à son sujet, Drouin ne retient que le bon de son passage de 321 matchs à Montréal.

« Je l’ai dit : mes deux dernières années à Montréal, après mes deux blessures, j’ai retrouvé le plaisir de jouer au hockey, de m’amuser. Martin [St-Louis] m’a beaucoup aidé avec ça l’an passé, à laisser de côté ce que je ne contrôle pas et me concentrer sur mon équipe. Ici, c’était le fun de retrouver Nathan [MacKinnon], même [Artturi] Lehkonen. C’est le fun de retrouver une couple de gars que tu connais. »

Il en a aussi retrouvé dimanche soir, en allant souper avec quelques anciens coéquipiers du CH, notamment son bon ami Josh Anderson.

Des buts

PHOTO JEROME MIRON, ARCHIVES USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

De gauche à droite, on reconnaît Nathan MacKinnon (29), Mikko Rantanen (96), Jonathan Drouin (27), Valeri Nichushkin (13) et Devon Toews (7).

Drouin arrive le vent dans le dos, avec 16 points à ses 15 derniers matchs et un temps d’utilisation supérieur à 20 minutes dans les sept derniers matchs. Cette tendance devrait se poursuivre, car Valeri Nichushkin, qui joue près de 22 minutes par match cette saison, sera à l’écart de l’équipe pour au moins les prochaines semaines. Lundi, la LNH a annoncé qu’il était admis au sein du programme d’aide du circuit.

Cela dit, avec 24 points en 41 matchs, Drouin montre une moyenne de 0,59 point par match, ce qui n’est pas tellement supérieur à son rythme de 0,53 point par match à ses trois dernières années à Montréal. La grande différence, c’est qu’il a déjà inscrit 10 buts, soit autant qu’en 136 matchs lors de ces trois mêmes saisons, le résultat de poignets guéris et de coéquipiers plutôt bons pour l’alimenter.

Ou, dans ses propres mots, « c’est sûr que ça aide en jouant avec MacKinnon et [Mikko] Rantanen, tu ramasses des points en ne faisant pas grand-chose.

« Je prends mes tirs, je prends mes chances, je n’essaie pas de faire la passe d’extra, a décrit Drouin. Quand tu reçois des passes de Makar, de MacKinnon, tu as souvent une chance de marquer après, car ils te trouvent au bon moment. J’essaie de tirer quand c’est le temps. J’ai eu un super bon été, pas eu aucun problème. Ça a aidé. »

Drouin a indiqué qu’il était même « gêné » à son arrivée à Denver. « Tu arrives dans une place, tu veux montrer que tu es une bonne personne, faire la belle passe. Je suis rendu à juste jouer ma game, prendre mes décisions et vivre avec », a dit le numéro 27.

« Il est plus en santé qu’avant, a ajouté l’entraîneur-chef de l’Avalanche, Jared Bednar. Je voulais qu’il fasse confiance à ses habiletés, qu’il ne soit pas seulement un passeur, mais qu’il puisse aussi tirer et qu’il pense comme un marqueur quand la chance se présente.

« La tendance, quand tu joues avec Mac et Mikko, c’est de les laisser tirer. Mais souvent, ils font des jeux et c’est toi qui es démarqué pour tirer. Tu dois avoir assez confiance pour tirer si tu es celui qui doit tirer après une bonne passe. Il y a eu quelques cas au début, mais il a trouvé le juste milieu depuis. Il demeure un excellent passeur, mais il a marqué des buts parce qu’il est prêt à aller au filet et à tirer quand la chance se présente. »

Ses coéquipiers, eux, semblent bien enthousiastes. « Il est bon, très intelligent. Il pense d’abord à passer, donc quand il a la rondelle, tu dois être prêt en tout temps. Il peut te trouver facilement. C’est toujours plaisant de jouer avec de bons passeurs », a indiqué Mikko Rantanen.

Sa légendaire connaissance de la LNH est également déjà reconnue. « On dirait qu’il connaît tous les joueurs, quelle marque de patins ils utilisent et comment ils mettent du ruban adhésif sur leur bâton ! », a rigolé le Finlandais.

Il sera maintenant intéressant de voir la suite des choses. Drouin a signé un contrat d’un an à 825 000 dollars. Depuis le 1er janvier, il est donc admissible à une prolongation de contrat. Par contre, l’Avalanche a déjà près de 85 millions de dollars engagés pour la prochaine saison. S’ils peuvent trouver un terrain d’entente à prix raisonnable, on voit mal pourquoi le mariage ne se poursuivrait pas.